HELLFEST 2020 - Dimanche 21 juin

HELLFEST 2020 Dimanche 21 juin (dossier)
 

 

Kontrust : Main Stage 1, 11:30

Autant il faut reconnaître que Ben Barbaud et sa Hellteam savent faire preuve de bon goût quand il s'agit de faire rimer éclectisme et Metal cred', autant c'est le Download qui, dès 2017, a compris le premier que pour ajouter un peu de piment et de party spirit à une affiche Metal, peu de groupes peuvent égaler Kontrust. Parce qu'inviter Skindred une 48e fois ça fait toujours plaisir, mais c'est avoir les idées un peu courtes à force. Inutile de dire que l'on était donc chaud-bouillant devant la Main Stage pour accueillir Agata, Stefan et leurs compères afin de jouer un nouvel épisode de « Frantic Toons in Ibiza » dans la fosse clissonnaise. Après une bonne minute à chauffer l'assistance en laissant les enceintes diffuser des Yodleïïïï !! germano-alpins modulés sur fond d'accordéon, de bêlements de chèvre et de méchante double pédale, les Autrichiens débarquent sur scène en tenues bavaroises tradi', jumpant et headbanguant comme des Fraggle Rocks déchaînés sur un « Hey DJ ! » s'avérant aussi lourd que sexy, aussi funky que métalliquement fédérateur. Tendu et transpirant comme une ficelle de string brésilien, le set du groupe égraine ensuite de ces tubes imparables qui interloquent un public d'abord incrédule, puis rapidement conquis. « Sock'n'Doll » et ses chaussantes chantantes, « Dance » et son appel au remuage de boule musclé, « Raise Me Up » et sa marche vers d'accrocheurs horizons, tout se déroulait pour le mieux dans le meilleur des fest' jusqu'à l'arrivée du tubissime « The Butterfly Defect ». Les bras s'agitaient unanimement dans les airs, Margoth en était à sa 7e séance de crowd surfing... Quand soudain le set fut interrompu par une brutale coupure de courant. Et le concert de se voir stoppé jusqu'à son terme, les techniciens ne réussissant pas à rétablir l'électricité suffisamment vite pour permettre au groupe d'interpréter un dernier titre. Renseignements pris après coup auprès du staff, il s'agirait ni plus ni moins d'un sabotage. Quand certains pensaient initialement que celui-ci aurait pu être le fait d'une mafia anti-Nawak prônant la purification du monde par l'écoute intensive des discographies de Manowar et Darkthrone, des sources concordantes ont par la suite plutôt accusé l'entourage proche d'un Bernie Bonvoisin qui, perdant autant en audition qu'en capacités cognitives, aurait mal supporté que le nom de son groupe soit ainsi traîné dans la boue... Con Trust ? Oui, manifestement...

-- Cglaume --

 

 

