Fishbone - Give a Monkey a Brain... And He'll Swear He's the Center of the Universe

Chronique CD album (01:04:48)

chronique Fishbone - Give a Monkey a Brain... And He'll Swear He's the Center of the Universe

BANDE DE FIIIILS DE PUUUUUUTES !!!

 

Non, ne partez pas, s'il vous plaît, restez ! C'est que... C'est... … ! ...

C'est une ola, c'est un encouragement, c'est une interpellation énergique, remontant à l'essentiel sexuo-capitaliste de cette vérité profonde que nous sommes tous des putes donc des fils de putes et...

Non, c'est juste notre pote Khaled, un gars complètement allumé, surtout un passionné de zik – et sans aucun doute de Fishbone – et qui ne m'en voudrait certainement pas de reprendre son harangue primordiale en pareil contexte (pas de calotte dans la gueule la prochaine fois qu'on se voit, hein, merciiii!), qui s'exclamait fréquemment ainsi en voyant nos faces de carêmes, avant de nous claquer la bise, hilare. Imaginez la voix qui monte dans les aigus, tutoyant Rob Halford : « BANDE DE FIIILS DE PUUUUTES !!! »

Faut que vous imaginiez le son.

C'est de ça dont on va parler.

Entre autres... Avec Fishbone, on peut pas faire court. Ça serait irrespectueux et mériterait la précitée grosse calotte dans la gueule.

 

Car, excusez-moi, mais bande de fils de putes, si vous vouliez du Funk-à-la-Parliament/Funkadelic-Family, du shredding haute qualité de putain de guitar hero des eighties, du groove pas possible dans du Metal mélodique et de la mélodie Metal pas possible dans du gros Groove, du spleen à la Alice In Chains côtoyant des chroniques acerbes et grotesques de mental en perdition sur fond de pétage de fusibles à la prends-des-notes-Monsieur-Bungle, en croisant l'équipe de Suicidal Tendencies au complet après un bœuf free-jazz, bref si vous vouliez cela, vous l'avez. Et plus encore. Vous n'en demandiez pas tant ? Vous voilà refaits, rentrez chez vous tout patauds, merci de fermer la porte et tirer la chasse en partant – y'aurait même la p'tite mélodie triste de Requiem For A Dream qui joue en arrière-plan pour votre départ, bouh les violons ! ( le premier qui me prend pour un con en me précisant qu'il s'agirait plutôt de violoncelles gagnera son lot de binious dans le cul)

 

Soyons sérieux cinq secondes.

Certes, selon l'humeur on peut se dire que ce disque déconne un tout petit peu, par moments.

Il y a des choses qui durent un peu trop longtemps : ''Swim'', je l'adore, mais ça traîne un peu sur la fin. Bon, c'est une ode au stage-diving et un prétexte au pogo et à foutre le bordel en concert, on aura bien saisi l'idée. Si tu danses et que tu sautes sur toi-même et sur les autres, ça ne devrait pas te paraître longuet du tout. C'est sûr que tout seul dans ta cuisine à éplucher les patates, c'est pas le même esprit...

Hum, sauf que ce morceau dégage un truc... glauquissime. Et ça c'est plutôt chouette, pour ceux qui comprennent jamais rien à ce que je dis. Le glauque, c'est bien. La feel good musique, on en a toujours rien à foutre. OK les stups ? Les riffs sont menaçants et grondent derrière, les voix se croisent, s'emmêlent, avec des effets bizarres, ça tape fort comme entrée en matière.

Et puis, un peu plus loin, ''Black Flowers''. C'est quoi cette ballade Metal avec son break à l'orgue d'église lugubre (bank sound numéro 6 sur le synthé de Chris Dowd, où une gommette rouge en forme de croix est collée juste au-dessus de la touche) et mellotron attristé (bank sound numéro 11, gommette cœur blanc) qui la cisaille en deux ?! Qu'est-ce que c'est que ce truc ?! Comment il me fout les boules, ce morceau ! C'est quoi cette putain de tragédie grecque qui débarque en plein milieu ?! Ça ne cloche pas du tout ici, ou alors cloche d'église pour mon enterrement, oh c'est beau ! Avec cette fois à contrario une chose trop courte : la fin en fondu ! C'est une honte, redonnez-nous au moins une minute de musique manquante, s'il vous plaît, pitié !!! J'te troque une minute d'un autre trop long contre une minute de fin de ''Black Flowers'' !

