Melvins - Bad Mood Rising

Chronique CD album (41:38)

chronique Melvins - Bad Mood Rising

CANADA BUZZ HAS A WAY OF SEEING THROUGH MY EYES


Pour une vraie-fausse discographie des MELVINS - Chapitre 69 -

Les Melvins ont joué sous des tentures dans une oasis en plein Sahara pour le mariage de mon frère. Buzz Osborne est en réalité Canadien. Quelque part se situe la vérité, mais pour évaluer cela peut-être faudra-t-il commencer par le chapitre 1...
Ou pas. Voici.

 

Dès le début, ça ne filait pas droit avec ce disque.

Déjà, je ne pouvais pas l'acheter. Enfin, pas si je voulais donner mes sous, au moins partie congrue, aux gens qui bossent pour de vrai dans ou avec les Melvins. Et pas à MamazoneMaPute par exemple. Ou pas essentiellement donner ma thune à la poste américaine (et aux douanes).

Y'a fallu attendre un peu. Plus d'un an. Première fois en plus de vingt ans que je n'achetais pas un nouvel album des Melvins dans les deux mois grand max suivant sa sortie. Même quand j'étais très pauvre, je rognais sur le budget pâtes-saucisson-whiskypremierprix pour me le payer (sur un site discount, hé oui, pas le choix, là... D'ailleurs, vous avez déjà fait les fonds de cendriers pour récupérer à fumer ? Alors vous savez !).

Pis bon, je l'avais tout de même un peu écouté sur you-mateub!' l'été dernier quand j'étais en vacances occupé à faire de l'enduit garnissant en me pétant la gueule dans l'escalier et en déblayant des meubles géants fracassés arrachés du mur qui essayaient d'écraser notre gamine de sept ans.

Naon, là j'ai attendu pour le commander direct à Amphetamine Reptile Records (qui a produit toutes les versions de ce disque en exclusivité – absolument pas distribuées ici en SoufFrance – et pas du tout leurs amis de Ipecac, ce qui n'est pas habituel, aucune version chez Ipecac... pourquoi ?) et chopper en même temps d'autres sorties, dont les géniaux The Devil You Knew, The Devil You Know, la collab super avec Helms Alee et le bizarroïde hommage à Throbbing Gristle. Tant qu'à payer du frais de port de niqué...

Donc j'ai quand-même engraissé la poste et les douanes au passage, mais bon il fallait bien.

 

Il fallait bien car je me suis dit (nan c'est pas vrai, je mens, mais c'est pour la science) : « Oh mais merde, quoi, les Melvins, ces ICÔNES du Rock indépend...'

_ AH MAIS TA GUEULE !

Ben oui, ben non : sérieux, les icônes, quand j'étais jeune (et encore maintenant – c'est même pire – en quelque sorte)... on voulait toutes les cramer, bordel !

Non, pas vous ?

C'est quoi c'te mode d'iconique-ci, icône-ça, iconique-ta-race !?

J'l'ai lu, véridique, même sur les paquets d'putain d'Chocapiques, c'est écrit : « les céréales iconiques » ! AH-HA ! Comme Steve Albini, putain, et Romy Schneider : les Chocapiques, comme Jésus-Marie-Andouillette, Loana, le Prophète, Jul et Dicrap Pitt Kardashit !

Brûlez ! BRÛLEZ ! De l'essence, vite ! Et un briquet Bique... iconique !

 

Les Melvins, c'est des iconoclastes, des vrais, et ils ont bien raison. Les icônes sont faites pour brûler. Les icônes, c'est le fascisme.

Voilà.

Passons à autre chose, merci.

 

Musique !

 

Y commencent par les tambours de marbre et tu crois que ça va être du lent du lourd du Doom mais en fait non.

Et si on pouvait effectivement s'attendre à ce qu'une Melvinerie lourde et sordide aux chants hululants leur succède, il n'en sera rien : après la sorcellerie des voix inversées, un morceau faux-calme démarre brusquement, sans grand lien avec tout cela (crois-tu!), après un break heurté.

Et là, voilà : une fausse piste cramée Rock-Psyché, accrochez-vous, vous êtes entrés dans un album des Melvins, tout peut arriver.

