Mogwai - Central belters

Chronique CD album (180:00)

chronique Mogwai - Central belters

Le piège à éviter est de ne pas tomber dans l'ode prosaïque à Mogwai. Je me suis alors forcé à avoir de mauvaises pensées pour lancer cette chronique. Un truc du genre :

-"Central belters" n'est qu'un best-of qui vient renflouer les caisses du label Rock action.
-Les vingt années d'existence du groupe ne sont qu'un prétexte pour sortir un best-of ou pour nous inonder d'une flopée de rééditions inutiles.
-Les mecs sont écossais, alors on ressort ce cliché mondial carrément usé et stupide pour trouver une justification à cette sortie : les mecs sont des gripsous.


Ok, maintenant que l'on a battu le record du monde de conneries en un seul paragraphe, il s'agit de rappeler qu'on parle de Mogwai. Un groupe qui a tant fait...ou presque tout fait.
Et qui ne s'est jamais planté...ou alors si peu.
Puis, lorsqu'on s'appelle Mogwai, après 8 albums, une flopée d'EP, sortir un best-of deviendrait presque une mission aussi périlleuse que l'écriture d'un album.
Même si elle se décline en 3 CD (ou 6 LP).
La bande peut donc se permettre ce qu'elle veut avec sa compilation, puisqu'elle va balayer un genre qu'elle a créé, modelé, remodelé même, sans jamais perdre de sa créativité.

Pas un grand groupe : le meilleur. (Aïe, ça pue l'ode prosaïque quand même).
 

Cette compilation en est la preuve. De 1997 à 2013, pas un titre en deçà. Pire (ou mieux pour le groupe) : des choix cornéliens qui ont mis sur la touche des éclats de génie.

Tu peux penser que j'en fais des caisses, mais pourtant, comment ne pas accrocher à un disque qui regroupe le meilleur de "Come on die young", de "Rock Action"
On commence par redécouvrir ce post-rock qui avait des airs de shoegaze 90's, ce post-rock capable de retirer l'ennui des compos et de mêler une grosse guitare.

On ne regarde jamais sa montre lorsque "Christmas Steps" ou "Take me somewhere nice" achèvent leurs 10 minutes.
Et "Mogwai fear Satan" : 16 minutes? Le seul morceau capable de me foutre encore les jetons, après des milliers d'écoutes, lorsque les guitares se réveillent ou de m'apaiser sur ce petit air de flûte qui siffle.

"My father, my king" sorti en 2001 est long de 20 minutes ? Ok.
Un gros morceau pour un titre bien méconnu. Pas le plus intéressant, je te l'accorde, mais le plus symbolique.
Celui d'une fin de concert (parfois), celui de guitares folles à la suite de minutes calmes et reposantes. Un titre à l'image de Mogwai : un peu décalé, toujours inattendu et surprenant.

Avant cette clôture, il y a tout de même trois heures de musique...et une tracklist qui semble avoir été choisi avec logique. Loin de la simple compilation, l'écoute se fait avec un regard dans le rétro.
 

CD1 : 1997-2003
Le post-rock : intense, mélancolique, hurlant. Ce premier disque revient sur la jeunesse d'un groupe plus fougueux, qui se prend parfois les pieds dans ses exagérations.
Mais qui se rattrape en crevant le plafond de l'émotion, en faisant plus que dépasser les limites : le premier regard dans le rétro était là. Les écossais étaient devenus une bête incontrôlable dans ce monde musical.
Il était déjà trop tard et tant mieux.
 

CD2 : 2006-2014
L'ouverture sur 4 titres de "Mr Beast" montre la place que cet album a pris dans la carrière du groupe et pour les fans. Et pourtant...il manque "Glasgow Mega-snake" qui n'avait peut-être pas sa place dans la logique musicale de cette compilation.
Peut-être trop éléctrique, il aurait cassé une dynamique plus post, autrement calme. Les morceaux choisis sont ici marqués par un piano et pas mal de douceur. Un calme rock toujours apparent, fragile qui cache bien d'autres richesses, entre l'electro et les instruments plus conventionnels.
Les albums suivants sont fort bien représentés également et l'on avance lentement avec des morceaux à la fois...oniriques, mélancoliques et modernes...
Doucement, on avance sur la période Rave tapes / Music Industry dont on a déjà bien assez parlé sur le zine. 
 

Vient alors le CD3.
Le cd qui montre encore que Mogwai est vraiment à part, celui qui ne fait pas le taf pour les fans...mais pour la musique.
Faces B oubliées, improbables ("Earth division" qui m'avait totalement échappé ces 15 dernières années), titres de BOF ("Zidane" et "Les revenants") et j'en passe, ce cd est clairement le plus faiblard, mais il nous plonge dans l'intimité musicale du groupe.
Partageant ses bouts de musique cachés, mal mis en avant, qui ne sont offerts qu'au live, ces titres, inégaux, peuvent aussi avoir un pouvoir émotionnel puissant comme sur "Half time" (dont l'intérêt ciné est secondaire, pour une BO d'élite).
Durant ce disque, exit donc la logique musicale qui semblait s'être imposée sur les cds précédents. Oublions également le regroupement quasi chronologique...ce qui n'est pas plus mal !
On se sent calé dans un siège, direction les montagnes russes émotionnelles avec cette fin de compil', pile ce qu'il fallait pour nuancer mon ode à Mogwai.

Mais qu'importe.

Les groupes capables de caler 3h ou 34 titres aussi bons se comptent sur les doigts de la main d'un Simpson. Si l'objet conviendra plus aux fans hardcore , qui n'y feront que bien peu de découvertes, il est pourtant le moyen idéal de se faire les oreilles lorsqu'on est encore une jeune pucelle du génie musical des écossais. La version CD est d'ailleurs hyper accessible question prix, la version vinyle un peu moins (17€ contre 56€ d'après ce que j'ai vu en boutique).  
Dans tous les cas, rien pour que pour la qualité de ses morceaux (qui n'ont cependant subi aucun remaster d'après mes oreilles), ce coffret triple disque ou sextuple LP a des allures de Must-have...

photo de Tookie
le 10/12/2015

1 COMMENTAIRE

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 11/12/2015 à 09:35:02

Rien que le CD2 a des allures de meilleur best of post-R, de tous les temps ^^

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