Dying Fetus : Altar, 18:10


Après un set de Misery Index aussi correct que passable, voilà le public de l'Altar chaud patate pour se faire déglinguer la frite par le trio de Maryland. Il faut dire que lorsque tu as Dying Fetus comme plat principal d'une soirée death, Misery Index constitue le parfait bol de cacahuètes pour l'apéro.
Le public se disperse quelque peu le temps du changement de groupe, l'occasion sûrement d'aller se chercher une bon demi bien tiède à 18 € (dont 66% seront reversés à l'avocat dans le procès déjà fleuve "Manowar Vs Hellfest"). Pour ma part, comme le temps clissonnais est à la canicule, je préfère profiter de la tiédeur moite et rassurante qui règne suite au passage de Misery Index.
C'est là que je vois débarquer un drôle d'attroupement, deux hommes et une femme. Trois...metalleux... A vrai dire, je ne suis pas certain. On dirait plutôt des gens déguisés en metalleux. Vestes à patch, certes, mais dont les logos d'Iron Maiden et autres Metallica auraient été remplacés par ceux utilisé par votre maman pour rapiécer votre survêtement préféré: un Spiderman sur une manche, une tortue ninja sur la poche, un train coloré qui sourit benoîtement sur un coude. Les pantalons sont certes en cuir, mais à pinces! Un pantalon en cuir à pinces, bordel, je ne savais même pas que cela existait et pourtant je regarde Arte et j'écoute France Culture. Ajoutez à cela des cheveux filasses, trop filasses pour être autre chose que de vulgaires perruques achetées chez "Tout pour la fête". Ce drôle de group..uscule est mené par une gotho-girl dont la cellulite a débuté une symbiose fusionnelle avec ses bas-résilles qui saucissonnent des jambes Paul Predaut. Derrière une perruque rose un peu de traviole, il y a ce visage contrit, austère, fermé, qui n'est pas sans me rappeler quelqu'un mais impossible de savoir qui. J'observe ce petit monde qui semble se presser devant la scène de façon quasi-militaire. Un espèce de grand échalas, la version hardcoreux de Jean-Baptiste Du Schmoll, chef scout dans le Poitou, sort alors de son perfecto Naf-Naf décidemment trop court une série de piquets de bois. Son acolyte, du style Mireille Matthieu version soirée cuir à la Fistinière, sort d'une de ses bottes en cuir Dorotennis des rouleaux de papiers. Le groupe s'affaire et semble constituer des pancartes à même le sol. C'est alors que la gotho-girl se penche pour s'atteler elle aussi à la tâche, et là, s'échappe de son décolleté aussi fripé que giron un généreux crucifix. A côté de cet énorme signe religieux, un médaillon avec un photo que j'identifie tout de suite grâce à mes yeux de lynx (et aussi grâce au zoom téléscopique de l'appareil photo généreusement prêté par la rédaction). Sans déconner? Je n'y crois pas. C'est lui, c'est le cousin, c'est Louis Boutin. Et la gotho-girl en question qui me rappelait quelqu'une est donc la femme cousine, l'ex-ministre du logement, la hantise des organisateurs de festivals de musiques sataniques, le sujet préféré du petit journal, la seule, l'unique: Christine Boutin. Je me délecte quelques instants de la voir dans son accoutrement soi-disant "metal". C'est qu'elle serait presque sexy la titine! Mais bon, je me reprends. Faut pas déconner: je fais plutôt dans la citadine, je me sens pas l'âme agricole, et je suis pas du style à tenter de motoculter une terre laissée trop longtemps en jachère et plus sèche que le sahel.
Je me rapproche pour voir le contenu des affichettes préparées minutieusement par son groupe et découvre avec stupeur quelques uns de leurs messages tous criants de stupidité:
"No Dying Fetus, all lives matters (except unwhite and queers)", "From Womb to Waste Is Not The Best" (ils sont cons ou quoi, il démonte ce titre), "Trump President", "I like Poutine but not Canadians", "Death Metal = IVG Musicale". Il est en train de se tramer quelque chose, c'est certain.
Le groupe rentre sur scène. Par Saint-Necrophagist, pendant le confinement, John Callager s'est laissé poussé les cheveux et Sean Beasley la moustache. Spécial, mais on oublie vite ce détail physique quand le groupe entame son set avec le célèbre "Kill your Mother & Rape Your Dog". En regard du trio américain, sur le devant de la scène, le trio bien français mené par Christine agite ses pancartes et crie quelque chose que je doute être les paroles poétiques de ce titre bien connu. Sur scène, le groupe n'a rien vu et la sécurité, habituée aux facéties de festivaliers, n'en a rien à carrer. Le groupe enchaîne avec "In the Trenches". C'est à ce moment que Jean-Michel Barrique, fan absolu de Dying Fetus, décide de monter sur scène, porté par le courage de la "bière de trop" et une carrure de mangeur de footballeur américain. Un beau bébé, 2 mètre de haut, la moitié de large, tout en muscle et en gras, nourri au sirop de glucose et à la bière, un règne animal à lui tout seul.
C'est sur le deuxième refrain qu'il se décida à faire un stage diving dans les règles de l'art. Sa masse imposante s'éleva dans les airs, gracieusement et en direction du groupe de Christine qui brandissait plus haut que jamais ses pancartes. Malheureusement, l'habit ne fait pas le moine et il n'y avait pas dû y avoir d'articles dans Pelerin Magazine intitulé "Le Slam, retour sur une pratique ancestrale". Nourris d'hosties plus que de Kebab-Salade-Tomate-Oignons, nos trois révolutionnaires passéistes n'avaient clairement pas la carrure pour accueillir Jean-Michel. Celui-ci s'écrasa donc lourdement sur eux dans un bruit sourd et mat suivi de craquements qui furent bizarrement plus fort que le son de façade. La sécurité assista avec surprise à cette hostile compression et fit stopper le show. Quand Jean-Michel s'extirpa le spectacle, qui n'était plus sur scène, n'était pas beau à voir. L'un des deux metalleux du dimanche avait découvert le plaisir subtil de pouvoir embrasser son orteil gauche, son compère était dans un état tout aussi pitoyable, quasi-vaporisé par l'impact. Quant à Christine, avachie sur une barrière de sécurité, elle était tuméfiée et ressemblait désormais plus à Roselyne Bachelot, sa perruque rose était descendue au niveau de son visage et lui faisait un barbe punky à la Conchita Wurst. Plus notable, sa tête était passée au travers d'une de ses pancartes. Le "No Dying Fetus", taché de sang et froissé par l'incident, s'était transformé en un "Dumb Feces" (que le latiniste anglophone aurait vite fait de traduire en "Stupide Caca") dont le C faisait un collier du plus bel effet. Jean-Michel, secoué par son exploit semi-raté et gorgé des litres de bières absorbés depuis 2 jours, eut un violent haut le cœur et rendit tripes sur le trio blessé qui fût aspergé généreusement de plusieurs litres de bière dans lesquels flottaient quelques reliquats de merguez ("cela donnera du croquant" comme m'a confié Cyril Lignac qui était à côté de moi dans le public). L'odeur, l'acidité et l'aspect nauséabond de ce dernier repas partagé avec (ou plutôt sur) nos trois faux-metalleux constitua un cordon de sécurité naturel. Les gars de la sécu parurent rassurés, haussèrent les épaules avec cette désinvolture qu'on leur connaît, satisfaits d'avoir réglé le problème en ne rien faisant. John Callager lanca : "J'ai l'impression qu'il y avait une menace dans la salle, elle a été éliminée comme on élimine une menace dans un concert de death/grind. On y retourne?", les premières notes de "From Womb to Waste" se firent entendre. Il m'a semblé voir Christine remuer la tête en rythme mais c'était peut-être de simples spasmes post-traumatiques. Le reste du concert fût excellent, car comme toujours, Dying Fetus sur scène, cela vous marque à vie.

