HELLFEST 2020 - Samedi 20 juin

HELLFEST 2020 Samedi 20 juin (dossier)
 

 

Disclose : derrière la Warzone, 14:48


Avant-propos
Je réalise ce report de concert sous couverture, étant censé être en arrêt maladie pour pouvoir me rendre, cette année, dans ce Grand Temple de la musique de Satan (je bosse en école catho).
Merci de ne pas ébruiter ma fraude à la Sécu et à mon chef d'établissement.

C'est donc déguisé en vrai Métalleux que je me rends à Clisson en priant Sainte Marie Madeleine de ne pas croiser un de mes compères de COREandCO pour ne pas griller ma couverture.
Peine perdue, à peine arrivé sur le site, je croise Cglaume, qui, me prenant pour le chanteur de Saxon (son jardin secret), décide de me payer une rousse (une bière quoi). Il fronce poliment le nez en constatant le fumet nauséabond qui s’échappe de ma personne suite à ma grève de douche depuis 3 semaines. Ce détail prendra toute son importance par la suite. 
Je fausse rapidement compagnie à notre Lapin préféré, en baragouinant dans un anglais approximatif que mon tailleur et riche et filoche rapidos pour me rendre à la Warzone. Ou plus exactement derrière la Warzone.
En réalité mon travestissement se trouve être une combine journalistique que seuls les grands reporters de guerre adoptent. Il se trouve ainsi en parfaite adéquation avec la nouvelle initiative secrète de Ben Barbeau oups... Barbaud : celle de créer une scène parallèle vraiment dédiée à l'underground où le public serait trié sur le volet, à la volée.
Ainsi est née la Crust Plaza qui, vue de l'extérieur, prend les atours d'un local à poubelle sponsorisé par Monsato.
Je me débarrasse de mon déguisement so british pour me faufiler jusqu'aux videurs de l'entrée. Il tienne chacun en laisse un petit clébard pelé et galeux qui renifle chaque membre du public. 
Ce sera le Stench Test, que je réussis avec brio pour m'entasser, avec une centaine de privilégiés au parfum peu ragoutant, devant une simple étendue de terre battue.
Nous allons, en effet, assister à un événement : le premier concert de DISCLOSE depuis 13 ans ! 

Oui car, en 2007, Kawakami, leader charismatique de cette formation légendaire de Crust japonais, décida de changer totalement de vie pour se lancer dans le cosplay et devenir le sosie officiel de Naruto. Le groupe splitta alors, fatalement.
A 14h48 précises, donc, la légende du Pays du Soleil Levant surgit sur la non-scène avec son ancien accoutrement de Punk, mais ayant manifestement effacé, au laser, ses tatouages les plus visibles. Il est accompagné de deux nouveaux complices, Tsathoggua et Fukushima, respectivement à la basse et à la batterie.
Avec un larsen monstrueux et particulièrement bien effectué techniquement parlant, Disclose balance alors un de leur 78 morceaux cultes, « Tragedy », tiré du Lp du même nom (1994) et ayant donné son nom au groupe de South Crust des frères Todd et Paul Burdette (désormais engagés en politique dans le Parti républicain). Joie !
A peine le temps de se faire vomir dessus par une sorte de lépreux unijambiste lançant ses doigts dans le pogo que le combo enchaîne les 8 titres du Ep The Sound Of Disaster (2003), soit environ 3 minutes 04 de furie saturée.
Les Japonais jouent visiblement avec un réel plaisir ce soir et Kawakami balance les bouteilles de Champomi (Naruto oblige) au premier (et seul) rang. 
Je repousse une vieille punk édentée me proposant de vivre avec elle dans sa villa sur les hauteurs de St Trop' et les dieux Disclose entament « Sita Stride », en Suédois svp, issu du Great Swedish Feast (1995) : je suis transporté. 

Disclose achève ensuite sa prestation fiévreuse et fleuve de 12 minutes et 36 secondes avec le mondialement connu « Just Another War System » tiré du split avec World Burns To Death (2004).
Merci à Monsieur Barbaud pour avoir organisé ce moment unique ! Vraiment !
Maintenant,  je vais pouvoir aller me laver les fesses.

NB : Kawakami, fondateur, chanteur et guitariste de Disclose, est décédé en 2007 d'une overdose d'alcool et de médicaments, sonnant le glas de son groupe. Il restera ainsi, à tout jamais, un symbole de Punkitude et de non compromission mercantile. RIP

-- Le Père La Chaise, aka Crom-Cruach --

 

 

Grind Granny's Peppers : Main Stage 1, 15:00   

 

"Hellfest 2020 ou l'Hiver de tous les possibles"

Voici de nombreuses années que les festivals de tous horizons proposent de l'inattendu, ou franchement du décalé par rapport à leurs programmations initiales.
On se souviendra dans les années 90 d'un Rémi Bricka ou d'un Patrick Juvet au Dour Festival par exemple. Le Hellfest n'est pas en reste avec de vrais fans de kitscherie comme Ultra Vomit, qui a eu la part belle les éditions précédentes. On se rappelle également de la venue de Henri Dès en mood heavy à l'édition 2019 du Motocultor... Celle-ci a manifestement donné des idées à Ben Barbaud et sa team.
 

