Sneaking Past Dogs - Sneaking Past Dogs
Chronique CD album (36:29)

- Style
Avant-garde metal sexy - Label(s)
Do For It Records - Sortie
2013 - écouter via bandcamp
C’est parce que les émotions procurées par la musique figurent parmi les plus intenses et les plus transcendantes qu'il soit donné de vivre que nous sommes (oui, je me « nounoie ». Quoique par ailleurs, ce faisant, je t'englobe: car sur ce point on ne doit pas être très différents, toi et moi, ami lecteur/trice, pas vrai?), nous sommes – disais-je – continuellement à l’affut de nouveaux dealers susceptibles de nous fournir notre dose, si possible sous des formes inédites, histoire de renouveler sans cesse l’émerveillement. Et parmi les meilleurs alliés qui soient dans cette quête continuelle figure la compilation Combat Nasal. Car si pour dénicher des pépites nawak metal, le chroniqueur qui vous cause est rarement en retard d’un train, pour le reste il est bien content de connaître de tels dénicheurs de talents. D'ailleurs CoreAndCo s'en est fait l'écho à maintes reprises... Regardez: sans les chevaliers au tarin creux, pas de chronique des derniers The Black Stymphalian (8.5/10), Circus of Dead Squirrels (8.5/10), Fake Idyll (7.75/10), Øscillatör (7.75/10), Yun-Fat (7.25/10), Seth.ECT (8.5/10), Moon Tooth (8/10)… Sans compter tous ces groupes géniaux que nous avions eu la chance de dénicher par nous-mêmes via des canaux parallèles, mais que la fameuse compil’ fera avantageusement découvrir aux auditeurs les moins farfouilleurs.
Eh oui, Sneaking Past Dogs – 1er album éponyme de suédois aussi farfelus que géniaux – est une autre de ces découvertes estampillées « Combat Nasal ». Et pour le coup on tient là vraiment du « haut du panier ». Progressif sans être tortueux, avant-garde sans être arty, multiple tout en étant cohérent, aventureux sans être nawak, Sneaking Past Dogs c’est fin, intelligent, jouissif… Ça se déguste avec la gourmandise et l'intensité habituellement de mise quand on goûte un grand cru. Alors pour vous situer la chose, on pourrait comparer le groupe à un Shaolin Death Squad moderne, moins déconnant, moins « purement » progressif, et plus expert en confection de refrains qui tuent. En effet on retrouve chez ces suédois la même liberté stylistique, la même capacité à avancer de guingois tout en restant séduisant, le même attachement au metal extrême (ça shrieke, growle et montre les crocs sur la quasi-totalité des titres), la même utilisation de vocaux à la Polkadot Cadaver (confessions goguenardes + glissements dans les aigus)… Du coup pas étonnant que la formation se soit retrouvée signée sur le même label, Do For It Records, et que l’on retrouve les frères O’Hearn – les moines texans eux-mêmes, oui – en featuring sur « Pinebox Bastardos ».
Mais laissez-moi vous faire faire un petit tour du propriétaire tant l’ensemble de ces 7 pièces a été aménagé avec amour et expertise.
C’est sur la caresse vaporeuse et captivante d’un « Vaporgeist » finement électro-indus que nous sommes accueillis. Et déjà, en 2 minutes et 24 secondes, dur de ne pas laisser échapper un « Whouawh! » admiratif. « Dead Again » embraye dans un registre Faith No More / Moron Police plein de méandres où, initialement, il est aisé de se perdre. Les plus feignants laisseront peut-être tomber, ce qui serait dommage tant le refrain qui débarque à 2:11 calotte sévèrement les bajoues. Et ce n’est que le premier d’une longue série! Car dès « Pinebox Bastardos », morceau quasi-nawak surfant aux limites du death metal et de la maison Dog Fashion Disco, le groupe en remet une couche avec un refrain mortel, puissant, grand… Visionnaire même! Là, je sors les grands mots, mais c’est ce que mon cœur me souffle. Et la fête ne s’arrête pas là, le long « Slightly Aware » offrant un voyage passé aux 2/3 dans des contrées « synthélectro » irrésistibles, à la limite de la musique pour dance-floor, dans lesquelles s’invite un chant blacky – ce qui au final évoque l’univers de Seth.ECT. Morceau ayant eu les honneurs du volume 10 de la compilation Combat Nasal, « Sleepers » rajoute un énorme pavé dans la mare aux refrains qui butent, suivi sur ce terrain par un « Phantomclone » plus rock 70s, enjoué bien que toujours musclé. Et « Steamghoul » de boucler la boucle en revenant au thème de « Vaporgeist », celui-ci étant abordé dans une coloration cette fois plus djent.
Sneaking Past Dogs ne concevant sa musique que comme une série de voyages dans des territoires musicaux peu explorés, on ne pouvait que tomber sous le charme. Mais l’exceptionnelle aptitude du groupe à pondre des refrains tous plus évidents et sexy les uns que les autres nous a définitivement rendus amoureux. Fans de metal prog/avant-gardiste dansant (si si: du coup ça existe maintenant), ruez-vous sur cette tuerie!
La chronique, version courte: le metal avant-gardiste peut être accrocheur – voire dansant – et pas prise de tête. C’est en gros la conclusion à laquelle on arrive en découvrant ce 1er album éponyme de Sneaking Past Dogs. Prog mais pas chiant, flirtant avec le metal extrême mais pas réservé aux gros tatoués, complètement barré mais pas nawak, cet opus est surtout rempli de morceaux magiques et de refrains qui vont vous pousser à jouer du « Air Micro » sous la douche.
2 COMMENTAIRES
Margoth le 10/04/2015 à 18:04:13
"Prog mais pas chiant". Je plussoie, l'écoute m'a fort plu, à creuser (voire à acheter dans un futur proche). Étrangement, j'ai cru discerner pas des passages très Porcupine Tree/Steven Wilson/Demians en plus des autres trucs plus nawak que tu as cité. Bref, pas nawak comme tu dis si bien, juste un peu barré.
cglaume le 10/04/2015 à 21:31:22
"Porcupine Tree/Steven Wilson/Demians": un monde de moi inconnu (... oui, je sais). En tous cas, en effet: ça vaut vraiment le coup de creuser :)
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