Alice Cooper - Pretties For You

Chronique CD album (36:10)

chronique Alice Cooper - Pretties For You

Cela fait quelques années que l'on enregistre et faisons le deuil de divers musiciens ayant plus ou moins marqué l'histoire du rock/hard rock/metal. Et vu l'âge que commencent à avoir certains combos légendaires encore en activité qui font les beaux jours des têtes d'affiche des festivals estivaux, nul doute qu'on n'aura pas fini d'en voir de ces news tristement morbides. De toutes les figures qui ne cessent de mettre à mal le concept de « la retraite à 60 ans », s'il y en bien une qui me foutra un sacré coup de voir partir dans les abysses du diable, c'est sans aucun doute Alice Cooper. Un Vincent Furnier qui ne cesse de défier les lois de la nature en se montrant toujours plus en forme malgré qu'il frôle les 70 balais et les 50 ans de carrière. Et ce, physiquement, passionnellement et artistiquement. C'est dire, alors que beaucoup de vieux séniles s'inquiètent de la paille à adopter pour manger leur soupe, le monsieur se permet même de jouer encore le petit jeune en s'éclatant au sein d'un autre projet monté avec Johnny Deep, nommé Hollywood Vampires. La vie étant ce qu'elle est, il est peut-être temps de s'atteler à l'histoire de toute une vie, à savoir la discographie du pionnier du shock rock, avant que le destin ne joue une énième facétie en le faisant trépasser. Un sacré morceau s'il en est, qui sera distillé au compte-goutte, vu qu'on a vu cette année sortir Paranormal qui représente pas moins que la vingt-septième pierre à l'édifice. Excusez du peu...

 

 

Les Histoires de Grand-Mère Alice, acte 1, scène 1 : Le Jardin d'Enfants Partie I

 

Peu de monde ne parle des deux premiers albums d'Alice Cooper, Pretties For You (1969) et Easy Action (1970). Il faut dire que la première doublette a été un échec commercial plutôt cuisant pour la formation qui était à l'époque un véritable groupe et non un projet solo comme ça a été le cas à partir de 1975. Alors encore de toutes jeunes pousses, les mecs se sont quand même vus soutenus par ce doux dingue de Frank Zappa lui-même qui avait décelé au coin d'un bar enfumé où ils se produisaient un énorme potentiel. C'est qu'il a eu le nez fin le bon monsieur.

 

Malheureusement, ce n'est pas avec Pretties For You qu'Alice Cooper montrera son véritable visage. Et pour cause, ce disque n'a pas grand-chose de rock, encore moins de shock rock d'ailleurs. Il s'agit en vérité d'une galette qu'il est très complexe d'aborder aujourd'hui. Sortie en 1969, on sent encore l'impact des années « yéyé » au sein de la scène musicale et il y a dans cet album un délire à mi-chemin entre le côté poppy très Beatles et l'exercice de bœuf improvisé hyper psyché. On y découvre un Vincent Furnier qui chante réellement, sans aucun filtre rocailleux de maître de cérémonie malsaine. Et surtout un recueil de titres absolument fourre-tout, dénué de sens logique. Un peu comme si les mecs étaient rentrés en studio comme s'ils étaient en salle de répèt' dans la cave de maman et jouaient les différentes idées leur trottant dans la tête de manière hasardeuse.

 

Ajoutez à cela une production d'époque qui nous paraît aujourd'hui fort désuette, et trop exagérée dans les effets psychédéliques – et certainement plus difficile à aborder qu'une prod' 70's pas trop mal léchée – il faut surtout voir en ce Pretties For You une sorte de relique historique plutôt qu'un véritable opus d'Alice Cooper en bonne et due forme. Le combo se cherche encore, il passe son temps à expérimenter, jusqu'à trouver une identité qui lui convienne. Et à différents moments, on sent que l'on touche du doigt quelques prémices artistiques de ce qu'il deviendra réellement deux ans plus tard. « Titanic Overture », instrumental d'introduction montre déjà cette recherche de théâtralité. « Reflected », certainement le titre le moins bordélique, montre la première incarnation de ce qui deviendra « Elected » sur Billion Dollars Babies (1973). « Sing Low, Sweet Cherrio », très inspiré par The Doors, montre de belles idées comme ce duel affûté entre guitare et harmonica. Tout comme certains moments se montrent agréables à entendre tel que « Today Mueller » même s'ils demeurent plutôt classiques pour du rock psychédélique.

 

Difficile de surnoter davantage ce premier jet. Pretties For You est en effet trop infantile et trop maladroit/bac à sable pour qu'on puisse réellement le défendre honorablement, d'autant plus qu'il a affreusement mal vieilli. Malgré tout, il n'est pas forcément inintéressant d'y prêter une oreille. Pour l'histoire, pour la culture générale et surtout pour comprendre d'où vient Alice Cooper et qu'il n'a pas forgé son identité d'un seul coup d'un seul, sur un simple coup de chance. Car après tout, difficile d'inventer un tout nouveau mouvement dès le premier essai, il faut d'abord expérimenter. Ce que représente pleinement Pretties For You, au même titre que celui qui suivra l'année suivante, Easy Action.

photo de Margoth
le 31/12/2017

1 COMMENTAIRE

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 31/12/2017 à 09:07:14

ça sent bon les surprises-parties à la Warhol ^^

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