Sarcator - Alkahest
Chronique CD album (58:35)

- Style
Blackened Thrash’n’Roll mélodique - Label(s)
Autoproduction - Date de sortie
4 novembre 2022 - Lieu d'enregistrement Studio-MT
- écouter via bandcamp
Sarcator, les aminches. On ne sait pas trop si le nom claque ou s’il est ridicule. Ça dépend des potes avec qui l’on traîne quand on tombe dessus, et de combien de grammes on a alors dans le sang. Derrière ce logo piquant se cachent de jeunes Suédois âgés de 17 à 23 ans… Un peu la même tranche d'âge que Dismember à ses débuts, c’est ça – je suis un vieux con, j’ai le droit à des comparaisons rétro, non mais. Les loustics sont fans de Thrash old school, notamment teuton, de Death/Thrash mélo également (At The Gates, The Crown & co), et de Metallica aussi – d’ailleurs ils ont commencé comme un groupe de reprises de ces derniers. Et ces goûts se reflètent jusque dans leur blaze, puisque Sarc-ator n’est autre que le scalp et les mirettes de Sarc-ófago placés pile au-dessus du tarin et des chicots de Kre-ator. D’ailleurs on se dit qu’on l’a échappé belle, parce qu’At The Gago ou Metal-licorwn (en trichant un peu), là c’est sûr, même en se forçant on n’aurait pas pu.
Mais avant de rentrer dans le vif de la chronique, évoquons quelques éléments d’importance. Et pour commencer le fait que le premier album de nos jeunes vikings a semble-t-il impressionné la scène locale ainsi que les alentours proches, ce second chapitre ayant dès lors la lourde tâche de confirmer les espoirs placés en eux. Autre sujet notable : à la guitare et au chant on trouve Mateo Tervonen, dont le père n’est autre que Marko Tervonen, guitariste et compositeur de… The Crown. Voilà. Ça rappelle un peu la paire Dutronc & Dutronc (ou Cavalera & Cavalera), mais avec les poils et les pentacles en plus. Et pour le coup le lien père-fils ne se contente pas d’être génétique, puisque daddy s’est ici occupé de l’enregistrement, du mixage et du mastering.
Maintenant revenons-en si vous le voulez bien aux décibels rugis par nos enceintes. Car nom de nom, oui, c’est bien de rugissements dont il s’agit quand on lance Alkahest ! Bon dieu, « Ascend » est de ces titres qui brûlent le carburant avec la même prodigalité qu'un lanceur Ariane explosant à même la rampe de lancement ! Durant à peine plus de 3 minutes, ce petit missile donne l’impression d’écouter du War Metal exécuté par un Impaled Nazarene furax auquel il resterait juste assez de lucidité pour jouer hyper carré et ne pas totalement oublier ce qu’est la mélodie. Typiquement le genre d’accueil qui laisse l’auditeur le bazooka frémissant, les molaires baignant dans l’hémoglobine ennemie, prêt à réduire en cendres des bataillons de Tchétchènes et la garde rapprochée de Poutine sans aucun soutien logistique extérieur.
Et puis soudainement, Plop!, « Perdition's Hand ». Du Rock’n’Roll de papy. Sexy hein, les papys, et puis épaulés par un chanteur qui grogne comme s’il devait pécho une gargouille. Mais du Rock. Ou du Blackened Thrash’n’Roll mélodique, si vous voulez qu'on colle au plus près à la réalité. Je vous jure : si Tonton Dédé rappliquait avec ses potes fans de Johnny, et que la bande tombait sur ce titre, c’est sûr, ils kifferaient. Le titre est cool… Mais putain il est loin, là, Imp' Naz' ! Et la suite des évènements confirme cette orientation soudainement plus tranquillou, tantôt evil Cuir’n’Roll (cf. « Grave Maggot Future », le radio-friendly « Devil Sun », ainsi qu’un « The Long Lost » comparable à une version ramollo de « Dead Man’s Song »), tantôt mes-twins-dans-ton-Heavy, tantôt plus Death/Black (cf. « He Who Comes from the Dark »)… Alors c'est vrai, le niveau de kiff baisse en conséquence, mais l'acuité technique, les éclats mélodiques, les riffs nourris au whisky et les quantités de fiel vomi permettent de passer un bon moment.
Et finalement on ne serait pas loin de vraiment savourer la chose si, par petites touches insidieuses, notre enthousiasme ne se voyait petit à petit grignoté. Par des morceaux trop longs – car les kids veulent montrer combien ils ont grandi, et ces crânes de piaf pensent que ça en passe forcément par des compos affichant 7 minutes 29, 8 minutes 14, 7 minutes 47 et 9 minutes 59 (… alors qu’honnêtement, peu de celles-ci nécessitaient vraiment une telle durée). Par des titres construits comme des patchworks se souciant peu de cohérence, notamment le long instrumental « Sorrow's Verse » découpé en trois parties distinctes – un premier tiers groovy Dark’n’Roll plutôt bonnard, un second tiers quasiment éteint à l’exception de la lueur vacillante d’une faible bougie guitaristique, et un dernier tiers hommage à Metallica. Puis par une conclusion trop bateau, trop insipidement méli-mélo, qui tire bien trop en longueur et finit par déformer la ficelle du maillot…
… Bref, c’est pas ce qu’on appelle finement joué, les petiots !
Et au final, c’est ballot, parce qu’alors qu’il y avait matière à se lécher les babines et à faire couler la cyprine, on se retrouve avec un album boursouflé, déséquilibré, et dont les forces vives ont été diluées sur la durée.
Pour garder la tête froide et mieux gérer l’album « de la maturité », on conseille au groupe de ne pas tomber dans les excès, de rester concentré, et avant de rentrer en studio, de demander à leur illustre chaperon (Marko Tervonen, suivez un peu!) de leur faire passer un « alkathest », histoire de vérifier s’ils sont bien en état de donner le meilleur d’eux-mêmes (Rhaaa, je m’étais promis de pas la faire celle-là… !).
La chronique, version courte : ils sont jeunes, ils sont ambitieux, ils sont affutés techniquement, et ils pratiquent un Blackened Thrash’n’Roll mélodique qui ne dénote pas dans le contexte de leur Suède natale. En combinant leurs influences Old School Teutonic Thrash, les coulées fielleusement Rock’n’Roll et pourtant mélodiques de The Crown (on trouve Marko Tervonen derrière la console) et les postillons acides du Black local, Sarcator aurait pu déchaîner les foules… Problèmes : son 2e album est fortement déséquilibré, inutilement allongé, et manque de personnalité. Conséquence fâcheuse de ces faiblesses : au final, au lieu de faire Kaboom, Alkahest fait Plouf…
1 COMMENTAIRE
Crom-Cruach le 04/08/2023 à 16:17:50
Dismember, c'est pas rétro. La preuve, je viens d'acheter un album. Sinon, c'est bien inoffensif tout ça. Du Metal génération Z.
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