-- 8oris --

 

 

Down : Valley / Altar, 19:15 / 20:45

 

On connaît bien le fétichisme des organisateurs du Hellfest pour inviter des groupes aussi fédérateurs que Down, et ce à chaque édition dudit Festival. On n'est donc pas étonné, cette année encore, de voir que Down est à nouveau à l’affiche... mais il jouera pour la première fois sur les 6 scènes qui composent le Fest ! Selon les dires de Ben Barbaud avec qui j’ai pu avoir un entretien exclusif : « L’idée est assez déconnante pour être vraie mais franchement c’est super de pouvoir réunir la grande famille du Metal autour d’un groupe comme Down. Tout le monde s’y retrouvera, notre philosophie n’étant pas de faire dans le clivage mais surtout de créer autour de l’événement Hellfest une communauté de fans toujours plus diffuse. L’idée était aussi, je ne vous le cache pas, de proposer à Phil Anselmo la possibilité de faire un Mea Culpa d’envergure et qui ait d’la gueule. C’est chose faite, on est ravi pour lui. Les doutes sont enfin levés sur l’appartenance de Phil à la mouvance suprémaciste blanche ! On dit merci Qui ?? D’ailleurs pour nous remercier et nous rassurer pour de bon, Philou nous a acheté toute la cuvée 2020 de Muscadet. C’est dire comme il a cheminé depuis « L’affaire du pied d’vigne » ».

