Aro Ora - Wairua

Chronique CD album (1:02:02)

chronique Aro Ora  - Wairua

N'allez pas croire : Aro Ora n'est nullement une incantation ratée sortie de la bouche d'un jeune élève dyslexique de Poudlard. C'est bel et bien un groupe de metal. Ne vous fiez pas au patronyme non plus, il nous vient de notre belle petite France et n'est pas non plus du genre à nous lâcher une mixture fusionnant gros metal qui tache avec diverses influences ethniques. Même si l'introductif « Inhale » pourrait presque nous en donner l'illusion il est vrai. Mais non, cette petite ouverture un brin tribale passée, il faut se rendre à l'évidence : c'est du gros metal qui tache seulement. Moderne de surcroît, comme Klonosphere aime nous en distribuer par palettes depuis sa création. Encore un j'aurais envie de dire, comme c'est dans l'air du temps cela dit. J'avoue que pour le coup, je prends un peu mon air blasé mais il ne faudra pas se tromper sur le pourquoi du comment : ce n'est pas vraiment le style qu'il faudra remettre en question, juste le fait que je me farcis sur une même période une petite tripotée de disques singuliers, assez exceptionnels en terme de qualité et, pour la plupart, profondément viscéraux en terme émotionnels. Citons au hasard le nouveau Opeth, le nouveau Klone (tiens, justement...) ou encore le nouveau Bent Knee. Et quand ça ne vient pas titiller les cordes sensibles, ça vient titiller l'affect et l'amour, tel le nouveau Korn qui est encore loin de m'avoir lassé, ou encore ce premier EP de Schrodinger qui vient m'amener du Mr. Bungle alternatif tout neuf que je n'espérais même plus jamais entendre. Bref, tout ça pour dire qu'au vu de ce contexte, ce Wairua d'Aro Ora me paraît vachement plus fadasse.

 

Il me le paraît d'autant plus que le combo, même si ça ne part pas d'une mauvaise intention à la base, tombe dans ce fameux piège de la surenchère dans sa première proposition : la durée dure un peu plus d'une heure pour quinze titres, ce qui est vachement dérangeant lorsqu'on s'applique à jouer un style hyper homogène dans ses codes par définition. Ajoutez à cela une certaine densité dans sa recherche atmosphérique et l'on a beau s'y pencher une fois, deux fois, trois fois ou même cent fois, il y a toujours ce moment où la bonne volonté ne suffit plus et l'attention s'en va se perdre en cours de chemin. Il y a bien une bonne quinzaine de minutes de trop pour être parfaitement digeste, un point c'est tout. Alors, certes, un groupe comme Gojira s'est illustré avec réussite dans les formats longs sur la doublette From Mars To Sirius / The Way Of All Flesh, surtout parce que les Landais savaient placer assez de respirations dans ces-dits disques pour qu'on puisse tenir tout du long. Pour Wairua, même s'il y en également (le bien nommé « Interlude » notamment ou encore « Naiads » et « Exhale »), elles ne sont clairement pas assez nombreuses afin d'atteindre ce même objectif.

 

Si je parle de Gojira d'ailleurs, ce n'est clairement pas un hasard tant l'on sent que son influence (d'avant-Magma tout du moins) est omniprésente sur ce disque, tout particulièrement sur le chant. De la même manière que l'on retrouve la modernité rythmique d'Architects, le groove d'un Lamb Of God, voire même comme un petit côté atmosphérique d'Opeth (là encore, issu de sa première partie de carrière). Tout un petit panel d'influences bien mâchées et digérées pour un résultat finalement solide et convaincant. Parce que vraiment, Wairua est bien fait : ça mise autant sur l'efficacité bien rentre-dedans (« Running For The Möbius Strip », « Roots Of Knowledge », « Hólos ») que sur des passages autrement plus contrastés (« Flight Of The Red Ibis », « Velvet »). Sur son fond technique – les mecs sont bien loin d'être des manchots – comme sur sa forme tant la production s'avère soignée et très pro pour de l'autoproduction.

 

Bref, Aro Ora sait ce qu'il fait et il sait d'ailleurs y faire. Juste qu'il s'est dit que pour un premier album, il allait mettre les petits plats dans les grands et c'est tout à son honneur d'être si généreux. Mais bon, là, les grands plats sont un peu trop disproportionnés et c'est franchement dommage. Une poignée de titres amputés pour une durée plus concise et j'aurais été autrement plus conquise.

photo de Margoth
le 30/12/2019

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