Hellripper - The Affair of the Poisons

Chronique CD album (29:29)

chronique Hellripper - The Affair of the Poisons

La chronique récente du dernier album d’Hexecutor a réveillé de ce côté-ci de l’écran des envies d’excès en tous genres – sabbats outranciers, riffs démoniaques, cris perçants et mélodies brûlantes délicieusement surannées. Alors quitte à sombrer dans ce genre de trip rétrograde, autant ne pas lésiner sur la couche de too much. Ça tombe bien, le mois d’octobre dernier a vu la sortie de The Affair of the Poisons, second album de Hellripper qui ajoute au décor des Bretons susmentionnés un cocktail d’asphalte brûlée et de pneus cramés (façon Ghost Rider), une méchante crête et une hargne crassement Punk, ainsi qu’un supplément de fiel démoniaque qui – bien que l’album ne se cantonne pas à faire défiler pentagrammes, messes noires et croix renversées, mais aborde des événements historico-occultes ayant eu lieu sous le règne de Louis XIV – instaure une ambiance satanique certes plus ou moins en carton, mais néanmoins carrément savoureuse. Du genre de celle qui règne sous le grand chapiteau de Venom.

 

Mais ne retirons pas à Hellripper l’honneur de bénéficier d’une véritable présentation. One-man-band écossais ayant à son actif pas moins de 9 sorties en 4 ans (des EP et splits nombreux, une compil’ et un premier album en 2017), l’Eventreur de l’Enfer a tellement fait parler de lui qu’il a réussi non seulement à jouer aux côtés de Necrophobic, Wolfbrigade, Discharge ou encore Insanity Alert, mais également à s’attirer les bonnes grâces de Peaceville Records – label sur lequel sort le deuxième album dont-au-sujet-duquel cette chronique est afférente (et inversement). Moins purement Thrash mais plus rétro que Toxic Holocaust, moins purement Heavy mais plus Black/Punk qu’Hexecutor, la formation écossaise est certainement la plus furieuse du village. Elle rappelle d’ailleurs l’état d’esprit « bière / satan / bracelets à clous / bullet belt » tout en finesse arboré par ces groupes qui avaient rejoint le catalogue Osmose Records à la fin des 90s – Infernö, Gehenna, The Rocking Dildos, Loud Pipes – mais aussi par ceux qui, un peu avant Witchery, s’étaient mis en tête de mêler Black Metal et Heavy/Speed – cf. Bewitched et Demoniac. La prod de The Affair of the Poisons sent le vieux garage aux murs tagués de signes cabalistiques et au sol jonché de canettes vides, les postillons crachés sur le micro ont le PH acide d’un Mika Luttinen, les cuirs sont noircis à la cire Rock’n’Punk issue des ateliers Motörhead… Bref, on nage en plein SixSixSex, Drugs (du Speed!) & Rot’n’Roll!

 

Véloce, hostile et mélodique, la musique de Hellripper laisse avant tout la part belle à de généreuses guitares (... même si l‘on y discerne également le galop discret d’une basse légèrement steveharrissienne). D’ailleurs, malgré le visage nettement Punk de nombreuses compos (ça débite régulièrement du D-beat), chacun des 8 morceaux bénéficie d’au moins un bon vieux solo – quand ce n’est pas de beaucoup plus! Démarrant très fort sur l’hymne Thrash/Speed/Black « The Affair of the Poisons », la tracklist prend vite un virage plus perfecto & tête-de-mort-dans-l’dos, « Vampire’s Grave » allant jusqu’à démarrer sur un « Ouan’ Tou’ Three’ Foooor – All’ wouaille’te », ces 2 derniers mots semblant émaner directement d’entre les dents serrées de Lemmy. Puis, après un « Beyond the Convent Walls » brûlant du kérosène comme un Hell’s Angel priapique au volant d’un concorde mad-maxien, arrive une doublette qui ne peut pas – je suis sûr que ça se démontre scientifiquement – être écoutée sagement le cul vissé sur son tabouret. Car si les 4 premiers morceaux de l’album nous ont déjà fait un shampoing des sourcils avec de l'extrait de jus de molaires, « Savage Blasphemy » et « Hexennacht » achèvent l’auditeur en mode Ken le Survivant (« J’ai vitrifié ta moelle épinière en 5 coups portés en 5 points vitaux… Dans exactement 5 secondes, ta nuque va se désintégrer lors d’un dernier headbang létal »). Lapidaires, punitifs, définitifs, ces 2 titres extrêmement concis sont aussi sévères que véloces, aussi accrocheurs que brûlants. Si à leur écoute vous ne jurez pas de servir le malin et de faire vos ablutions quotidiennes dans du sang de vierge mêlé de Valstar, c’est que vous êtes Mère Teresa.