Allez, c'pas grave...

 

C'pas grave car dans un écrin soyeux nous trouverons le délicat Reggae-Calypso ''Unyielding Conditioning'' qui en son sein velouté renferme outre son statut de tube classieux, énumérons-les non exhaustivement : un solo de sax baryton teinté free-jazz bien barré, un solo de guitare, tout en son clair, très jazz aussi, mais d'une toute autre école, plus apprêtée et plus douce, et des chœurs-cocktails sirupeux (tiens mon correcteur d'orthographe me conseille de remplacer « chœurs-cocktails » par « ingénieurs-conseil », ça c'est flippant...).

Une classe pas possible.
Les voix font encore des merveilles, sortant du cadre Rock pour aller nager pas loin du doo-wap, du gospel et tout autre dérivé du Rhythm'n'blues, voire de la comédie musicale kitsch et rétrograde (miam!). A ce sujet, ''Lemon Meringue'' nous refait un peu le coup de ''Everyday Sunshine'', avec autant de classe dans les costards mais beaucoup moins de charisme. Et une petite fin en gospel, une autre, mais dans une version beaucoup moins extatique. Bon, joli morceau cependant.


Classieux toujours, le Reggae à suspense ''They All Have Abandonned Their Hopes'' et son harmonica saturé, haute-qualité dosée, Fishbone, comme souvent, fait du reggae pas chiant et énergique !

_ Ah parce que c'est possible ?

_ Vous savez à quelle adresse vous êtes ?

_ Ah euh oui ben...

_ Bah alors écoutez-moi-ça encore une fois !

_ D'accord, ô chef suprême, pardonn...

_ J'ai dit écoutez, et mieux que ça !

C'est déjà super balèze, mais il feront encore mieux dans un genre proche avec le génial ''In The Cube'' sur Chim Chim's Badass Revenge.

 

Ce qui est super balèze en fait, c'est que hormis les deux pétages de plombs absolus que constituent ''The Warmth Of Your Breath'' et ''Drunk Skizo'', et le ''Swim'' introductif, ben le disque est très accessible mine de rien, très mélodique.

Pour les autres instants Metal, si je ne suis moi-même pas un grand spécialiste des étiquettes, je pourrais dire qu'il s'agit surtout d'influences Heavy et Power Metal, affublées par moments de leurs pendants guitar héroïques disais-je (y'a vraiment du haut niveau de branlage de manchouille, sans en faire des caisses non plus, ça s'appelle l'élégance), ouaip du Groove Metal si ça veut dire quelque chose, un soupçon de Thrash, du Hard Rock et basta.

Corrigez-moi si je me trompe, les spécialistes du Metal. Mais pas trop fort, hein, Je suis désolé moi quand j'ai découvert le Metal, c'était avec les catalogues Adipocere (je crois même avoir fait quelques commandes... par téléphone, en appelant le gars, quoi, c'est possible ça ?) et un ou deux potes qui me faisaient écouter des trucs. J'ai ensuite pioché à gauche à droite dans tous les styles de musique. J'aime la musique, je suis désolé, pas uniquement le Metal, pardon, pardon j'suis pas un vrai !

Pas bref : donc pas beaucoup d'arrachage Punk ou Hardcore ici, pour ça je vous conseillerais plutôt Chim Chim's Badass Revenge où ça schlarque bien entre deux tranches de Reggae/Ska sous amphèts et des riboulades Fusion bien pimentées.

Give A Monkey A Brain, c'est donc un album rutilant, à la base. Sauf qu'il s'est fait éclater la tronche par ces trois morceaux débiles et dantesques, certes, mais du coup une chanson comme ''No Fear'' me fait un peu tache et trop FM là au milieu. L'est belle, hein, mais c'est vraiment pas ma came, tout comme ''Lemon Meringue'' malgré tout son lustre et savoir-faire, ça me cause moins tout de même. C'est pour ça que cet opus du Bône n'a jamais été mon préféré.

Pourtant, en le réécoutant attentivement encore et encore, je me dis qu'il sonne dans l'ensemble bien mieux que dans mon souvenir, je le réhabilite donc totalement ! Ainsi, ne craignez pas, il deviendra peut-être votre petit chouchou à vous.

 

Eh mais attendez, je rembobine : l'est sorti quand le disque ?

Ah, en 1993.