Qu'ils parviennent encore à provoquer l'étonnement chez le connaisseur 249,57 albums plus tard est un exploit en soi. N'oublions jamais ça.

 

Pourtant, on ne devrait pas être tant surpris par le fait que les plages ne correspondent pas aux morceaux, les Melvins étant familiers du morceau collé au morceau-dans-le-morceau. Non, cette première piste de quatorze minutes n'est pas un de ces longs titres-fleuves lents et lourds et répétitifs dont ils ont également été spécialistes, mais une succession d'au moins trois mouvements différents, distincts et pas forcément unis autrement que par leur artifice purement formel. Ça sera un peu la même pour ''My Discomfort Is Radiant'', avec ce court morceau vivifiant collé à la fin.

 

Sauf que... le temps et et les écoutes passant, ''Mister Dog is Totally Right'' (''Monsieur chien a tout à fait raison, monsieur chien a toujours raison'', un truc très proche, presque sûr d'avoir entendu ça dans un film... mais lequel ?) est bien plus cohérent qu'il ne peut y paraître aux premières écoutes.

Il y a un vrai flux, un flow comme y disent les américains. Une logique. Une suite dans les idées. Un peu comme le magique ''Pain Equals Funny'' du tout dernier Tarantula Heart. C'est fin, c'est très fin. Parfois c'est juste un roulement de batterie (les tambours du début reviennent, détournés, plus loin, différemment, oui, oui!) qui me fait dire ''ah mais putain, oui, c'est ça, c'est un lien, ça se tient, waouh !''. Alors, voyez, je dis de la merde parfois (oh, très rarement, hein) et je sais le reconnaître (oh, encore plus rarement, n'est-ce pas ?).

 

Expectez l’inattendu et expectorez le convenu ! Pouah !

 

Pourtant, on est un peu dans la même fibre psychédélique (je pense beaucoup notamment à A Walk With Love And Death tout au long de cet album, peut-être à cause de sa mise en son, aussi) depuis l'arrivée de McDonald dans le groupe, avec dans ''Mister Dog...'' un mouvement qui fait le lien avec le début, j'ai vraiment menti, le sabbat revient, sous un riff éculé, mais joué de telle manière à la basse, et arrangé, de sorte qu'il ne sonne pas bateau du tout. On suppose que la guitare invitée de Dylan Carlson de Earth fait alors son nid.

Grande classe, on retombe dans la psychose, avec des harmonies et un traitement vocal saisissant : la dimension cauchemardesque est omniprésente et tentaculaire (avec en bonus une basse jouée en accords, puta madre !).

Très belle réussite, surtout qu'Ozzy Osbourne revient d'entre les morts vers la huitième minute. Si, si, c'est bien lui ! Si ! Vous ne me croyez pas ? ''Naaaa, na-na-naaa, na-na-naaaa'!' Plus vivant mort que vraiment vivant (alors en vie) !

Et à la fin... sonne le glas. Ô Mona Lisa glaçonne...

 

La bizarrerie décalée frappe à nouveau sur le colossal ''Never Say You're Sorry'' (jamais, jamais, désolé...). Si l'instru principale est constituée d'un riff MAOUSSE et brutal (petite ressemblance avec ''AMAZON'' du génial The Maggot), les couplets aux chants traînants entrelacés de guitares lancinantes contrastent dans des lamentations imprévues si plaintives qui s'élèvent avec les lumières mortes de la lune mauvaise.

 

Ça, c'était la face A, un très bon crû.

 

La face B, c'est pas que c'est pas bien mais bon, j'y ai moins retrouvé mes petits, et cet égarement perdure un peu, quoique de moins en moins au fil du temps... Un côté un peu plus pataud, j'ai trouvé, dans le Rock ternaire bien Glam de ''Hammering'', cette Pop-Wave stonerisée (lol) un peu branque dans ''My Discomfort Is Radiant'' (la relance avec un chouette plan de basse à 2:10 et le ''return of the black shadow !'' sauvent un peu tout ça avant le morceau-dans-le-morceau en final plus enlevé, c'est quand-même le titre que je trouve le moins chouette, les amis), avec tantôt ces guitares un peu trop replètes ou trop bouffonnes de chorus panoramiqué à surface arrière antidérapante, et ces harmonies vocales qui finissent parfois, selon l'humeur ou la lune, par agacer.

