Morgoth - Ungod

Chronique CD album (54:42)

chronique Morgoth - Ungod

Avec Odium, leur ex-tout dernier album sorti en 1993, les allemands de Morgoth avaient apporté un peu de légèreté et de subtilité à leur Moiss’-Bat’ Death Metal lourd de la fesse, ceci en proposant quelques expérimentations dont le décalage était parfaitement en phase avec leur époque – les voisins de Pestilence sortant alors un Spheres intergalactique, Carcass optant pour les mélodies sucrées sur Heartwork, Entombed virant au Stoner Death’n’Roll sur Wolverine Blues, et Massacra s’apprêtant à virer sa cuti sur Sick… Et le résultat s’était ma foi révélé fort goûtu. Poussant la logique du « j’m’en fous j’refais toute la déco from scratch » jusqu’au bout, le groupe avait ensuite commis un Feel Sorry For The Fanatics effectuant un virage Indus Rock fatal, le bolide allemand payant son audace par quelques méchants tonneaux dans les graviers d'une indifférence polie…

 

Fatal, le virage?

 

Non bien sûr. Déjà parce que l’on vous cause ici du nouvel album – pas posthume, non non – du Goth qui n’est donc par si Mort que ça. Parce qu'un manche, ça se redresse. Et enfin parce que la vague des reformations qui touche un peu toutes les chapelles – et pas uniquement le petit univers du Death old school – ne pouvait pas laisser sur le carreau ce patriarche du Death européen des 90s. Ainsi, après une reformation qui aura initialement servi à fêter sur les planches les 20 ans de Cursed (...définitivement l’un des moments forts du Hellfest 2011!), nos voisins d’Outre-Rhin ont réalisé que, tout compte fait, c’est quand même cool d’arpenter de grandes scènes devant des fans en ébullition. Du coup, malgré la défection du vocaliste originel Marc Grewe fin 2014 – remplacé par le frontman de Disbelief Karsten Jäger –, ce qui devait arriver arriva: le groupe s'est attelé à la composition d’un 4e opus, Ungod, chroniqué dans ces augustes colonnes, sous vos applaudissements…

 

** Générique de Dimanche Martin **

 

Bon alors, bien que l’intro du présent article ait surtout souligné le très bon niveau d’Odium, la vérité c’est que celui-ci a fait grincer quelques dents à l’époque. Et de fait, le classique du groupe, celui qui fait vraiment l’unanimité, c’est plutôt Cursed. Ce qui explique que le nouvel opus, s’il se situe très opportunément sur le segment reliant les 2 albums majeurs des allemands, reste plus proche de la pesanteur sombre et des froides mélodies de leur plus grand succès que des géoTrouvetouteries du suivant. Basé essentiellement sur des slow/mid tempos, Ungod est un album de Death « fond de cour » qui monte rarement au filet pour nous coller un grand smash dans les dents. Pour en rester aux remarques objectives, on dira que cet album se situe dans la droite lignée de ce que la majorité des fans pouvaient attendre, et que le travail est fait avec application et expertise. Le riffing est lourd et puissant, et les leads épiques lancés depuis le fin fond de l’espace sonore viennent efficacement nous faire frémir la couenne. Autre observation objective: les growls rauques de l’ami Karsten pénètrent nos cavités auriculaires sans en égratigner les entournures, ceux-ci restant dans la lignée de ceux de son prédécesseur, avec – néanmoins – quelques nuances piochées à ma gauche dans un mélange Mameli / Van Drunen très « pestilentiel », ainsi qu'à ma droite dans le registre C. Schuldinerien. D’ailleurs l’ensemble du groupe semble suivre M. Jäger dans cette voi[x/e], de nombreux morceaux portant le sceau caractéristique « Death », celui de l’époque Spiritual Healing, quand les dieux floridiens s'extrayaient de la rugosité de leurs débuts sans avoir encore acquis le lustre scintillant de leur maturité (cf. « God is Evil », un « Black Enemy » qui hésite entre « Sold Baptism » et « Lack of Comprehension », ou encore « Descent Into Hell »…).

 

Le problème c’est que pour décoller et vraiment convaincre, le lourd attirail de Morgoth nécessite une flamme, une énergie, une magie qui n’est plus vraiment d'actualité chez eux. Du coup, le temps semble parfois un petit peu long sur le mollasson « Snakestate », sur le convenu « Nemesis », ou sur un « Prison In Flesh » à l’encéphalogramme relativement plat. Pourtant le groupe tente d’épicer ses compos avec quelques éléments moins plan-plan, comme cette rythmique « à à-coups » sur « Voice of Slumber », ou comme cette dynamique saccadée presque "modern" sur le bonus « Die As Deceiver ». Mais cela ne suffit pas. Et au final seuls 3 titres surnagent véritablement sur ce disque « demi-molle »: les 2 instrumentaux... Et une cover! « Ungod », long, écrasant et épique, s’impose comme le « The Call of Ktulu » du groupe. Plus dark, plus doom, plus atmosphérique et toujours aussi épique, « The Dark Sleep » est une autre vraie bonne pioche. Enfin, si vous optez pour la version digipack de l’album, vous pourrez entendre « Battalions of Strangers », reprise d’un titre de Fischer-Z (?) qui s’avère mélodique, accrocheuse et toujours aussi épique (un peu à la Unleashed tiens, si si), et qui – miracle! – redonnerait presque envie de se repasser l’album.

 

Ungod saura donc rassasier les fans old school qu’Odium avait caressé dans le sens inverse du poil, pour peu que ceux-ci ne soient pas trop regardants quant à la finesse de la popotte qui leur est servie. Par contre, s’il entretient la flamme, ce 4e opus ne réussit pas à faire rejaillir le feu de l’ancien volcan. Tout juste réussit-il à lui faire tousser quelques nuages de fumée ainsi que quelques coulées de lave éparses qui donnent envie de se replonger dans les 2 premiers albums. Bref: on ne parle pas ici d’une cata’ à la Obsideo, ni d’une méchante déception, mais d’un retour plus poussif que ce que l’on aurait espéré. Surgical Steel nous a même bottés un poil plus fort, c’est dire…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Ungod signe le grand retour de Morgoth, groupe qui avait marqué les esprits dans les 90s avec ses 2 premiers albums, Cursed et Odium. Sauf que ce retour n’est pas si « grand » que ça. Un peu mollasson, un peu trop Schuldinerien, manquant du génie et du feu sans lesquels la musique ne reste qu’un agréable passe-temps sans grande envergure, ce 4e opus n’est pas non plus une grosse déception (les 2 instrumentaux se défendent plutôt bien, ainsi que quelques passages de-ci de-là), mais il faut être honnête: il bande un peu mou…

photo de Cglaume
le 20/08/2015

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