Ouille. En pleine Nirvanamania. Pas du tout le délire de la plaque. Donc bien à côté, de l'autre plaque. Blam. Donc z'ont bu le bouillon, les poissons. Plouf.

 

Car c'est sophistiqué, tout ça, Madame. C'est le mot que je cherchais : sophistiqué. Et c'est du travail d'orfèvres. La production et le son passent mieux que sur Truth And Soul par exemple (bien beau disque cependant, si on zappe un ou deux titres trop, houm, Phil Collins), on sent qu'on est enfin sorti des eighties fluos, avec plein d'aigus dans le mix et cette manie aberrante de faire sonner les batteries comme des synthés ou des B.A.R., mais c'est encore très propre. Pas gênant selon moi, surtout en réécoutant cela... 31 ans plus tard, hein.

Je trouvais jadis les genres et les styles plus juxtaposés qu'ailleurs, à la réflexion tout cela est en réalité bien subtilement mélangé, sans que l'on voit les coutures.

Ici, ''Properties Of Propaganda (Fuck This Shit On Up)'' mélange à son Funk poisseux un thème discordant digne du générique de l'inspecteur Gadget, là ''Nutt Megalomaniac'' et son côté Bootsy's Rubber Band et Eddie Hazel friendly funkship enchaîne sans broncher sur des plans de piano limite ragtime.

Et à plein d'endroits humides et sombres, leur propre interprétation du Metal jaillit, unique en son genre. Comme ces chœurs lyrico-gothiques chantés par des griots dans le break de l'orientalisant ''Servitude'', avant l'arrivée des castagnettes (encore des castagnettes!). Comme ce basse-batterie incro-ya-ble qui fait tourner les gros riffs en bourrique avec un style inimitable. Ah ça, ils auront perdu un grand batteur au départ de Fish. Soupir : tout dernièrement, c'est le jadis indéboulonnable bassiste Norwood Fisher qui vient de se casser (ou de se faire virer, pour ce que ça change...).

Et merde.

Chris Dowd et Angelo Moore restent donc les seules racines originelles du crew. Si la fofolle série ne nous réserve pas encore d'autres rebondissements, bien entendu...

 

Et donc, comme pour la césure déchirante de ''Black Flowers'', il est difficile de passer sous silence la fracture, le tremblement de terre, qui changea le groupe à jamais juste après la sortie de ce disque.

Kendall Jones, guitariste en chef, membre fondateur et l'un des principaux compositeurs du groupe, pète officiellement les plombs, rejoint une secte religieuse, quitte donc le groupe... et... et tout s'emballe. Norwood le bassiste, persuadé qu'il va sauver son frère d'âme, organise une expédition pour le libérer de la secte et... et tout passe pour un enlèvement, le premier concerné portant plainte et tout finira au tribunal.

Norwood sera finalement acquitté, mais après quelles épreuves...

Comprenez que l'on ne peut pas parler de tournant dans la vie du groupe, mais plutôt d'un putain de crash.

Crash cumulé à leur crash commercial, car Give A Monkey malgré ses qualités et son côté plus accessible (pas tout le temps...) ne marchera pas du tout comme espéré. Ce fut donc surcumulé à un crash professionnel car ils seront alors virés de chez Sony. (Retour plus tard chez un indépendant pour sortir le mal-aimé, injustement mal aimé, Chim Chim, un bijoux pourtant je vous l'ai dit et je le répète.)

 

Et le groupe survivra. Et le groupe vit.

Nous sommes en 2024 / Il a été formé à la fin des années 70.

Ce n'est plus un exploit après ce chemin de croix (j'en passe, hein...), c'est un miracle.

 

Pfiou ! J'ai failli arrêter là mon épanchement lorsque j'ai réalisé que je n'avais pas parlé de deux titres parmi mes préférés, ou juste rapidement évoqués. Mais oui, vous le saviez déjà, il s'agit bien de ''Drunk Skitzo'' et de ''The Warmth Of Your Breath''. Pourquoi sont-ils mes préférés ?

Eh bien parce qu'ils sont complètement cintrés, qu'ils te retournent le ciboulot et qu'ils sont dotés d'une énergie dangereusement contagieuse.

Parce qu'ils donnent envie de gueuler avec eux ''Because... my Dad's a drunk, my Mom is a skitzo !'' ou ''May your dog's colon be familiar with the warmth of your breath !'' (pas facile, celle-là) pendant un gros plan Crossover, avant un passage presque... ambiant, joué avec la double patate (!!!) en continu, totalement halluciné, entre deux couches de psycho ska proto Bungle.