''It Won't Or It Might'' réussit tout de même à enchaîner (plusieurs fois!) le bourbeux collant bien graisseux et l'aérien : ''you'll have a wonderful time'' ! On ira jusqu'à prendre de l'hélium, avec ces chœurs du paradis, et une tonne de chorus (ou assimilé, fais pas ton Steve Albini), disais-je, sur la guitare et sur la basse, sur les voix, sur... TOUT, ou presque, ahah !

Mais surtout, ici on trouve... des castagnettes ! Comme dans le ''Job'' d'Iggy And The Stooges ! Des foutues castagnettes !!!

 

On se finira sur le très emporté, et très bon, ''The Receiver And The Empire State'', là encore cauchemardesque, oh putain ces voix ! Débit plus rapide, après les castagnettes c'est une darbouka (sic !, si, si, sick!) possédée qui trépignera tout le long du morceau, même quand elle sera sous-mixée, elle restera bien là, trépidante, apportant de la tension et du jus tout du long. D'ailleurs cette mélodie dans le grave qui arrive dans une vague sans prévenir, ce thème légèrement arabisant décliné autrement à partir des 01:50 environ, hein, sans en faire trop, on sent bien que le démon ben y vient pas du... du, du, ben du Canada, quoi. Pazuzu, l'est pas québecois, hein ?! Bon. Le r'vlà le Sahara ! Oui je place le Sahara en pleine Mésopotamie, c'est presque raciste, fake news is the fucking truth !

 

Yo Papazouzou, tas-vu ? J'ai zécrit Glâm tout à l'heure. Ben ouais, à l'occase le groupe désosse un étrange Glam-Rock qui en deviendrait bizarrement radiophonique dans le monde qui vit dans le reflet du miroir, vous savez, c'est le même monde, mais c'est pas le même. Tout est inversé, déjà. Peut-être que tout est froid et coupant, aussi, faudrait déjà commencer par pouvoir en revenir pour pouvoir en parler.

Y'a toujours eu ça dans les sorties des Melvins de ces dernières années, on trouvait déjà un jukebox fantôme dans un diner désert au détour de Hold it In avec des moignons des Butthole Surfers, vous vous souvenez ? Je l'ai réécouté dernièrement, et piouh quelle dinguerie biaisée aussi, notamment ''Sesame Street Meat'' avec la basse de Pinkus monstrueuse, un vrai géant de boue qui bouge et qui avale tout. Pis ''The Bunk Up'', pis...

Gnn.

Pis y'avait aussi la période avec Big Business, ces chants glorieux, qu'on retrouve un peu ici, un peu différemment tournés, un peu plus... malades, blêmes, moins solaires, plus... ha, vous l'aviez deviné : lunaires.

 

D'ailleurs, je voudrais pas faire mon lunatique, mais c'est quoi ces ''ouh-ouh ouh-houououou'' dans ''Hammering'' ? C'est un sample trituré, c'est leurs voix ? C'est zarby, c'est catchy, qu'est-ce ça fout là ?

Bah ça va très bien là, merci. On dirait qu'ils veulent faire la fête mais ils restent dans la salle d'à côté. Plus tard il en viendra des bruits étouffés, des cris, des rires, on dirait qu'ils s'amusent mais je n'en suis pas bien sûr... J'ose pas aller voir, qu'est-ce qu'on fait, on appelle la police ?

 

Quelque chose de dérangeant dérange dans cette deuxième partie de disque. C'est bien, que ça dérange, hein. Mais je sais pas, j'y trouve donc quelques boursouflures lipidiques parfois et...

LA FERME !

