Russkaja - Peace, Love & Russian Roll
Chronique CD album (43:55)

- Style
Fusion [Vod-]Ska’n’Roll - Label(s)
Napalm Records - Sortie
2015
écouter "Rock'n'Roll Today"
Sortez la Smirnoff, le poncho, la chapka et le parasol: le 4e album de Russkaja s'apprête à nouveau à nous emmener bronzer sous le froid soleil des tropiques russes! Vous aviez adoré faire votre zumba matinale sur la plage sibérienne d'Energia! ? Peace, Love & Russian Roll vous permettra de varier les plaisirs sans changer fondamentalement l'ambiance sonore de vos séances de fitness. Car la formule gagnante qui nous avait conduits à élire le précédent album des autrichiens en 2e position de notre Top 2013 n'a pas fondamentalement changée: Ska speedé, cuivres mariachisant, violon et douce nostalgie slave, R roulés avec gourmandise, basse plantigrade, cosmopolitisme joyeux, “La La Laï” et autres “Hey! Hey!”... Si vous aviez adhéré à la formule doucement oxymoresque des ces Manu Chao de la Volga, vous ne serez pas trop dépaysés par la suite de leurs aventures discographiques.
Quoique...
Allez, après tout on est là pour vous dire la vérité: si vous êtes attachés à ce que la 6 cordes vous secoue bien fort par les bretelles en vous soufflant de puissants riffs metal dans les bronches, gare, vous allez tirer un peu la tronche lors de la première écoute de ce nouvel opus. Car, sans non plus remiser sa panoplie de thrasheur au placard, le groupe a raboté un peu sa Metal Edge afin que ses angles soient moins pointus. Et de fait, par moments on se dit que les fans de la Mano Negra, des Sinsemilia ou de Dubioza Kolektiv dans sa version la plus festivement Ska kifferont tout autant si ce n'est plus cette invitation à faire la fête sous-le-soleil-exactement. Anecdotiques – quand ce n'est pas complètement inexistants – sont les relents métalliques sur un “There Was A Time” à la puissante mélancolie positive, sur la caresse Ska “Lovegorod”, sur la Sweet Brassens Summer Song “Parachute”, sur la complainte pour rastaman neurasthénique “Salty Rain” ou sur la love song texane “Radio Song”... Sachez-le. Car Energia! ne nous a préparés qu'en partie à cette disette gros-metal-poilu-esque.
Après, pour peu que la bonne humeur balancée à 200 km/h et les métissages déconnants vous touchent un tant soit peu, au bout de quelques écoutes vous serez convertis. Car on est une fois encore pris par la main et entraînés dans une folle sarabande multicolore où brillent tout particulièrement “You Are The Revolution”, “Hometown Polka”, le zapatesque (là on parle d'Emiliano, pas de Franck) “El Pueblo Unido”, “Slap Your Face”, “Rock'n'Roll Today” ou encore “There Was A Time”. Et puis au moins, cette fois le groupe a appris de ses erreurs: plutôt que du chamallow fondu, c'est le fonceur et joyeux morceau-titre qui se charge des au-revoir sur un dernier tour de piste sentant bon la fanfare musclée d'un Grand Cirque de Moscou reconvertie aux exubérances bal(s)kaniques et au Rock'n'Roll.
Du coup, c'est simple: après avoir joué un temps les oiseaux de mauvaise augure en prétendant à qui voulait l'entendre que “Ouaaais, le nouveau Ruskajaaaa, tout çaaa, c'est devenu du Youpi-Youpla pour le 3e âge”, eh bien le lapin jaune a finalement pris des billets pour sa pomme et toute la Bugs Bunny family afin d'aller voir le groupe en novembre, au Glazart. On s'y retrouve?
La chronique, version courte: oui, c'est vrai: si Russkaja voulait définitivement annuler ses chances de jouer un jour au Hellfest, sortir Peace, Love & Russian Roll serait particulièrement bien joué. Parce qu'au milieu de la bonne humeur communicative, du Ska bondissant et de toutes ces joyeuses slaveries croisées au soleil d'Amérique du Sud, il reste de moins en moins de place pour le feu du Metal. Sauf qu'il est quand même encore un peu là. Et que ces nouveaux titres sont, pour beaucoup, une nouvelle fois excellents. Bref: “C'est vous qui voyez: 'y en a qu'on essayé, ils ont pris leur pied!”
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