Parce qu'ils font cohabiter le jazz et le Thrashcore sans faire pouet-pouet-cotillons mais plutôt plongeon dans les ténèbres... ce qui n'empêche pas d'avoir le sens de l'humour.

 

Et hop cette fois c'est plié !

 

Je dédie cette chro à Ultimate Mother, groupe Fusion/Nawak des années 90 dans les environs de Belfort, des grands-frères spirituels en quelque sorte, inspirants et complètement barrés, oh-ho, ouais. Khaled cité en intro en était justement le chanteur (et Choupi, et Kiki et Cie!). Raccrochons les wagons.

Ultimate Mother : je parle là de gars inspirés notoirement par Mr. Bungle, hein, entre autres, dans les putain d'années 90, en foutue France-dortoir reculée ! Chez oam, quoi, déjà terre de Nawak, mec ! Au carrefour de la Haute-Saône, du Doubs et du Territoire de Belfort !

Improbable.

J'ai dû posséder un seul morceau de leur répertoire sur un disque promo de tremplin des Eurockéennes - ou un truc dans le genre. Mais découvrir CE morceau, ça a sans aucun doute eu une influence certaine sur votre humble serviteur.

Putain, je sais même plus si je leur ai déjà dit.

 

Bah, c'est à ça que servent les écrits, non ?

BANDE DE FIIIILS DE PUUUUUUUUUUUUUTES !!!

photo de El Gep
le 15/09/2024

15 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 15/09/2024 à 11:40:53

Damned, faut que je mette la main sur les sorties de ces fameux Ultimate Mother !!

cglaume

cglaume le 15/09/2024 à 12:08:15

Vas-y balance les mp3 Gep : Google sèche !!!

el gep

el gep le 15/09/2024 à 12:22:39

Ahahah !
J'ai rien, mec. rien que mes souvenirs d'UN SEUL MORCEAU !
Je crois pas qu'ils aient ''sorti'' quoi que ce soit.
Faudrait que je leur (re?)demande, tiens...

Eh oui, un seul morceau écouté mais ça a fait ''CLIC'' dans mon cerveau. "Aaaaaah?! On peut faire comme CA ??? Wouah !!''

cglaume

cglaume le 15/09/2024 à 12:33:38

** tristesse et frustration **

sepulturastaman

sepulturastaman le 15/09/2024 à 15:16:38

https://fishbone.bandcamp.com/album/give-a-monkey-a-brain-and-hell-swear-hes-the-center-of-the-universe

el gep

el gep le 15/09/2024 à 15:59:05

Euh ?
On parlait d'Ultimate Mother !

sepulturastaman

sepulturastaman le 15/09/2024 à 16:44:40

Oui bah ça va hein,

Aldorus Berthier

Aldorus Berthier le 15/09/2024 à 18:39:55

Rohla ça y est ma glande extrêmentale est bien titillée là

Xuaterc

Xuaterc le 15/09/2024 à 18:58:18

Quand j'étais au lycée, dans les années nonnantes, j'avais un ami bassiste, qui était notre grand maître es Groove et Funk, alors que je plongeais dans le Metal extrême, il me retenais par la culotte avec ses Keziah Jones et surtout Fishbone.
Ton excellente chronique a été aussi pur moi l'occasion de me replonger dans l'un de ses groupes que je n'avais pas écouté depuis cette époque, La Famille Bost
https://www.youtube.com/watch?v=nII6VpkBpo0

cglaume

cglaume le 15/09/2024 à 19:10:56

Sympa, très ska !

el gep

el gep le 17/09/2024 à 10:53:57

Ah connaissais pas, écouterai ça quand j'aurai un moment (même si le ska n'est pas préférence dans tout cela).

cglaume

cglaume le 17/09/2024 à 13:51:57

@Gep : il voudrait pas demander à Khaled si y aurait moyen de mettre nos papattes sur des enregistrements ? 😅

el gep

el gep le 17/09/2024 à 14:11:25

C'est fait. J'attends.

cglaume

cglaume le 17/09/2024 à 14:12:00

❤️❤️❤️

Xuaterc

Xuaterc le 17/09/2024 à 17:17:16

Ah m***e, j'avais oublié qu'il avait auss fait partie de ce groupe, signé chez Roadrunner
https://www.youtube.com/watch?v=QklmyF1cTLI

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