Scale The Summit - V

Chronique CD album (51:56)

chronique Scale The Summit - V

La classe absolue, ça ne s’explique pas: ça se vit. Et l’une des meilleures façons d’expérimenter cette Classe majuscule, c’est de poser un album de Scale The Summit sur la platine. La baffe envoyée par The Migration il y a 2 ans (… et, pour les initiés, par les 3 albums qui le précèdent) avait permis de constater qu’Aldo Maccione avait bel et bien été supplanté. Et V de confirmer que les américains ne sont pas prêts de descendre du nuage olympien d’où – c'est sûr – ils composent ces petits bijoux d’intelligence instrumentale. Sans les sons, avec juste ces tristes poignées de mots, c’est carrément coton de vous faire toucher du doigt la justesse des compos de ce groupe. Alors tentons d'y aller par petites touches…

 

Tiens: la Classe, c’est quand, au lieu d’une intro artificiellement mise en 1e piste de l’album, on démarre son morceau d’ouverture – « The Winged Bull », donc – sur une ligne de guitare polaire dont l’écho pulsant réchauffe les vents glacés qui soufflent alentours. C’est quand, en fin de voyage, on lâche un riff divinement Townsendien qui perfore les cuirasses, libère de toutes les craintes et impose comme une évidence l’appui derechef sur la touche >Play. C’est quand le duo de guitares qui ouvre « Oort Cloud » vous donne envie d’arrêter 5 minutes de poster des liens-trop-mortels sur Facebook pour aller embrasser votre femme / homme. C’est quand, sur la 1e moitié de « Trapped in Ice », les guitares mettent en musique la débâcle d’un paysage de glaciers monumentaux se rompant et s’effondrant comme autant de titans affaiblis. C’est le scintillement stellaire suggéré au début de « Stolas ». C’est ce foisonnement lead qui vient fleurir au-dessus d’un terreau rythmique fertile après la barre des 3:00, sur « Kestral »…

 

Après ce paragraphe entier (…bien que franchement incomplet) consacré aux divers merveilles que recèle ce 5e album, vous vous dites que, quand même, il abuse le cglaume: normalement on commence par expliquer un peu le qui, le quoi et le comment en début de chronique... non?

 

C’est vrai.

 

En même temps j’ai un peu l’impression de vous avoir déjà tout dit du groupe au sein de la chronique de The Migration. Scale The Summit est toujours ce groupe de petits surdoués qui ont tourné avec les plus grands (Dream Theater, Yes, Cynic, Devin Townsend, Periphery, Between the Buried and Me, Mastodon) et qui, album après album, proposent une musique Prog à la fois moderne, instrumentale et « naturaliste ». A l’écoute de ces 50 grosses minutes de pures émotions sans prise de tête élitiste ni solo mal placé, ni trip de musicien autiste, ni bâillement, on a l’impression d’avoir voyagé à travers plaines, forêts et montagnes, comme au terme de l’écoute de Terria ou de Synchestra (cf. Devin Townsend). On a senti les vents violents, vu les hauteurs vertigineuses, scruté les gouffres profonds, caressé les immensités océanes, mais il ne reste au cœur qu’une fraîcheur et un optimisme serein, de ceux qu’on ressent au réveil, lorsqu’un soleil clément nous arrache à l’oreiller et aux bras de l’être aimé pour aller piquer une tête dans l'onde claire, au milieu d’un jardin luxuriant mais paisible. Alors oui, le niveau technique de nos amis est affolant, la basse semble tout droit sortie de la discographie de Cynic, les guitares ont la complémentarité et la justesse des plus grands – mes références me font penser cette fois encore au Satriani des débuts, ainsi qu’à la touche moderne mais organique du 1er Animals As Leaders – et le nouveau batteur est à l’image de ses collègues. Mais tout cela reste presque secondaire. Car s’il fallait un exemple concret pour illustrer l’expression « La technique au service des émotions », c’est clairement Scale The Summit qui remplirait ce rôle avec le plus de pertinence.

 

Alors oui, je ne mets « que » 8.5/10 à l’album alors que le blabla précédent déborde de superlatifs. C’est juste que ma moelle épinière a tendance à préférer le format « Pop » de morceaux accrocheurs, individualisés et dansants plutôt que le confortable flot instrumental de ces titres parcourant le jardin d’Eden en long en large et en travers sans vraiment segmenter le parcours en tronçons clairement indépendants. Rien à voir avec la qualité objective de l’œuvre, juste que je suis – j'avoue – un brin rustaud. Mais a priori tout Prog freak qui se respecte devrait coller un bon 10/10 à cet opus sans hésiter un seul instant.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Pour la 5e fois d’affilée, Scale The Summit nous promène de blonds champs de blé en majestueuses chaînes de montagne, de riantes clairières en paisibles jardins, ceci grâce à un Metal progressif, moderne (un brin) et instrumental situé au barycentre des univers de Devin Townsend, Cynic, Joe Striani et Animals As Leaders. Un bonheur « simple » et pur.

photo de Cglaume
le 24/09/2015

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