Thy Catafalque - Naiv
Chronique CD album (47:03 )

- Style
60s Art Déco Metal © - Label(s)
Season of Mist - Date de sortie
24 janvier 2020
écouter "Embersólyom"
Le comble de l'audace est de savoir jusqu'où aller trop loin. Voilà une maxime qui sied à de nombreux groupes que certains de mes collègues, ainsi que moi-même, considèrent comme référentiels, Mister Bungle, Madder Mortem, Carnival In Coal, pour n'en citer que quelques uns. Leur grande qualité est d'arriver à trouver un équilibre délicat qui les empêche de sombrer dans le ridicule. Thy Catafalque en a toujours fait partie, avec une immense réussite. J'avais laissé le groupe de Tamás Kátai sur une note excellente, en l'occurrence un Geometria dantesque. Alors, à l'arrivée de Naiv, mes inquiétudes étaient grandes, et pendant longtemps, j'ai cru qu'on tenait ici le premier faux pas d'une formation à la discographie jusqu'à présent irréprochable.
Avec Thy Catafalque plus qu'avec n'importe quel autre projet, en se préparant à rien, on est prêt à tout, proposant à chaque fois un véritable patchwork musical soigneusement brodé sur une base Black Metal. Sachant, et surtout appréciant au plus au point, cela, je suis surpris de mes propres réserves. Effectivement, plusieurs fois lors des premières écoutes de Naiv, j'ai levé un sourcil circonspect. Thy Catafalque n'a pas changé ses habitudes et brasse toujours aussi large d'un point de vue de l'inspiration: écoutez ne serait-ce que "Tsitsushka" pour vous en convaincre, on nage en plein trip de mauvaise drogue, avec sa basse fretless, son trombone et son saxo et ses claviers aux sonorités rapellant la Guerre Froide.
L'approche est très "arty", à l'image de sa pochette, beaucoup plus que par le passé, l'enrobage musical est ciselé à l'extrême, le génie musical de Tamás Kátai ne saute pas tout de suite aux oreilles. Parler d'immédiateté pour qualifier l'œuvre de Thy Catafalque serait un contre-sens, mais il m'aura fallu plus de temps, d'écoutes et de concentration pour arriver à dompter ce cru 2020 que pour les albums passés. Dans la surprise, le groupe parvient à nous étonner: alors que l'on sait qu'il va nous surprendre, il parvient tout de même à être là où on ne l'attend pas.
Thy Catafalque excelle toujours autant à proposer une musique cinématographique (d'ailleurs le final Synthwave de "Kék madár (Négy kép)" rappelle la BO de la série Stranger Things), visuelle, qui invite à fermer les yeux et se laisser porter. Il serait vain de vouloir la décrire par le menu car elle est bien plus que la somme de ses différentes composantes et du talent de ses nombreux invités. À chaque fois qu'un morceau débute, l'auditeur n'a aucune idée de jusqu'où il va être emmené et comment il va se terminer, sans pour autant proposer des titres sans queue ni tête, le tout gardant une grande cohérence.
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