 

L’interview terminée avec Ben, je me dirige vers le quatrième concert que donne Down. Concert se déroulant sous la Valley, cet endroit où se retrouvent généralement les festivaliers.ères se cherchant encore une culture Metal propre. Les gens ont l’air hyper enthousiastes, j’engage la conversation avec le sympathique couple qui se trouve à ma gauche. Ils me disent qu’ils assisteront aux 6 concerts que donnera le groupe ce week-end. Eh oui, on ne le répète jamais assez mais Metal rime très souvent avec purisme.

 

Les lumières baissent en intensité, on y est enfin ! Le public a rendez-vous pour la quatrième fois avec l’Histoire. C’est une bouteille de vin blanc Muscadet à la main et arborant fièrement un t-shirt Black Lives Matter aux couleurs du mouvement LGBT que Phil Anselmo fait son entrée sur scène. Pour nous chauffer un peu, Phil propose un jeu de questions/réponses. Il lance avec sa voix de tâcheron un premier : WINE !!! et nous demande de lui renvoyer un Fuckin...  POWER !!! Le public du Hellfest, très sensible aux vertus éthyliques, joue le jeu à fond et s’identifie pleinement à ce frontman très bon public. C’est le litron de Muscadet brandi ostensiblement et la larmichette au coin de l’œil que Phil nous demande de clamer pour la dernière fois (j’en ai compté 143) cette devise salutaire et fédératrice. L’ambiance est devenue complètement dingue lorsque le groupe entame l’intro de « I Me Wine », titre à la chaleur Sludgy et au groove imparable. Morceau hommage à George Harrison qui figure sur le dernier single du groupe Wine is Me : So I’m Sorry sorti en mai dernier. Grosse prestation du combo pour leur quatrième concert du week-end. Un live qui se conclut sur un cœur avec les doigts de Phil. J’entends déjà dans les files interminables qui se forment pour sortir de la Valley pas mal d’impressions à chaud :


« Concert du week-End !! Juste devant celui d’Europe… »
« Putain ce WINE POWER !!! en mode sing along: juste épique !! »
« Et dire qu’ils repassent tout à l’heure, franchement dans ce festival t’en a vraiment pour ton argent... »
« Putain Phil a pris du bide le cochon, - c’est parce qu’il a d’la bouteille t’as vu mdr !! »

 

C’est pour finir sous l’Altar que nous décidons mon pote et moi d’aller voir le groupe pour leur « der des ders ». La guitare de Pepper Keenan commence à entonner les premiers arpèges si reconnaissables de « Stone The Crow ». Mon Pote Yoyo a retrouvé le sourire parce qu’il paraît que sur la Main Stage 1 les gars n’ont joué que leurs titres les plus confidentiels. Une scène pour esthètes convaincus et pour qui la recherche musicale est un art de vivre. Enfin bref, les tubes de Nola s’enchaînent, les musiciens sont en place, Phil titube avec un aplomb impressionnant. Son amour du vin blanc le transcende littéralement. Sa voix est chauffée aux raisins. On a enfin l’explication quant à sa puissance et quant à son timbre guttural si unique. Le concert se termine sous l’ovation d’un public médusé par la performance et la leçon en matière de groove qu’il vient de prendre. 

