Feared - Synder
Chronique CD album (48:21)

- Style
Death/thrash mélodique - Label(s)
Autoproduction - Sortie
2015 - écouter via bandcamp
Honnêtement je manque de courage pour me lancer dans l’aventure, mais il pourrait être sympa de consacrer un dossier aux « Super Groupes ». Vous savez, ces formations montées plus ou moins artificiellement, pour une durée plus ou moins longue et un résultat plus ou moins convaincant (...comment ça "on fait plus vendeur comme description"?). Essayer d’être exhaustif sur le sujet semble a priori aussi réaliste que de tenter de faire le maillot à Choubaka. Et même en se restreignant au metal dit « extrême » et à la seule Suède, il y en aurait pour des semaines, voire des mois de boulot. Tout ça pour insidieusement en venir au fait que – tout comme les célèbres Bloodbath, ou The Resistance dont ou vous parlera bientôt – Feared est un autre de ces AllStar bands dont le CV titille l'imagination. A la barre de ce fringant petit nafeared, on retrouve le capitaine Ola Englund, membre notoire de The Haunted, Scarpoint, ex-Six Feet Under, j’en passe et des moins connus. Le moins célèbre des 3 autres moussaillons s’appelle Mario Ramos, et c’est quand même le beugleur de Demonoid. A la basse, on trouve – Non, si loin de son genre « d’origine »? Eh oui! – un ex-Clawfinger: Jocke Skog. Et à la batterie, Hollywood chewing-gum perdu au milieu des Daims: Kevin Talley, mercenaire qui officie / a officié chez Suffocation, Dying Fetus, Dååth, The Black Dahlia Murder et tellement d’autres groupes encore qu’il suffit que vous en citiez un au hasard pour qu’il y ait une chance sur 4 qu’il y ait posé ses baguettes…
Bon, on a fait le (long!) tour du Qui, attaquons-nous à présent au Quoi. Quelles chansons douces peuvent bien chanter ces charmants enfants de chœur vu leurs antécédents et leurs origines? Ni du ska, ni du drone, mais – ô surpirse – un metal à 98% suédois bricolé autour d’un Melodeath des origines à la At The Gates, d’un thrash/death musclé à la The Haunted / Carnal Forge, et d’un Death mélodique empreint de mélancolie, à la croisée des vieux Godgory et des œuvres de Dan Swanö. D’ailleurs Synder est parfois un peu trop généreux en gimmicks un brin caricaturaux, comme cette intro éponyme franchement passe-partout, l’interlude délicat « Dygder » ou ces nombreux riffs sentant un peu fort At The Gates. Mais la présence de M. Talley derrière les fûts – ou toute autre raison tout aussi valable – permet d’apporter quelques nuances bienvenues à cette recette éprouvée, notamment via de bonnes petites séances de blasteries dont nos amis suédois ne font habituellement pas une consommation si poussée que cela – du moins aux alentours de Stockholm et de Göteborg. Autre saignée américaine dans le moelleux scandinave, pas moins de 3 titres (« Caligula », « My Own Redemption » et « Godless Devotion » si vous voulez tout savoir) s’offrent un détour dans le groove bagarreur et les réflexes guitaristiques typiques de Pantera... Prenez des notes, c'est important.
Après le Qui et le Quoi vient le moment du Comment: comment c’est bien, comment ça bute (…mais si ça se dit!)? Eh bien en dents de scie, Lucie. Parce qu’en dehors des gimmicks Melodeath lourdingues évoqués plus haut, sur « My Grief, My Sorrow » (qui a un petit quelque-chose de « Harvester of Sorrow » tout au début, non?) Feared nous propose un bon gros morceau bouche-trou franchement dispensable. Et ce n’est qu’à peine mieux sur les 3 titres qui suivent. Sans compter qu'en presque fin de course, « The Narcissist » s’embourbe carrément dans le vieux sucre barbapapesque qui colle aux doigts. Heureusement, à l’autre extrémité du spectre qualitatif, « Dying Day » s'avère être une pure pépite de joaillerie sauvage aussi véloce que sexy: Mamma mia, quel impact! Et pour prolonger cet accès soudain de juteuse inspiration, malgré un démarrage un peu balourd, « War Feeding War » se révèle vite comme un vrai bon petit hymne. Ajoutons à ces hauts faits un « Your Demise » plus remonté qu’un Dew Scented des grands jours, ainsi qu'un « Wolf At The End Of The World » ménageant un break monstrueux à 2:11, lors duquel un tapis symphonique majestueux accueille de lourdes et vindicatives saccades. Du MIAM avec un Aime majuscule!
« Ça commence à bien feared! » avez-vous peut-être envie de grommeler, du coup, en constatant que – donc – non seulement Feared est un Ne super-groupe au line up aguicheur – arf! –, mais qu’en plus il n’est ni assez irréprochable pour qu’on dégaine sa carte bleue sans réfléchir, ni suffisamment tiède pour qu’on puisse l’ignorer et continuer de guetter tranquillement la prochaine nouveauté affriolante. Que faire alors? « Achat ou pas achat? » voulez-vous savoir, comme s’il s’agissait ici d’une chro’ de mon collègue Carcinos… Eh bien « Démerdez-vous » ai-je envie de vous conseiller, en une amicale incitation à gérer en toute indépendance le contenu de votre caddie. Ecoutez un peu ce que ça donne via le Bandcamp du groupe (ou via le player en haut à gauche de cette chro), récupérez les « Dying Day » et autres « War Feeding War » sur le Net (… non je ‘l’ai pas dit!), ou ouvrez les cordons de la bourse si une certaine aisance financière vous le permet: Synder ne vous décevra de toutes façons pas (… complètement).
La chronique, version courte: un super groupe qui mêle thrash/death pêchu, melodeath old school et death mélo suédois (tatata: c’est pas tout à fait pareil), plus des blastouilleries et une touche de Pantera, ça vous dit? En plus il y a des membres et ex-membres de The Haunted, Clawfinger et Suffocation dedans! Mais ouais: il est frais mon poisson, il est fraiiiiis!!!
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