Exmortus - Necrophony

Chronique CD album (53:36)

chronique Exmortus - Necrophony

Comment comment ? Mais où sont donc passés les mâles pectoraux et les glaives turgescents qui décorent habituellement les pochettes d’Exmortus ? Le groupe ne serait-il plus endorsé par Conanist le Barb’hard Magazine ? En aurait-il déjà son saoul de se gratouiller le manche sur le champs de « bitaille » ? C’est quoi, franchement, ce quatuor spectral qui sent d’ici la vieille morue séchée et la plaque d’herpès purulant ? En 2023, va-t-il falloir se préparer à ce que le Metal plus ou moins extrême et tout aussi néoclassique des Américains se mette à sentir plus fort la naphtaline que la testostérone ?

 

Non point, rassurez-vous.

 

Dès l’introductif « Masquerade », après quelques dizaines de secondes qui pourraient être de mauvaise augure si les choses ne changeaient pas rapidement de cap, ça balance de la rythmique ronflante, ça envoie du lead fiérot, ça redresse le menton et toise l’assistance avec cette morgue du guerrier qui en a vu d’autres… On est rassuré : Exmortus va pouvoir conserver son titre de « Manowar du Metal néoclassique pompier » !

 

Si vous n’attrapez pas la série en cours de route, vous savez déjà que depuis l’orée du nouveau millénaire, ces riffeurs-flambeurs mêlent les débauches héroïques du Power/Heavy Metal, le tranchant du Metal extrême (qui, dans les faits, se cantonne surtout aux vocaux « shrieky » de Jadran "Conan" Gonzalez) et les partitions d’Yngwie Malmsteen pour un résultat généralement tout à fait probant. Alors évidemment, c’est le genre qui veut ça : les albums du groupe ont ce petit côté too much qui, s’il fait fureur dans les festivals teutons, peut aussi provoquer des échanges de sourires gênés chez les bobos abonnés à Teleram’Hard.

 

Bref, ça passe ou ça casse.

 

Et jusqu’ici, ce genre de grosse [P]rouste sophistiquée passait pas trop mal par du côté de chez Oim.

D’ailleurs, jouons franc jeu : ça continue dans cette voie !

 

Parce que, sans vraiment se renouveler (hormis l’arrivée d’Adrian Aguilar derrière les fûts), le groupe réussit à continuer ses grands travaux de broderie 6-cordesque sans nous tirer ni bâillement, ni haussement de sourcil blasé. Malgré le côté toujours aussi grandiloquant de la chose. Et rien que ça, c’est déjà un exploit. Il faut dire que, dans le but de nous convaincre, l’ex de Mortus a confectionné de cinglantes nouvelles cartouches. « Mask of Red Death », pour commencer, une cavalcade Thrash à brides abattues, qui compense ses excès de pompe par une vélocité, une fébrilité et une acidité qui font favorablement réagir les capteurs sensibles à ces choses-là. Sans changer foncièrement de braquet, « Oathbreaker » ajoute un soupçon d’accroche au discours des leads, et affute un peu plus sa scie à riffs : nos oreilles ne peuvent dès lors plus espérer opposer la moindre résistance. Certains fans ayant payé pour entendre de la Grande Musique interprétée par une bande de hardos mal léchés, les Américains lâchent en 5e position un « Storm of Strings » instrumental qui durcira plus efficacement que du Viagra la baguette du chef d’orchestre. Puis ce sont encore « Test of Time », « Beyond the Grave » (qui aurait pu être un putain de tube à là The Crown sans quelques petites maladresses – dont un refrain inodore) et le morceau-titre qui continuent de nous arracher des sourires.

 

Malheureusement, ce 6e album ne réussit pas à éviter quelques petits loupés. On ne s’attardera pas trop longuement sur un « Darkest of Knights » à la structure pas vraiment Prog – et donc aux plus de 8 minutes pas franchement justifiées – pour éperonner les titres qui contribuent le plus activement à maintenir la note de Necrophony sous les 8/10. Attardons-nous tout d’abord sur « Prophecy », morceau peu convainquant interprété par des musiciens semblant peu convaincus, qui manque cruellement de flamme, et lâche un refrain aussi intéressant qu’un quart de final de lancer du poids opposant Luxembourg et Monténégro. Dans sa suite, « Children of the Night » ne réussit guère à nous faire oublier ce soudain hoquet dans le moteur de l'album, la neuvième piste bénéficiant certes d’un refrain gaillard, mais souffrant par contre de l’effet de dilution découlant naturellement de sa durée (plus de 7 minutes). Dernier grain de sable dans la salade mortussienne, « Ouverture » est un instrumental aussi ampoulé que pleurnichard, aussi cliché que barbant.

 

C’est ballot.

 

« Et la reprise du « Moonchild » d’Iron Maiden, dont bénéficieront les heureux possesseurs de la version « Mr Plus » de l’album, qu'est-ce qu'elle dit ? »

 

Elle est fidèle à l’original. Autrement dit satisfaisante, mais pas indispensable.

 

Necrophony n’est donc pas le meilleur album d’Exmortus… Pour autant, reconnaissons qu'il ne fait absolument pas tâche dans la discographie du groupe. « Haters will hate », donc, comme disait Rabbi Jacob (ou La Denrée, je les confonds), tandis que les fans du groupe continueront de ronronner amoureusement pour marquer leur assentiment. L’avantage principal de ce nouveau tome dans l’œuvre intégrale du groupe reste qu'il constituera une bonne occase de prendre d’assaut quelques clubs, voire de se faire inviter par les festivals programmant Manowar et Helloween en têtes d’affiche, et ayant de fait besoin de chauffeurs de salle talentueux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : rien de franchement nouveau sous le soleil d’Exmortus. Necrophony continue de colorer d’un chant blackisant les formidables effusions d’un Heavy/Power fastueux aux dorures régulièrement néoclassiques – quoique sans plus trop d’excès baroques, les fans d’Yngwie s’y retrouvant même presque moins que ceux de Joey DeMaio. Pas meilleur que les opus précédents, ce 6e album fait toutefois bonne figure dans le tableau de chasse discographique des Américains.

photo de Cglaume
le 15/01/2024

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