 

Ralentissant de 400 à 350 km/h, « Blood Orgy of the She-Devils » pose notre cul de rockeur à califourchon sur une roquette lancée à toute blinde en direction du QG levalloisiens des Balkany, avant de se lancer dans un dernier baroud d’honneur se payant le luxe de finir l’album avec élégance.

 

C’est haletant et un point de côté nous mordant l’entre-côtes qu’on finit l’écoute de The Affair of the Poisons. Avec cette satisfaction masochiste d’avoir peut-être perdu une incisive, mais également d'avoir chiqué le mollet d’un parfait con, le tout au cours d'un pogo d'enfer célébrant le meilleur morceau du meilleur groupe de la soirée. C’est bête, jouissif, addictif, libérateur. Et bien meilleur que ces nombreux albums régressifs qui ne font que ressasser sans rehausser. Ici les étincelles pleuvent en cascade à chaque heurts de ces vieux silex qui allument le feu plus efficacement que n’importe quel lance-flamme à grosse prod’. Pour un peu on aurait l’impression d’avant 18 piges nom de Dieu!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Satan, Blood, Speed & Rock’n’Roll! C’est le slogan basique qui résume le mieux l’état d’esprit dans lequel The Affair of the Poisons plonge l’auditeur. Excessif, expéditif, mais également incroyablement accrocheur, le mélange de Speed Metal, de Punk, de Black, de Thrash et de Rock’n’Roll proposé par Hellripper est de ces étincelles qui produisent immanquablement des explosions en cascade dans les cœurs et les oreilles des métalleux sachant lâcher la bride à leur Moi reptilien.  

photo de Cglaume
le 22/01/2021

9 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 22/01/2021 à 10:44:18

9/10 à bah non  !!! Un bon 7,5 suffira amplement

cglaume

cglaume le 22/01/2021 à 13:53:12

Oh que non. Il n'est pas aussi haut dans mon Top pour rien. Va donc laver tes oreilles à grandes eaux vil nihiliste :P

Hatespherex

Hatespherex le 22/01/2021 à 17:27:02

Superbe découverte la production me rappelle kill em all de Metallica

cglaume

cglaume le 22/01/2021 à 17:59:06

Ouaip, mène qu'on a envie de beugler quelques Jump in the Fire! sur "Beyond the Convent Walls" :)

cglaume

cglaume le 22/01/2021 à 17:59:15

Ouaip, mène qu'on a envie de beugler quelques Jump in the Fire! sur "Beyond the Convent Walls" :)

cglaume

cglaume le 22/01/2021 à 18:01:48

Oups, le bégaiement! Et puis je voulais écrire "même qu'on" :/

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 22/01/2021 à 18:28:03

Voilà ça, ça s'appelle la Grimbergen... Comme Hatespontex qui cause de son vintage comme de sa première éjac. C'est du Black Punk qui a écouté Motörhead et Zeke. C'est fun, c'est cool: 7,5/10. 

Saint_Sixtus

Saint_Sixtus le 26/01/2021 à 20:24:58

Excellente chro, j'ai bien rit !!!
Bien vu le rapprochement avec Osmose Productions, on aurait presque aussi pu ajouter Driller Killer dans la liste de groupes de cette époque ...
Sinon je ne connaissais pas ce groupe, mais à l'écoute du Bandcamp, c'est pas mal du tout !!! Merci pour la découverte

cglaume

cglaume le 27/01/2021 à 06:23:37

Merci :)  Au passage, j'ai profité de Bandcamp pour jeter une oreille sur les albums précédents : il y a moyen de se régaler tout autant avec !

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