En ce riant samedi après-midi, à l'heure du thé et des tartelettes, la scène principale accueille pour une grosse demi-heure un mystérieux super groupe...
Le line-up, divulgué sur les réseaux sociaux au petit matin, laisse présager le meilleur puisque l'on annonce :

Grind Granny's Peppers - (3PM)
Backing band

  • Michel V - Drums and #Fab S - Vocals from Revok
  • Lionel Fahy - Guitars from Granit 665 (ex Portobello Bones)
  • Olivier Moulin - Synths and samples from The Mars Model
  • Matt aka Jim from La Jungle – bass


L'annonce est sous-titrée « Celebrate 9 decades », serait-ce un clin d'oeil au Nine Lives d'Aerosmith ?

15 heures tapantes, place au combo franco-belge.

Dès les premières mesures de « Dirt », on pense à un hommage aux Stooges qui célèbrent en août prochain les 50 ans de leur terrible Fun House... Et voilà que débarque sur scène un sémillant Hugues Aufray, chemise ouverte sur un torse bronzé et toujours musclé... La voix éraillée et tremblante d'émotion, il entonne « Dis moi, Céline » à l'unisson d'un public abasourdi. Le rythme est lent et lourd pour bien marquer les mesures. Jim, étonnement calme, conduit la ligne de basse de « Dirt » avec maestria et le mashup fonctionne à merveille, Fab éructant quant à lui quelques growls de bon aloi.

Les dernières notes posées, Hugues Aufray salue le public le poing fermé, l'index levé vers le ciel, le synthé égrène les notes d'« I'm afraid of Americans » de Bowie, en pur mode Metal-Indus, et l'on mesure la puissance de ce backing band de luxe. À l'aube des élections américaines, le message passe plutôt bien.
C'est rien moins que Juliette Gréco qui vient s'asseoir sur un tabouret pour entonner « La Javanaise »: l'émotion est au rendez-vous, la plaine vie dans un calme religieux. Le groupe assure toujours. Madame Gréco se retire aussi discrètement qu'elle est arrivée, accompagnée par Michel qui a quitté sa batterie pour raccompagner la Grande Dame de la Chanson Française sous des applaudissements nourris.

Un tonitruant « Hellfest, ça va ? » retentit et c'est Annie Cordy qui apparaît sur scène. « J'ai pensé que cette vieille chanson était de circonstances, et quand je vois vos sourires et votre étonnement, je pense ne pas m'être trompée » démarre-t-elle. « Vous savez, nous ne sommes plus qu'une poignée et on a tous plus que Nonante ans... heu quatre-vingt dix ». Le groupe entonne le refrain de « Pince moi, j'hallucine » (y'a de l'Halloween dans l'air), le ska Two Tones initial se mue en hymne Punk à roulettes du meilleur effet... En 1 minute 30, c'est envoyé. « Celebrate 9 decades » qu'ils disaient !

Au tour de Marcel Amont, qui prend le temps d'embrasser fougueusement la Baronne avant de prendre place sur scène. « Ah, Quelle Chance ! C'est aujourd'hui dimanche » annonce-t-il et la ritournelle de ce morceau presque cinquantenaire de son répertoire emballe la plaine... studieuse. L'atmosphère est détendue, le moment unique.

Sur scène, ça bouge et notre inénarrable El Gep prend place à la guitare, à la place d'un Lionel visiblement ravi de son après-midi, tandis que j'ai l'immense privilège de brancher ma basse sur l'ampli bouillant de Matt. C'est qu'après toutes ces années où votre webzine préféré défend becs et ongles l'univers génial du Hellfest (avec des reports publiés à l'automne pour bien vous conserver dans le bain d'une année à l'autre), nous sommes 2 à pouvoir prendre place sur scène (et dire que je n'y ai jamais mis les pieds avant...)
Bon, disons-le: le copinage, ça a du bon, même si c'est injuste. On a juste dit « Ok pour 1 morceau ».
Hugues Aufray revient sur scène... impressionnant bonhomme quand même! Ce sera en anglais, ce sera une reprise de Dylan forcément. Le Gep et moi on s'accorde, le synthé grésille, merde je dois commencer... ça y'est ! Et rebondit sur la plaine la ligne de basse de « Lay lady lay » (en mode Ministry, évidemment)...

