Entombed A.d. - Wolverine Blues

Chronique CD album (35:20)

chronique Entombed A.d. - Wolverine Blues

Bon alors c’est vrai: sur Hollowman, Entombed avait déjà plus ou moins abandonné la traque de  zombies à l’ancienne – la machette à la main, dans les marais brumeux et glacés de la Riviera stockholmoise – pour passer à une chasse plus "Safari, yeah Baby!" à dos de Harley, bouteille de Jack D. à la main, tenue de camouflage à base de chemise à fleurs et pattes d’eph’, cette fois à travers les marécages de Nouvelle Orléans (« … euh, t’es sûr: une Harley dans des marécages? Et des hippies façon Hell’s Angels? » « T’occupes: je fais dans l’image »). M’enfin quoi: ce n’était qu’un EP, autrement dit le genre de sortie qui permet d’assouvir ses pulsions les plus honteuses et les plus « hors cadre »! Vous croyiez vraiment qu’ils allaient continuer dans cette voie « Horror stoner death’n’roll »? Les papes du Swedeath? Ah ah, ils sont mignons…

 

Sauf que si, bien sûr, et pas qu’un peu. Sur Wolverine Blues (qui n’est autre que le titre de l’un des morceaux de l’EP les plus emblématiques de la nouvelle orientation), Alex, Nicke, Lars et les autres persistent et signent en plein dans la continuité du fameux EP, autrement dit dans la voie d’un death fangeux s’ouvrant autant au hard rock « garage » de vieux motard qu’à la distorsion « so 70s » du stoner le plus chanvré. Le magma plombé des guitares basaltiques de jadis se fond désormais dans l’épaisseur crasseuse du fuzz stoner. Côté solos, ça balance à présent entre cambouis, whiskey, blues et effusions psychédéliques. Et puis il est clair que le Gods of Grind Tour effectué en compagnie de Cathedral a laissé des traces, la patte (‘chouli) de ces derniers – très « sandales, Chabichou et bédo dans la prairie » – se faisant sentir de plus en plus fréquemment au sein des compos suédoises (tiens: la batterie au tout début de « Out Of Hand », les passages les plus Youpla de « Blood Song », le solo de « Heaven’s Die »… Et bien sûr le tambourin baba cool de « Hollowman »). A un tel point qu’on n’est pas loin de se dire que la chronique de ce classique aurait peut-être plutôt dû échoir à un Carcinos ou à un Viking Jazz (les « spécialistes » es-pétard et rythmes psyché-funèbres de ce webzine) plutôt qu’à un amateur de vieux death qui colle aux 'tiags. C’est que le mélange des mondes fonctionne tellement bien que, plutôt que de visualiser les habituels psychopathes, cadavres récalcitrants et autres malédictions coutumières de l’imagerie du death suédois, à l’écoute de « Contempt » on a presque l’impression de percevoir cette menace maligne et rampante que l’on associe habituellement au vaudou… De Nouvelle Orléans, voilà, c'est ça.

 

Alors certes: la perte du côté putride et – ne nous voilons pas la face – d’un peu de la puissance, de la profondeur, et du côté épique qui nous avaient envoutés sur les 2 premiers albums laisse comme une impression amère de trop peu chez les indécrottables rétrogrades que nous sommes. Le Entombed nouveau est plus direct, plus « garage », voire plus nonchalant parfois (« Demon »). Mais aussi plus groovy et plus gouailleur. Si Hollowman nous avait déjà prouvé que ce nouveau visage pouvait s’avérer tout aussi (bien que différemment) séduisant que l’ancien, ce 3e album apporte un sérieux argument de plus en la présence de « Contempt ». Menaçant, puissamment groovy et viscéralement maléfique, armé du pouvoir de séduction mortel du serpent hypnotisant sa victime, ce morceau est la grosse réussite de Wolverine Blues (je ne compte pas les morceaux « Hollowman » et « Wolverine Blues » – en version instrumentale pour ce dernier – qui figuraient déjà sur l’EP).

 

D’ailleurs c’est sans doute là la principale "faiblesse" de cet album: ne proposer qu’un seul nouveau morceau qui déchire tout – les autres titres étant certes bons (quoique « Demon » et « Full of Hell » soient sans prétention), mais pas non plus légendaires. Car c’est bien ça que l’on attendait du groupe depuis son premier coup d'éclat: une page d’histoire, de nouveaux livres saints pour alimenter la Bible du Death. Et ce n’est pas exactement ce qu’offre la nouvelle tracklist, même si les « Eyemaster », « Rotten Soil », « Blood Song », « Heaven’s Die » et « Out Of Hand » (ce dernier en particulier!) soient tout à fait recommandables.

 

Mais je suis sûr que ma plume et mon petit cœur seraient bien plus en proie à un feu ardent si Cathedral, Black Sab’ et Electric Wizard étaient aussi haut sur mon podium personnel que Death, Carcass et Cannibal Corpse. Alors restons objectif: Wolverine Blues est une belle confirmation de ce que laissait miroiter Hollowman. Et s’il abandonne en grande partie l’identité stockholmoise qui avait fait sa réputation au profit de sonorités "sudistes" d’outre-Atlantique, il n’en reste pas moins une pierre angulaire (angulaire? non: fondatrice) de tout le mouvement death’n’roll. Alors, respect. Et on se boit un bon vieux Four Roses en se repassant « Contempt »!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Bye bye zombies, brumes glacées et death de fond de crypte fangeuse. Welcome garage cradingue, bourbon tiède et soirée défonce entre Hippies from Hell. Wolverine Blues confirme le cap pris sur Hollowman en injectant du gros hard rock de biker et le fuzz fumeux du stoner dans la disto’ des Sunlight Studios pour emmener toute une vague de groupes réconcilier ces différentes scènes au sein du club Death’n’roll. Tant pis pour les nostalgiques, tant mieux pour les amateurs de noirceur juteuse.

photo de Cglaume
le 15/03/2015

7 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 15/03/2015 à 10:37:37

Ben moi, sur le Riviera stockholmoise, j'ai pris des coup de soleil.

cglaume

cglaume le 15/03/2015 à 13:32:51

Ouais mais toi tu fais rien qu'à y aller l'été aussi :P

Margoth

Margoth le 16/03/2015 à 13:43:14

Malgré tout mon respect pour Left Hand Path, je préfère quand même la direction death'n roll d'Entombed. Malgré tout, même s'il reste majeur dans le contexte de son époque, je trouve Wolverine Blues un brin trop surestimé. Au final, je préfère le propos plus léger et plus fun d'Uprising ou encore Same Difference

cglaume

cglaume le 16/03/2015 à 15:45:05

"Same Difference", voilà une bonne idée de chro rétro dis: allez Margoth ! ;)

Margoth

Margoth le 17/03/2015 à 22:08:05

C'est moi ou je finirai gentiment lynchée si j'admettais sur la place publique tout le bien que je pense de cet album ;) ? Plus sérieusement, coucher une bafouille sur Same Difference, ça devrait être dans mes cordes ^^

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 17/03/2015 à 22:37:37

Leur album le plus faible de leur disco pour moi... qui se coltera avec "Too Ride, Shoot Straight..." :)

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 17/03/2015 à 22:38:07

"TO Ride"... ouais !

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