 

Après avoir assisté à deux concerts sur les six que donnait le groupe dans ce week-end d’anthologie, je peux vous dire que j’ai eu ma dose. Phil tu as été comme toujours scéniquement engagé, puissant, hargneux... en un mot charismatique. Continue sur cette voie du repentir, ça ne te retire en rien ton swag naturel…

-- Freaks --


 

Meshuggah : Altar, 22:40   

 

C'était la seule raison de ma présence au Hellfest: Meshuggah. Car soyons clair, bien je reconnaisse la grandeur du Hellfest et le formidable boulot accompli par l'équipe des barbots de Ben Barbaud, j'exècre les festivals. J'avais donc supporté les montreurs de cul houblonnés à outrance, l'odeur de fennec éthylique qui émanait du camping, les merguez au minerai de viande trop cuite et les stands de merchandising envahis de colifichets et autres breloques destinés à transformer le metalleux de base en homme sandwich version Sodebo, j'étais passé outre les déguisés en banane, les costumés en pénis et autres carnavaleux qui donnaient à l'événement un côté "Salsa du Démon".
Mais je dois avouer que j'avais oublié tout ça au profit du quatuor d'Umeå, des maîtres de l'infrabasse, des papa (bientôt papis) du djent, d'autant que c'est l'un des trop rares groupes dont la qualité des prestations est à l'instar de celle des albums: carrée et avec ce son "caterpillar" destiné à enterrer solidement le public dans un sol vibrant. Malheureusement, je ne les verrai pas en live avec de vrais amplis comme ils s'y sont mis récemment. Pas de Meshuggah en full-analogique donc, mais tant pis, le groupe a démontré plus d'une fois que les Axe-FX et autre simulateurs Line6 font parfaitement l'affaire pour du gros son.
22h30, le public, largement disséminé suite à la prestation catastrophique de The Black Dahlia Murder (Max Lavelle ayant accordé sa basse trop bas, le chanteur Trevor Strnad a été pris d'une diarrhée fulgurante au milieu du 2ème morceau, le staff aura été obligé de nettoyer sérieusement le "chiapiteau") se presse au devant d'une scène qui sent le Saint-Marc à l'Eucalyptus.
Jens Kidman rentre en scène suivi de ces quatre frères d'armes et les premières notes de "The Violent Sleep Of Reason" raisonne mais... le son des guitares, habituellement saturé et distordu, si typique du groupe, a été remplacé par un son clair que ne renierait pas un Mark Knopfler. Le problème c'est que la distorsion amène de la résonance, du corps au son et évidemment de l'énergie et que toutes ces composantes font intrinsèquement partie de ce pour quoi les morceaux de Meshuggah sont si bons. Bref, les leads de Thordendal sonnent comme l'intro de James Bond, la basse est quant à elle assez proche de la contre-bassine. Enfin, Tomas Haake a un son digne d'une publicité pour les dernières solutions de rangements de chez Curver. Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel? Dans la fosse, les têtes bougeant au rythme syncopé du morceau sont fixes, les visages sont interloqués, les fans sont perdus. Le groupe quant à lui ne semble pas se rendre compte du son diffusé à son public et j'avoue que voir Mårten Hagström headbanguer en mode low-style sur une musique digne de la bande-originale du dernier Disney n'est pas sans un certain effet comique. Seule la voix de Kidman est fidèle à ce à quoi le groupe nous a habitué en live.
Les morceaux se succèdent et un nouveau jeu s'opère dans le public : trouver le titre malgré le son catastrophiquement...clair avec lequel il est interprété. Pour ma part, j'ai abandonné après "The Hurt That Finds You First" qui pour l'occasion aurait pu être renommé "The Burp That Brings Your Goats". En revanche, je suis allé voir par curiosité ce qui se passait du côté de la console, sacro-saint endroit où la magie (ou le mauvais sort comme ce soir) du son live s'opère. Si le public était médusé, du côté des ingés-sons en charge de cet hallucinant spectacle, c'était la poilade intégrale, la marrade complète, et l'illustre inconnu au commande a eu l'air de s'être tapé les cuisses pendant 20 minutes. Moi qui déteste prendre des photos en concert, j'ai outre-passé cette éthique personnelle et immortalisé ce qui se passait de ce côté du sound-system:

