E-an-na - Nomad
Chronique CD album (37:54)

- Style
Free Oriental Folk Metal - Label(s)
Autoproduction - Date de sortie
10 décembre 2024 - écouter via bandcamp
Si vous êtes arrivés en ces lieux suite à un clic curieux, après un rebond sur le trampoline à tête chercheuse de Google, ou du fait d’une confusion avec Cor-éco, « le site des musiciens-chasseurs sans le sou », vous n’êtes pas forcément au courant. En revanche, si vous avez un rond de serviette à votre nom en ces terres HTML, voire un avatar personnalisé quand vous laissez un commentaire, il est très possible que vous ayez déjà entendu parler des Roumains d’E-an-na (... dont on ne sait toujours pas si leur blaze est complet, ou s’il découle d’une partie de pendu avortée).
On le répète trop souvent – dans chacune des chroniques qui leur sont consacrées, à vrai dire – et l’on va à nouveau « rebeloter » : pour décrire rapidement le style de ces loustics aux ceusses qui n’en ont jamais entendu parler, il est aussi judicieux que justifié de parler d’un Dirty Shirt plus-folklo-moins-Néo. Et l'on ressent d’autant moins de honte à ressasser cette comparaison que 1) Andrei et Roxana ont chacun une chambre bien à eux au sein des deux édifices musicaux, 2) ces groupes partagent l’étiquette « Folkcore » – qui n’est pas la pire, effectivement, pour décrire leur créneau.
Nomad est déjà le 4e album de Anna (… on fait ce qu’on peut pour éviter les répétitions). Et celui-ci démontre combien le robinet créatif de la formation est loin d’avoir réduit son débit, les treize compos nouvelles étant autant d’occasions de se faire éclabousser par un talent éclatant, de vibrer, de se trémousser – et, on ne va pas se mentir, de se taper de bons vieux trips je-tourne-un-clip-à-gros-budget-seul-devant-le-miroir-du-salon-heureusement-que-personne-ne-me-voit. Jonglant avec un équilibre rare entre le festif, le folklorique, le mélancolique (à peine) et le vénère, E-an-na ne manque pas à sa réputation : celle de dealer une drogue musicale à la fois douce et musclée, qui nous fait voyager loin, loiiiiiiin de nos charentaises. Et pour coller plus fort encore au titre de ce 4e opus, nos amis ont injecté une dose particulièrement importante d’ambiances orientales (moyen- et proche-, principalement) à leur tambouille déjà bien typée – du moins pour le gros des titulaires d’un pass Navigo et autres abonnements permettant de crapahuter à travers le pays de Voltaire et Hanouna.
Sur Nomad, attendez-vous donc à ce que percus, flutiaux et cordes autochtones vous parlent de soleil et de pâtisseries au miel, et non plus seulement des vertes contrées des Carpates. Préparez-vous à devoir donner d’impétueux coups de nombril pour suivre le tempo du morceau-titre, à déambuler au sein d’une joyeuse caravane (cf. « Lotus »), et même parfois à prendre l'apéro avec Orphaned Land (sur « 365 », et plus sûrement encore sur « Miraj »). Mais l’Orient peut également être extrême-. Et ce n’est pas un groupe qui use toujours autant des growls et des shrieks – sans que cela soit envahissant – à qui cela va faire peur, au contraire. On va donc se trémousser sur un dancefloor Metal/Indus à Goa (sur le tubissime « Samasara »). On s’offre deux minutes de relaxation zen au sein du temple « Mantra ». Et – vous n’avez pas peur des expériences ? – on tente le mariage du Hip-Hop coréen et des mélopées du Caucase (je m’égare un peu sur la mappemonde à cause de l’opium) à l'occasion d'un « Scrum » grisant, qui pourra rappeler Bloodywood, mais sans la dimension grotesco-kitch.
Alors, on n’est pas bien là, des sandales aux pieds, les épaules bronzées, du vin embuant les pensées ?
Les mélodies sont rondes et dorées, les histoires sont belles, la basse ronronne, les mosh parts de fin de morceau sont graisseuses à souhait, les chaînettes brillent aux chevilles, et de croustillantes stries électroïdes viennent parfois nous rappeler qu’on a beau remuer la poussière en dansant, on n’en est pas moins dans les 2020s. Alors oui, en effet, voilà encore un autre de ces albums débusqués un peu tardivement, qui auraient dû figurer dans le Top de fin d’année dernière. Tant pis pour le podium et les médailles en chocolat ! Mais à vrai dire, le plus gênant dans cette histoire, c’est surtout que Nomad rend les choses encore un peu plus compliquées au moment de répondre à la question « OK, mais alors dis-nous : ton album préféré d’E-an-na, c’est lequel ? ».
La chronique, version courte : 4e album d’E-an-na, Nomad s’avère aussi festif, rythmé et métissé que ses aînés. Ce qui le distingue des cuvées précédentes, c'est une bougeotte encore plus marquée qu'auparavant. Car loin de rester dans les alentours de sa Roumanie natale, celui-ci nous emmène cette fois dans des orients plus ou moins proches, afin d’ajouter de nouvelles cartes postales et de nouveaux tubes à son tableau de chasse (écoutez en priorité « Samsara », « Lotus », « Scrum » et « 365 »).
2 COMMENTAIRES
Moland le 02/03/2025 à 12:34:13
"dont on ne sait toujours pas si leur blaze est complet, ou s’il découle d’une partie de pendu avortée". Ou comment plier le game des jeux de mots éventuels sur le nom du groupe. Je remballe les quelques idées qui ont jailli dans ma tête.
cglaume le 02/03/2025 à 17:47:36
😅
AJOUTER UN COMMENTAIRE