Thy Catafalque - XII: A gyönyörű álmok ezután jönnek

Alors que je terminais tranquillement la lecture du Volume III de la série de Pierre Avril, alias Le Scribe du Rock, consacré au Black Metal, au Post-Black et au BM d'avant-garde, je notais que j'étais d'accord avec la majorité des groupes qu'il citait : Mora Prokaza, Maquerelle, Pénitence Onirique… Mais j'ai été surpris de ne rien lire concernant Thy Catafalque. Pourtant, on ne peut nier que Tamás Kátai est un acteur majeur de la scène avant-gardiste. Dès ses débuts musicaux, il y a une paire d’années, avec dix-sept titres électroniques composés et enregistrés en 1992 sur un Amiga 500, il faisait déjà preuve d'ouverture d'esprit et d'une écriture aventureuse. À travers divers projets aussi variés que Gire ou Darklight, il a démontré que les conventions musicales sont faites pour être dépassées.

Ce n'est qu'en 1998 qu'il fonde Thy Catafalque sous la forme d'un duo avec János Juhász à la basse et aux guitares, et commence à s'orienter vers le Black Metal. Dès le départ, sur ses premiers albums, le groupe ne propose pas de musique formatée pour l’auditeur standard. À partir de Rengeteg en 2011, Tamás Kátai se retrouve seul maître à bord, sans impact majeur sur l'orientation avant-gardiste de Thy Catafalque. En 2021, la formation connaît une évolution majeure : le Hongrois s'entoure de pas moins de sept musiciens, dont quatre chanteurs, pour donner des concerts. Le premier a lieu au festival Fekete Zaj à Mátra Kemping en Hongrie, avec un enregistrement audio et vidéo à la clé. Cette expérience live — le groupe ayant depuis donné une trentaine de concerts — a influencé sa manière de composer.

XII: A gyönyörű álmok ezután jönnek (« Les beaux rêves viennent après ») est, comme son nom l'indique, le douzième album du groupe. Et en effet, on constate la fin des morceaux fleuves : aucun titre cette fois ne dépasse les neuf minutes, alors que "Malmok járnak" sur Meta dépassait les vingt-et-une minutes. Malgré tout, malgré ma familiarité avec la musique de Thy Catafalque, cet album est parvenu à me faire lever un sourcil dubitatif, en particulier lors de l'arrivée des voix Death profondes de Bálint Bokodi et Gábor Veres, qui interviennent respectivement sur quatre et trois titres. Chaque morceau a au moins un instrumentiste invité, ce qui apporte une certaine variété, en harmonie avec la diversité musicale. Au total, vingt-sept musiciens sont conviés sur cet album, le plus grand nombre jusqu’à présent pour Thy Catafalque.

Malgré le léger disco beat au début, l'album s'ouvre sur un morceau plutôt classique — enfin, classique pour Thy Catafalque — une véritable montagne russe musicale et émotionnelle, évoquant par moments le Therion de la période Sirius B / Lemuria. Pour ce douzième opus, Tamás Kátai a voulu replonger dans ses racines hongroises, et un sentiment léger de nostalgie plane tout au long de XII: A gyönyörű álmok ezután jönnek. Pour l'aider dans cette tâche, il a effectivement fait appel à différents instrumentistes, ajoutant ici une ligne de bouzouki, là un solo de saxophone ou encore une mélodie de bugle… Le point culminant de cet hommage à la musique folklorique hongroise est atteint avec le morceau "Lydiahoz", 100 % Folk, placé en sixième position, qui parlera sans doute au public d'Europe centrale ou orientale, mais qui, pour moi, ayant grandi au son de Malicorne entre autres, reste une tentative un peu « verte ».

L'édition limitée de l'album se termine par un bonus : une reprise du groupe de Space Rock hongrois Omega, le titre "Babylon", originellement publié en 1987 et que Thy Catafalque avait déjà sorti sous forme de single digital au printemps dernier, après en avoir enregistré la partie instrumentale il y a quelques années. On y retrouve seulement Gábor Dudás comme invité au chant. Aucune autre motivation réelle ici que d'offrir un cadeau aux fans.

Xuaterc

le 16/12/2024