Zatokrev - The Bat, The Wheel And A Long Road To Nowhere

Chronique CD album (01:13:53)

chronique Zatokrev - The Bat, The Wheel And A Long Road To Nowhere

 

Certains signes ne trompent pas. Lorsqu'on est chroniqueur on se retrouve souvent avec une pile haute comme passe-partout de cds à critiquer.
 
Et mine de rien, passe-partout en cd, ça fait beaucoup.
Pourtant, ces dernières semaines, la pile stagnait un peu comme la croissance de Nicolas Sarkozy à l'âge de 11 ans : un seul cd retenait mon attention.
 
"The Bat, the Wheel and a Long Road to nowhere" ne quittait plus mes oreilles. Quelque chose clochait. Trop difficile à appréhender ? Un style trop méconnu pour moi ? De la fénéantise professionnelle pour mon occupation amateure favorite ?
 
Non, cet album est juste très très bon.
Né dans une solderie qui mélange dans le même bac coussin péteur / boucles d'oreilles fantaisie autocollantes et cds  de black-métal (eux-même mélangés à une série de best-of  invendus des Forbans), mon amour pour Zatokrev n'a pas encore connu de crise.
 
Il faut dire que les occasions de déceptions se font rares depuis le 1er album sorti en 2004 et elles ont toutes été positivement chroniquées sur Coreandco.fr (ici, et )
 
La Suisse déçoit plutôt rarement entre ces pages.
Fredy Rotten et sa bande signe d'ailleurs sa meilleure sortie. Malgré ses 76 minutes, ses morceaux de 10 minutes l'album ne subit que de très rares longueurs (tout comme "Bury the ashes").
 
Pour cela les bâlois y ont mis les formes : le son colle et se mute pour être en phase avec l'ambiance recherchée.
Cette adaptation est primordiale tant le groupe s'efforce de varier.
Des créations aux structures mouvantes tout en gardant une certaine cohérence sur 9 pistes : un difficile pari artistique...gagné.
 
"Goddamn lights" est tout ce que le groupe tente de faire par la suite : puissant, accrocheur, aérien, sombre, agressif...tortueux et torturé.
Le style de Zatokrev est par la suite tout aussi difficile à définir. Post-hardcore seraitt trop général.
 
Capable de mettre une ambiance doom ? Ou alors de pencher vers le sludge ? Le groupe a une certaine idée de la lourdeur, mais ce serait encore trop réducteur. On trouve néanmoins dans "Rodeo with snakes" ces deux étiquettes avec un riff très texan. Le groupe surprend  également par des breaks sur la piste la plus courte de l'album.
 
C'est sur "Medium" que la bête Zatokrev nait, détruit et meurt. Cette succession de cris, larsens et expressions bruitistes dans la 2e moitié du morceau trouve là une clôture superbe et puissante...et ferait passer le black-métal pour un genre à comptines.
 
Le vrombissement de la basse, jusqu'ici en relatif retrait se fait entendre sur "The wheel". Ce morceau charnière, à l'inverse de "9", gagne son intérêt sur sa 2e partie. On découvre, dans ces parties, l'importance croissante de la guitare "solo" (ce n'est pas du Hetfield non plus) dans Zatokrev.
Un choix réussi...parmi d'autres.
 
Les suisses s'évertuent à faire une musique capable de plaire aux fans de morceaux lents et d'autres plus enervés. Cette stratégie aventurière est présente sur chaque piste, pour autant, le groupe n'hésite pas à s'écarter de sa ligne conductrice pour durcir son ton (aider par un Rotten avec une voix haineuse dans une forme olympique).
On découvre ainsi sur "Feel the fire Part 1" : des harmonies enivrantes et dissonantes pour un crescendo final aussi prenant que ridicule comparé à la conclusion de : "Feel the fire Part 2".
Un slogan hurlé en boucle, repris en choeur, une fin aux allures black-métallique puissance 1000.
 
On aborde les deux derniers morceaux animés par le feu allumé par Zatokrev. "The bat" n'est d'ailleurs pas le plus surprenant. Il n'en demeure pas moins bon et varié malgré sa lenteur.
Mais le meilleur se gardant pour la fin, y compris de l'autre côté des Alpes, "Angels of cross" fait trembler les boyaux, le parlé des premières minutes rend l'auditeur méfiant avant que la bombe n'explose une dernière fois pendant 6 minutes.
 
Sans être le bijou de la décennie, "The Bat, the Wheel and a Long Road to Nowhere" n'a qu'un défaut : sa pochette plutôt...moyenne.
L'excitation des premières écoutes ne passe pas, d'autres albums ne balayent pas ce périple musical.
 
Cette longue chronique est trompeuse : après cet album on n'a pas envie de parler, on s'enferme dans un nouveau mutisme de 76 minutes qui accèlére le pouls, donne une furieuse envie de bouger, paralyse les zygomatiques et fait saigner des oreilles : bref un moment superbe.
photo de Tookie
le 21/09/2012

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