Ah mais putain mais ferme-la ! Franchement, tu te sens bien là, à critiquer le dur et talentueux travail d'autrui ? Tu serais capable d'en faire autant, toi, au bout de 40 ans de tournées incessantes, au bout de 35 ou 59 ou 77 albums et EP et autres ? T'arriverais à cette constance de qualité, d'audace et de personnalité, car oui, vraiment on peut pas dire que ça ressemble à un autre groupe, hein, c'est du pur Melvins, un style en soi, ce qui n'est vraiment pas rien, hein, alors bon, monsieur la grande bouche, là, vraiment faudrait peut-être un peu redescendre, si y'avait pas ce disque tu ne pourrais pas en parler, et si y'avait pas ce groupe la vie serait encore plus nulle. Par contre si toi t'écrivais pas tes chroniques de merde, ben... ça nous ferait des vacances.
Pis tu sais, c'est censé être de l'Art, non ? C'est pas fait pour te caresser le pommeau à chiffon dans le sens du poil comme à un toilettage pour chien de salon ! Quel intérêt si y'a rien qui te gratte quelque part ?

Tu veux qu'on prenne bien soin de toi et des tes petites certitudes, pauvre piti chéribibite ?

Ben pourquoi t'écoutes de la musique undeurgrounde alors ?

 

Soit. Amen.

Je voulais juste dire par là que, par exemple, l'album d'après, Tarantula Heart, sorti le 19 avril 2024, est encore mieux, et encore plus fou (pas certain-certain sur ce dernier point, question de point de vue).

Seule la mort pourra les arrêter.

 

Quoique... rien ne prouve que Dale Groover et Canada Buzz soient mortels.

Après les avoir vus jouer sous une tente au Sahara pour le mariage de mon frère, tout est possible.

 

photo de El Gep
le 08/07/2024

7 COMMENTAIRES

Dark Globe

Dark Globe le 10/07/2024 à 01:06:05

En gros c'est un album moyen, donc 5/10, mais vu que c'est les Melvins on peut pas réellement critiquer !?

On démonte parfois ce qui craint ici ou il y a toujours des circonstances atténuantes ?

cglaume

cglaume le 10/07/2024 à 06:32:11

Ici on chronique ce qui nous plait / motive. Donc fatalement les sales notes sont rares. Mais je crois bien que j’ai lu récemment un live report de Mr Bungle où ça se plaint beaucoup qqpart dans ces pages 😁

Moland

Moland le 10/07/2024 à 08:19:40

Et l'auteur dudit live report n'y va pas avec le dos de la main morte

el gep

el gep le 10/07/2024 à 09:01:54

Dark Globe: NON ce n'est pas un album moyen, où t'as vu ça ?
(c'est une question rhétorique)

el gep

el gep le 10/07/2024 à 09:38:41

Pis je me disais: c'est ça qui t'excite, lire des articles où ça démonte ? Gé-nial.
Perso j'ai compris y'a un moment que j'avais vraiment mieux à foutre que passer mon temps à démonter un disque.
Ça n'empêche pas la nuance, et il y en a beaucoup dans cette chronique des Melvins, tu ne sembles pas l'avoir saisi.

Dark Globe

Dark Globe le 10/07/2024 à 11:43:25

Mais non ça ne m'excite pas, mais au vu du pavé pas franchement enthousiasmant quand à la qualité de l'entièreté du disque je me pose des questions quant à la note attribuée !

el gep

el gep le 10/07/2024 à 11:57:04

J'en venais à douter de la clarté de mon texte, j'ai relu et ma foi, c'est pourtant limpide:
"Ça, c'était la face A, un très bon crû. La face B, c'est pas que c'est pas bien mais bon, j'y ai moins retrouvé mes petits, et cet égarement perdure un peu, quoique de moins en moins au fil du temps..."
"On se finira sur le très emporté, et très bon, ''The Receiver And The Empire State'
...et j'en passe...

Je résumé donc:
- première moitié: du très bon
- deuxième moitié: du moyen au milieu, du bon au début et du très bon à la fin. Du médiocre? Nulle part.

La note est donc complètement cohérente.
Mais la note est forcément débile. Noter un disque ?! D'où les chiffres après la virgule, gentille provocation.

Je finirai en disant que ce "seulement" bon disque des Melvins (selon moi) reste largement au-dessus du tout-venant, c'est ce que j'exprime aussi dans l'auto-critique de ma critique.

En espérant vous avoir éclairé, très cordialement, votre dévoué Gep.

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