Ministry - The Land of Rape and Honey

Chronique CD album (46:00)

chronique Ministry - The Land of Rape and Honey

Pour comprendre la démarche empruntée pour cette chronique, référez-vous au chapitre 1.

 

The Land of Rape and Honey voit le jour le 11 octobre 1988. L’album amène irrémédiablement Ministry sur les rails (snif) de l’indus metal. Pendant longtemps, il est considéré, par certains suiveurs, comme le vrai premier album du groupe… Les mêmes qui ont du mal à tremper leurs esgourdes dans le chaudron synth-pop à la Depeche Mode délivré sur les deux premières plaques, mais ceci est une autre histoire. Pour le coup, l’impact est conséquent et la franchise prend un virage radical qui la hisse vers un courant tout juste frémissant, courant que le duo va plus qu’alimenter quatre ans plus tard.

 

L’album sort chez SIRE Records, une division de la Warner, il est vrai que l’on voit mal, les chicagoans frayant dans les rives de A-HA, Elvis Costello ou Van Halen, les fers de lance de la maison mère à l’époque. Dès l’intro de « Stigmata », on sent que toutes les réserves mélodiques seront mises au placard pour faire de la place à du brutal, du sanglant. La chose prend forme, et le groupe aspire à être unique ! Nous sommes encore à quelques encablures de l’ENORME Psalm 69 et ceux qui vont découvrir cet album en lisant ces lignes le trouveront forcément moins bien. Et pourtant…

 

Si l’on ne tient pas compte de l’aspect brouillon présent sur toute la plaque, on a déjà un album solide. Le choix des sons, la maltraitance physique imposée tant aux synthés dominants qu’aux parties de guitares soumises amorce le grand virage de l’indus metal qui va sévir durant une grosse partie des 90’s. Le plus. La présence imposante de Bill Rieflin à la programmation des boîtes à rythmes, rapproche la conception de l’album de ce que peuvent faire Sisters of Mercy (influence certaine mais inavouée, celle-là).

Des titres comme « Destruction » et « The Land of Rape and Honey » sont des manifestes du genre. La musique se définit la plupart du temps comme un coup de boule punk soutenu par des flux synthétiques, des vagues martiales (les rythmes) dans une ambiance de fin du monde. Plus prosaïquement le courant EBM développé par un groupe comme Front 242 est affiché plus que comme une simple influence. Les belges auront d’ailleurs l’occasion à maintes reprises de travailler avec Jourgensen notamment pour le projet Revolting Cocks, le vrai pas l’ersatz de l’after 2007 !

 

The Land of Rape and Honey bénéficie aussi d’une production qui ne se prive pas d’alourdir les vociférations des synthés malades et les crissements de la guitare de Jourgensen, d’une basse pesante et obsédante. Quelqu’un dans l’assemblée a dit Dub ?
Ouais, si le Metal Box de P.I.L n’avait pas vu le jour, on l’aurait notre album poisseux-rouillé de tous les temps! C’est aussi l’album qui va rapprocher encore davantage Ministry de Skinny Puppy.

 

LE titre incontournable de cette plaque se nomme « Hizbollah », un objet sonore toujours non identifié… Point de rencontre des samples cheap et de la poésie arabe sur une mélodie hypnotisante… Un coup de maître. Le morceau sample le chant de l’artiste libanaise Fairuz sur son titre « Kad Ataka ». La chanteuse connaît le succès dans les années soixantes… Et à 76 ans, elle poursuit toujours sa carrière.

 

« You know what you are », autre démonstration virulente  de l’album, sample tour à tour des dialogues de Platoon, d’Aliens, et  offre une incursion chez Le Bon, la Brute et le Truand, histoire d’enfoncer la paire de ciseaux dans les gencives, si t’as pas compris !

 

On retrouve aussi  le brave Chris Connelly sur « I Prefer » et le terrifiant « Golden Dawn », titre qui prône les versets sulfureux d’Aleister Crowley lorsque l’on entre dans le pentagrame.

« Abortive », qui clôture les 46 minutes, est un collage malin signé Eddie Echo, pseudo derrière se cache Adrian Sherwood, le sorcier electro anglais. Ça va, j’ai oublié personne ? Ah ben si, l’affable et énigmatique Paul Barker est de la partie, trempé jusqu’à l’os de la folie brutale de l’œuvre. Ah ces basses !

 

Brosse-toi les dents avec de la paille de fer, et souris à la vie. La pochette de l’album représente des corps consumés: il s’agirait d’un cliché provenant d’un camp de la mort à Leipzig… Ambiance. Le nom, quant à lui, fait référence à une organisation agricole de Tisdale, une bourgade du Canada où l’on défend (encore) « The Landeseed & Honey », Jourgensen ayant lu cette inscription sur un mug lors d’une de ses escapades… Humour.

Alors oui, l’album pèse ses ans mais reste néanmoins un point de rencontre incontournable de la chose brutal, déshumanisée du monde industriel. Notez quand pour la réédition de la plaque en 1996, elle se voit affublée du nom The Land of Milk and Honey bien plus Mickey Mouse dans l’esprit que ce que son contenu présage.

photo de Eric D-Toorop
le 15/07/2012

2 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 18/07/2012 à 23:44:36

Juste pour les 3 premeirs titres, ce skeud vaut le coup !!

FWF

FWF le 03/07/2013 à 15:14:12

J'adore cet album. Le morceau du même titre et "Hizbollah", sans parler des 3 premiers titres géniaux, un régal.

J'y met 9/10 pour ma part

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