-- Eric D-Toorop --

 

 

Steel Panther : Main Stage 2, 19:45

Rendus sur les lieux juste à temps pour assister au concert de Steel Panther, il nous fut malheureusement impossible d'apercevoir quoi que ce soit de ce qui se passait sur scène, le champ visuel étant uniformément bouché par un mur compact de nichons fièrement exhibés. On est à Clisson ou bien à Loches, dites ? Tentant de nous frayer un chemin jusqu'aux premiers rangs à travers cette publicité géante pour les produits laitiers, nous dûment bientôt battre en retraite tant nos tentatives furent toutes repoussées par des vagues ininterrompues de silicone et de chairs naturelles et frémissantes. On n'avait jusqu'ici jamais autant eu besoin de votre soutien, Georges ! Pour assister aux performances scéniques de cette panthère particulièrement rose, la prochaine fois c'est dit : on prendra nos précautions en nous munissant d'une combinaison pare-boobs intégrale ainsi que d'un nécessaire à mammographie complet. 

-- Cglaume --

 

 

Sepultura : Altar, 01:00

 

De l’autre côté de la barrière du festif, la rumeur circulait... J’avais bien réussi à capter deux ou trois bribes du leader de la sepulcrew, mais bon: entre mon audition calamiteuse et les rumeurs, j’étais en mode "z’ont trop picolé".

Sauf que putain, dans un escalier, il y avait un musicien en mode DJ qui proposait un set electro basé sur des téléphones nokia à un dance floor grand comme un palier d’escalier. Distanciation sociale et misanthropie aidant, je fis un détour, mais je tombai jupe à treillis déchirée sur un vieil hippie genre rasta keupon et dreads sales avec un maillot de Neymar du PSG. Et il me semble avoir compris qu’il cherchait son DJ de frère pour un combat de catch, enfin d’après mon anglais aussi calamiteux que mon audition.


J’arrive enfin dans les backstages, je tape la bise à Andréas (j’ai le droit, les dieux du rock nous protègent), je fais une blague à mon vieux pote Paulo en planquant ses lunettes de lecture, je déplie l’escabeau pour la bise avec Predator (dieux du rock, tout ça), pendant que le jeune Eloy essaie de soulever ma jupe avec une de ses baguettes. J’vous jure ces milléniums... Bon après j’m’en fous, on se connaît suffisamment pour savoir que ce n’est pas une agression. D’ailleurs, anecdote showbiz, mais gardez ça pour vous: lors de leur précédente tournée il a cru me reconnaître sauf qu’il a fini dans une position aussi douloureuse qu’inhabituelle, du coup concert annulé ! Je vous raconte pas comment Derrick se fout de sa gueule avec cette histoire.


Le concert commence, sur mes conseils ils ont décidé d’épurer les morceaux de Quadra, ça déroule un « Capital enslavement » en mode intro au berimbo de l’enfer pour se mettre en jambes, suivi d’un « Escape To The Void » en mode anthropophage de l’enfer sans solo ni fioritures. Pour faire retomber la pression le groupe enchaîne sur un « Arise » aussi moite que mammouthesque ( ils ne voulaient pas me croire que ça allait bien rendre, sans le côté nerveux du morceau). Et c’est à ce moment là que les choses ont commencé à dégénérer : deux catcheurs sont montés sur scène en même temps que « Les Tambours Du Bronx », invités pour jouer sur « We Lost You » et « Territory ».


C’est à ce moment là que tout fût clair ; sous ces calaveras c’était les Cavalera qui cherchaient la bagarre. Pendant qu’ils défiaient leur concurrents du top 50, Predator et moi évacuons la pépite Casagrande à l’abri dans la loge protégée par le sepulcrew, mis à mal par la soultribe, mais vainqueurs grâce à la tactique de la tenaille où ma décision de scinder mes hommes (1/3 pour attaquer sur leur aile droite et 2/3 sur la gauche) fut brillante (j’ai aussi une casquette de haut gradé chef décisionnel, au sein de la sepularmy). Après avoir confié les blessés à une infirmière-mécanicienne-radiologue-doctrice-nobelisée prête à aller au front, je fais le chemin inverse pour découvrir un ring de catch opposant les Cavalera sous les calavera à Paulo et Andréas qui ne comprenaient pas ce qu’il leur arrivait.
Bientôt rejoints par Prédator, c’est là que la statue de Lemmy tapa du poing sur la scène, tandis que l’autre attrapait une bouteille de sky. Et sa sentence fut sans appel : il condamna les frangins Cavalera à vivre éternellement sur leur gloire passée, et demanda à Sepultura d’auditionner un guitariste rythmique.

Après tout ce bordel, je suis allé faire la bagarre avec Cromy pour savoir si la Limonade était plus forte (évidemment) que la bière.

-- Sepulturastaman --

photo de Pidji
le 07/09/2020

1 COMMENTAIRE

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 07/09/2020 à 17:28:09

Bagarre !!!!!!!!!!!!!!

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