Il devait forcément y avoir une explication logique à cette prestation qui restera définitivement dans les annales.
Le concert se finira avec quelques applaudissements timides et un groupe qui, sans doute ébloui par un jeu de lumière sans fautes, semble ne s'être rendu compte de rien.
Un thread sur Twitter, en français et sûrement rédigé avec l'orga du Hellfest, envoyé par le compte officiel du groupe quelques heures après la fin de cet ahurissante date lèvera le voile sur cette sombre affaire:

-- 8oris --

 

 

Devin Townsend - by request : Altar, 00:20


Proposer à ses fans de décider du contenu de ses prochains concerts : en voilà un concept qu’il est séduisant ! Même si l’on peut craindre que ce qu’il en sorte ne soit rien d’autre qu’une compilation consensuelle. Mais foin de mauvais esprit : l’espoir avoué de beaucoup de fans présents sous l’Altar en cette toute fin de festival, c’était que cette scène – un brin décalée par rapport à l’image de l’affable chauve canadien – soit finalement en phase avec la musique jouée en ce dimanche… Bref : on veut du Strapping Young Lad ! Mais ouais, parce qu’il figurait certains morceaux de cette entité depuis longtemps enterrée parmi les 40 morceaux initialement offerts à notre vote-sanction. J’avais moi-même opté pour « Detox », « Love ? » et « Home Nucleonics » – SYYYYYYYYYYYYYYYL ! Mais en bonne place dans ma liste on pouvait également trouver « March of the Poozers », « Bad Devil », « Supercrush! », « Namaste », « Regulator », « Seventh Wave », « Life » ou encore « Grace ». Remontés comme des snorkies en manque de crocodiles Haribo, nous fulminions littéralement quand arrivèrent les toutes dernières minutes nous séparant du début du show. Quelques Ziltoïd s’entraînaient déjà au crowd surfing quand arriva enfin Devin sur scène… Un Devin semblant curieusement ailleurs, mais arborant un petit rictus narquois. Tiens, pas vraiment en phase avec son image habituelle de gai luron : aurait-il mangé un samoussa pas frais au déjeuner !? Et le show de démarrer sur… une longue nappe ambiante, pleine de vide et de points d’interrogation. Gné ? On pouvait voter pour des morceaux de Ghost et Casualties of Cool ? Quels sont les salauds qui ont saboté ainsi le show ? Sauf que… Je ne me rappelle pas qu’un seul morceau de ces 2 albums ait été aussi proche de la catalepsie spectrale ! Putain c’est quoi ce bordel ? Au bout de vingt minutes, les premiers pichets commencèrent à voler en direction du Canadien qui, comme s’il était ailleurs, loin des huées et des éclaboussures houblonnées, continuait de s’approcher du 0 degré Kelvin via ces nappes sonores minimalistes et glaçantes – dont on apprendra après coup qu’elles consistaient en l’intégralité de l’album The Hummer. Finalement atteint par un jet de godmichet customisé aux couleurs d’Addic[k]ted, Devin sembla reprendre pied, s’ébroua, avant d’aller voir chacun de ses musiciens. Revenant sur le devant de la scène avec enfin l’un de ces sourires charmeurs et triomphants dont il est coutumier, le maestro lâcha un court « Sorry for that ! » avant de se lancer dans une interprétation StrappingYoungLadienne de « La Chenille » (… qui redémarre. Non ? Si !). Et c’est devant un public médusé que le groupe quitta la scène à la queue-leu-leu, les 4 fois 2 pieds en canard… Pour le coup c’est extra-fou, mais c’est pas super-chouette Devin !

-- Cglaume --

photo de Pidji
le 07/09/2020

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