Plastic Catastrophe With Lord Nelson - The Fire Starters

Chronique CD album (50:27)

chronique Plastic Catastrophe With Lord Nelson - The Fire Starters

« R U READY 4 US? »

(traduction: « On arrive dans la plass’: T prè ou Koi? »)

 

C’est la question frontale qui nous est posée dès que l’on franchit le seuil de The Fire Starters. Avec la finesse du coup de boule qui fait éclater la cloison nasale, la syntaxe du bagnard qui envoie un SMS à son contact hors des murs, et la lourdeur inexorable de vocaux massue et de riffs massifs martelés pour rentrer même dans les boîtes crânienne les plus épaisses… Bienvenue sur le ring Rap Metal de Plastic Catastrophe with Lord Nelson, formation fraîchement démoulée par le Lord Nelson en question (ex-frontman de Stuck Mojo sur Southern Born Killers et The Great Revival) et son compère Matt Acevedo (guitariste et producteur inconnu à mon bataillon). Le propos est clair: t'es prêt à te manger du lourd, gros?

 

Au terme de ces 4 minutes introductives faisant preuve d’autant de diplomatie et de subtilité qu’un échange Erdogan / Trump, on se dit qu’on va morfler sévère. Et l’on espère un peu que la suite va être moins bourrative, parce que 50 minutes de ce que Stuck Mojo a fait de plus binaire dans sa longue carrière, ça risque d’être un peu lourd pour notre pauvre petit estomac. Même si ce titre de bienvenue est finalement bien sympa, derrière sa grossière rugosité. Heureusement la suite s’avère bien plus variée, et si l’on est régulièrement invité à retourner dans le pit pour y effectuer la danse du gorille, l’album en passe par bien d’autres atmosphères, des plus cool’n’groove aux plus flippées. Car si Plastic Catastrophe with Lord Nelson reste solidement campé sur des fondations Rap Metal tradi’, il sait quand même varier son propos, équilibrant les accès hargneux à la Stuck Mojo / Body Count (sans la lourde Gangsta touch) avec une bonne vieille décontraction rappelant le dernier 24/7 Spyz. On croirait par ailleurs entendre Benji de Skindred sur le refrain de « Come And Get It », ainsi que Mike Muir sur celui de « Everything That I’ve Been Told »… Et la musique est au diapason des vocaux: il y a 13 titres à faire passer, le groupe a donc judicieusement décider de dire non à la linéarité.

 

Sur la « face A » de ce premier album, les 2 lascars nous prouvent qu’en effet, le plastique c’est fantastique. « Come And Get It » est une bombe d’énergie pure, à la fois piquante et chaleureuse, et forte d’un refrain good-and-easy légèrement rastaïfié. « Action! » dégaine le piano lugubre et le rire sardonique pour nous replonger dans ces nuits de vengeance psycho dont les Ice T boys sont coutumiers. Pour faire passer cette grosse charge de stress, « Everything That I’ve Been Told » fait ensuite dégouliner un groove indolent rappelant la décontraction de The Soundtrack To The Innermost Galaxy… Jusqu’à ce que des coulées d’angoisse insidieuses se glissent dans les interstices. Mais une lead bien funky et un solo tranquillou séparent vite les belligérants, histoire que la tension ne monte pas trop. « Never Should I » peut se targuer de s’ouvrir sur un riff particulièrement effilé, qui va cependant vite s’épaissir: après avoir incisé, le groupe aime marteler dans la plaie ouverte. Mais il ne reste jamais dans la violence gratuite, et vient nous caresser à nouveau avec des passages en transat plus ambiancés. Pour aborder LE sujet qui aura fait de 2020 l’année de la pizza/canap’ plutôt que de la binouse/concert, « Pandemic » quitte quasiment complètement sa carapace Metal pour dégainer une Trap sinueuse, insidieuse, mais terriblement sexy, qui finalement ne dénote pas complètement dans ce contexte (il faut dire que la guitare finit par revenir, et que l’atmosphère est particulièrement vicieuse). Dernier représentant de cette belle tranche de Fusion « canal historique », « On a Mission » sonne fat, pesant, mais se révèle en même temps cool et incroyablement stylé. On hoche la tête pour marquer à la fois le rythme et notre approbation devant tant de pertinente évidence et d’efficacité.

 

Encore 6 titres pour la « face B », parmi lesquels – malheureusement – au moins 3 de trop. Et il faut reconnaître que ce déséquilibre malvenu plombe bêtement notre appréciation globale de l’album. Non c’est vrai: pourquoi « The Fire Starters » – le morceau-titre putain! – est-il aussi balourd? Un peu à la manière de « R U Ready 4 Us » dites-vous? Non, encore plus gras, et plus plat. Certes ça passe, à la manière des plus bas du front des titres de Body Count. Mais honnêtement il n’y avait pas de quoi en faire un porte-étendard. Quelques encablures plus loin, « Winner » fait pourtant encore bien pire. Mou, répétitif, tout dépenaillé du chant, la nonchalance dont fait preuve le groupe sur ce titre confine au je-m’en-foutisme. Pour le dire autrement on se fait chier durant 3 minutes 11. Dernière grosse sortie de route, « You Can’t Hold Us Down » termine la virée sur une séquence bien trop coulante, façon calandos trop fait abandonné au soleil. Les couplets conservent une certaine énergie, mais le gros du titre nous dégouline sur les paupières comme pour tenter de les fermer plutôt que d'y allumer le feu sacré. Drôle de façon de nous souhaiter bon vent! Heureusement, entre les gouttes acides l'on tombe sur un « Heat Seekers » à la fois tendu et chaloupé, peu varié mais très sympa, ainsi que sur « YDK », fat de chez fat, groovy et gouailleur, dont le refrain va cligner de l’œil vers Living Colour. C’est là-dessus que le groupe aurait dû nous abandonner ‘di Diou!

 

Alors vous l’aurez compris: le tableau n’est pas immaculé. Malgré leur expérience, Lord Nelson et son compère ont commis quelques bourdes qui leur coûtent une belle grosse note bien reluisante. N’empêche: cette gouaille, cette patate, ce bel équilibre entre tartes dans la trogne et claques dans le dos font de The Fire Starters la bande-son idéale de vos douches Zest Citron et de vos virées en camion. Et un bon digeo à s’enfiler après une Nième écoute de Carnivore.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: maniant tout autant le bagou menaçant, le flow et les riffs marteaux-pilons que la gouaille décontract’ et le groove bienveillant, le premier album de Plastic Catastrophe with Lord Nelson trace sa route quelque-part entre Stuck Mojo, Body Count et 24/7 Spyz. Et s’il est vrai que quelques bourdes entachent sa 2e mi-temps, cela ne l’empêche pas de s’avérer quand même sacrément séduisant.

photo de Cglaume
le 08/11/2020

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