Ec{c}entric Pendulum - Perspectiva Invertalis

Chronique CD album (37:46)

chronique Ec{c}entric Pendulum - Perspectiva Invertalis

Si un sondeur BVA / CSA / IPSUCE me demandait là-tout-de-suite où donc est-ce que ça bouillonne ces temps-ci sur la planète Metôl, je lui répondrais sans hésiter : au Chili ! Parce que 1) ça fait quand même la 3e année de suite que je retrouve des bouts de Cordillère des Andes dans mes tops de fin d'année, 2) malgré cela j'ai zappé plein de sorties alléchantes en provenance de par là-bas, et 3) ça n'a toujours pas l'air de se calmer dans la région. Mais si le même chasseur de stats était venu me voir au tout début des 2010s, je lui aurais montré un point diamétralement opposé. Car, bien que le phénomène ait alors été moins explosif que la vague Thrash&Death sud-américaine ci-avant évoquée, l'improbable mais magistrale succession Mark of Teja (Scribe) / The Quantum Hack Code (Amogh Symphony) / Winding The Optics (Ec{c}entric Pendulum) avait à l'époque tourné regard et oreilles lapinesques en direction d'une péninsule indienne semblant enfin vouloir profiter de sa démographie galopante pour en faire émerger des formations de talent.

 

Mais le soufflé au curry est vite retombé. Car non seulement la liste des albums marquants de Taj Metal s'est rapidement tarie, mais de plus les albums suivants de Scribe et Amogh Symphony n'ont pas su renouveler l'exploit. « Et du côté d'Ec{c}entric Pendulum alors ? », se demandent les maniaques de la complétude. Eh bien peau d'zob, walou, nada (...sutra). Du moins jusqu'à septembre dernier. Alors oui, c'est vrai : le groupe a sorti un live en 2012, puis un EP en 2017. Mais personne ne nous avait prévenus – dites, on ne peut être tout le temps sur tous les fronts...

 

Treize ans après un premier album combinant les qualités du Thrash progressif de Nevermore et le règlement intérieur de la Meshuggah Academy, le pendule de Bangalore allait-il continuer de balancer avec la même classe ? Parmi les éléments promettant du neuf, on avait bien remarqué le retour du guitariste originel, parti en 2010, et tout récemment réintégré au line-up. On avait également noté du mouvement du côté des cordes vocales, celles-ci s'étant légèrement encavernifiées. On a enfin réagi à un nom bien connu ici-bas, Kevin Paradis, el Senior Tamtamo de los Benightedos, qu'on a souvent vu collaborer avec d'autres formations (tiens, avec Ripped to Shreds « dernièrement »), et qui a accepté ici non seulement de cajoler les fûts, mais également le mix, et la mastering. Et puisqu'on en est à lister les indices pouvant indiquer une orientation nouvelle, n'oublions pas de mentionner un autre métronome célèbre, Hannes Grossmann, en happening sur le titre « In Exile ».

 

Fin du suspenses à trois roupies : oui, le registre d'Ec{c}entric Pendulum s'est nettement endeathifié. Là où l'on pouvait autrefois parler d'un Nevermore à la sauce Djent, on a désormais plus envie d'évoquer un Solekahn – ou un Immolation plus retors que gueulard, si vous préférez – ayant de nettes ambitions technico-progressives. Lors des passages où les griffures charbonneuses laissent entrevoir de noirs amas de galaxies mourantes, on pense également à Alkaloid. Voire à un hybride Voivod / Coroner partiellement reconverti au Metal de la mort sur « Encaged Visions of the Unobstructed ». Mais si ce qui vous importait le plus lors de l'épisode précédent c'était l'ombre difforme du jeu de Fredrik Thordendal, pas de panique, celui-ci erre toujours de par les coursives, sa présence se faisant régulièrement sentir via des rythmiques désarticulées, des leads cosmiques et autres mélodies savamment lancinantes.

 

Alors c'est vrai, je suis moyennement fan des méandres sinueux et des ronchonnements broussailleux qui caractérisent le virage nouveau de nos Indiens. Un titre archétypal comme « Cyclic Vicissitude », qui fait dans l'esquive, dans le brumeux, dans le fuyant, est assez éloigné de ma conception du kiff musical. Ceci est tout aussi vrai du long « In Pretense », qui prend un peu trop son temps et manifeste bien trop peu de passion pour nous planter ses échardes sous l'épiderme. Ceci pourrait suffire à expliquer le manque de paillettes et de cotillons caractérisant la note attribuée à ce cadet discographique. Sauf qu'on s'aventurera à adresser un autre reproche : là où Winding The Optics manifestait une personnalité relativement singulière, Perspectiva Invertalis quitte sa niche pour aller investir un créneau où il ne se distingue guère de ses congénères – défaut qui n'est pas si grave, j'en conviens, si l'on apprécie le Death prog sombrement retors, d'autant que cette « scène » n'est pas la plus surchargée qui soit. M'enfin on aurait quand même préféré que, au Pays de Gandhi, comme dans très peu de pays, Jeff Loomis ait continué de meshugguer sous la dictée de ces brillants musiciens. On aurait également aimé qu'un 2e album plus éclatant ait aidé à rappeler que le Metal indien, ce n'est pas que Bloodywood...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : en 2011, Winding The Optics nous régalait grâce à un excellent Meshug'Thrash progressif plein de promesses et d'énergie. En 2024, Ec{c}entric Pendulum n'a rien perdu de son acuité technique, mais le successeur qu'il livre perd de sa singularité en rajoutant de grande louches de Solekahn et d'Alkaloid à une formule à présent nettement endeathifiée. L'album est loin d'être mauvais, notez. Mais il échoue à nous faire frétiller les muqueuses auriculaires comme l'avait fait son aîné.

photo de Cglaume
le 29/11/2024

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