Terrifier - Trample the Weak, Devour the Dead

Chronique CD album (38:57)

chronique Terrifier - Trample the Weak, Devour the Dead

Si vous appréciez le tartare de jeune première confectionné en cinémascope, vous avez sans doute déjà entendu parler de Terrifier. Sauf qu’au lieu d’un slasher où grimace un clown blanc mutique, Empire Records vous propose des thrashers badass bouillonnant de la rythmique. Et croyez que si ces petits gars poignardaient à la vitesse à laquelle ils riffent, toute l’hémoglobine versée au cours des films de la franchise Scream finirait répandue en moins de temps qu’il n’en faut pour dire « Michael Myers ». Mais on cause, on cause, on digresse comme la belle Hellène, et l'on finit d’autant plus loin de la pertinence critique qu’au vu de la commande que ces Canadiens ont passée à Ed Repka (qu’on a connu plus inspiré) pour orner leur 3e album, il semble que ceux-ci soient plus dans le trip La Colline a des Yeux que dans le giallo vicieux…

 

N'empêche, sur Trample the Weak, Devour the Dead il est quand même bien question de faire des victimes : vos tympans. Car ceux-ci vont se faire malmener comme rarement un groupe de Thrash les avait traités auparavant. C’est que leur sacrénom de nouvel album est de la trempe des meilleurs Vektor, du From Blue to Black de Crisix, d’Ironbound d’Overkill et du So It Goes de Demoniac : on parle ici de la crème du plus-mieux, de ces rares albums qui prouvent que non seulement le genre n’a pas fini enterré dans le cercueil du siècle dernier, mais qu’il continue de produire des œuvres majeures, de celles qui laissent l’auditeur groggy, son petit cœur de rockeur battant plus fort que jamais après un aussi magistral rappel de la toute-puissance de cette chapelle musicale pourtant quadragénaire.

 

Alors, parés pour une virée à bord du Thrash Express à destination du Pays des Molaires qui volent ? La pluie de mandales démarre à 3… 2… 1...

 

Votre ceinture est attachée ? Il est temps de lancer « Trial by Combat » ! Prod' compacte, énorme bien qu’un peu trop étouffée (… dommage, mais loin d’être catastrophique), c’est un déferlement de Thrash tumultueux qui nous accueille, les échos de bagarre urbaine du Crossover étant ici démultipliés par une puissance de feu plus proche du lance-roquettes que de l’arme de poing. Les solos sont généreux, le chant de Chase est idéalement ulcéré, les hélico-riffs les plus furieux créent un vortex mammouthesque à la seule force de leurs pals… Vos patches ont intérêt à être bien cousus si vous ne voulez pas les voir s’envoler !

 

Mais vous en avez vu d'autres, et restez encore sur votre faim ? C’est en effet beaucoup d’énergie tout ça, mais pas beaucoup de renouveau ? Vous avez raison : bien que boosté aux hormones de rhino, tout cela reste relativement classique. Alors passons à la suite…

 

Tout aussi volumineux, le Thrash de « Perpetual Onslaught » se pare d’atours plus Rock’n’Roll afin de faire passer l’entreprise de séduction au niveau supérieur... Et mieux vous achever lors d’un break de tueur, juste avant de franchir la barre de la minute. Ajoutez à cela un petit soubresaut à la Metallica, puis une grosse accélération : bourrasques qui décoiffent, ricochets pressés, enthousiasme éclatant, c’est la fête des frettes !

 

Mais vous en voulez plus : plus vite, plus dingue, plus Wahouwh...

 

Ça tombe bien, « Bones of the Slain » déchaîne une tornade guitaristique flirtant avec le Death Metal. On passe en mode « Alerte rouge », la frappe est imminente. Acrimonieux, acide, sans pitié, le morceau bourre et bourre encore… Mais cela n’empêche nullement le riffing de s’avérer relativement évolué, ni les grattes de tricoter dense et exigeant…

 

Les joues commencent à rougir ? La triplette qui s’annonce va finir d’en faire du steak haché ! Dès « Depths of the Storm Scepter », qui sprinte en mode Rock’n’Roll über nucléaire. Les guitares ont manifestement été remplacées par des moteurs d’avion de chasse, la vitesse ne restant supportable que grâce à votre casque de pilote, ainsi qu’à ce délicieux arrière-goût evil Heavy/Speed punky qui ajoute du rouge rigolard à ces riffs en béton. Là-dessus les twins viennent rossignoler comme si l’allure nous laissait le temps de goûter à leurs trilles… Les naïves ! La 2e couche est assurée par « Grinding the Blade »... Mais en démarrant comme si de rien n'était, via des arpèges à la « The Call of Ktulu » rehaussés de saveurs subtilement andalouses. Sauf qu’il ne s’agissait que d’un leurre : dès l’approche de la minute la scie sauteuse reprend ses droits et s’agite, frénétique, impatiente et dévastatrice. Breaks monstrueux, piquées létales, la course est brûlante, les saccades mortelles, les intentions inamicales. Et ce n’est pas l’accueil de « Death and Decay », massif comme les plus offensives des charges de Tapping The Vein (Sodom), qui va vous permettre de souffler, les guitares continuant de poncer vos tympans jusqu’à l’os crânien. Virtuosité vindicative, précision dans la précipitation, tourmente et accélérations… S’il y a un paradis du Thrash, Trample the Weak, Devour the Dead trône à la plus grande et la plus centrale des tables du banquet qui y est donné, pour l’éternité et au-delà...

 

Arrêtons-là le track-by-track : c’est bon, à présent vous l’entendez le vrombissement monstrueux, vous le sentez le souffle puissant, pas besoin de continuer à en faire des caisses… Si vous aimez le Thrash, c’est que vous aimez les excès, l’hyper-célérité contrôlée, la technique de pointe non tape-à-l’œil, la violence au service de la puissance : toutes ces choses que vous trouverez à volonté au menu de ce Trample the Weak, Devour the Dead qui rentre direct’ au panthéon du Thrash par la grande porte, sans passer par la case départ ni faire des courbettes au grand public afin d’y être intronisé.

 

Le Thrash avec un grand T, celui de Tartes dans la Tronche, de Titanesque… de Terrifier.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : « Le Thrash ? Honnêtement, depuis le tournant des 2000s, ‘y a mieux si tu souhaites avoir le tympan turgescent… » Vraiment ? Certains ont manifestement loupé quelques sorties majeures ces dernières années... Que ceux-ci sachent que, s’ils ne veulent pas passer à côté de la toute dernière et plus massive des pilules de Viagra auriculaire produite par cette scène, ils ont tout intérêt à fondre sur Trample the Weak, Devour the Dead, 3e album de Terrifier qui ne débande pas pendant près de 40 minutes incroyablement intenses, et qui réaffirme à qui est capable de l’entendre la toute-puissance d’un genre qui – on l’a compris – n’est clairement pas prêt de mourir !

 

 

photo de Cglaume
le 05/06/2023

3 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 05/06/2023 à 08:58:53

Plus intense que le dernier ENFORCED ? Mouais...

cglaume

cglaume le 05/06/2023 à 09:53:08

Je ne peux pas l'affirmer, n'ayant pas encore écouté le fameux Enforced. Mais je vois mal comme ce dernier pourrait être plus costaud !

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 05/06/2023 à 10:57:53

Facile : le chant de ENFORCED est plus bestial et le son plus opaque. Car Enforced ne fait aucun clin d'oeil au heavy/speed. Mais globalement, les deux concepts  se rapprochent.

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