Ulver - ATGCLVLSSCAP

Chronique CD album (80)

chronique Ulver - ATGCLVLSSCAP

Ulver... le groupe, par essence, l'incarnation même de ce qui me fait adorer l'avantgardexpérimentale norvégienne. Le groupe imprévisible par nature, libre penseur et touche à tout. Je vous passe les détails de son évolution musicale depuis sa formation en 1993, du black-folk de ses début à l'électro-rock expérimental d'aujourd'hui, la musique du combo, toujours en mouvement, a connu de multiples incarnations. Depuis le début de la seconde décennie du XXIè siècle, elle reste cependant plus ou moins fidèle au style planant défini sur Shadow Of The Sun, en gros depuis l'arrivée dans les rangs de la formation de Daniel O'Sullivan (Æthenor, Mothlite...). Très actif discographiquement parlant depuis, War Of Roses (2011) marque la sortie du dernier véritable album studio « classique ». Ont suivis un album de reprises et son pendant live, une compilation de raretés, une collaboration avec Sunn O))). Avec ATGCLVLSSCAP, Ulver poursuit son exploration musicale. L'album est le résultat de douze concerts donnés en février 2014, au cours desquels le groupe a improvisé. Ne vous attendez par pour autant à un album de jams à la Grateful Dead, tout ici, du son au arrangement est parfaitement maîtrisé. Pour cause, les heures de bandes issues de ces sessions ont été éditées, trafiquées, principalement par Daniel O'Sullivan en studio pour donner naissance à ce gargantuesque double vinyle de 80 minutes.

 

Afin de donner naissance à ce projet, les norvégiens ont invoqués les esprits tutélaires des années 1970 : Amon Düül, Kraftwerk, Klaus Schulze ou encore John Carpenter. En studio, le groupe s'est appliqué à uniformiser le son des nombreuses prises et l'a tellement retravaillé que l’auditeur n'a pas l'impression d'écouter un album live. D'ailleurs, les manifestations du public sont totalement absentes. En multipliant les couches sonores, Ulver a créé une véritable œuvre d'une richesse folle, digne de ce qu'on est en droit d'attendre du génie collectif des Loups d'Oslo. Parfait équilibre entre électronique et rock, entre les entrelacs de Perdition City, les beautés mélodiques de War Of Roses et le raffinements des orchestrations de Messe I.X-VI.X, ATGCLVLSSCAP s'aborde comme un long voyage du centre bétonné d'une métropole européenne, au rivages brumeux du Hardangerfjord, en passant par le mont enneigé de Kjølen pour finir à admirer une aurore boréale au Cap Nord.

 

On touche souvent au sublime, et complètement immergé dans cette musique si dense et profonde qu'elle en devient presque visible, on se prend à se demander si ces musiciens sont réellement humains. Les percussions tribales, les nappes de sons électro, les arpèges de piano, tout est soigneusement mis en place au sein d'un maelström infiniment calculé pour nous mener vers le final grandiose composé en partie de relectures d'anciens titres. ATGCLVLSSCAP n’est pas un album live, mais une expérience (réussie) au cours de laquelle Ulver nous démontre toute sa maestria, sa maîtrise à la fois instrumentale mais aussi des émotions, à mille lieu de toute concurrence. Vingt trois ans après sa formation, le groupe a atteint un pic en matière d'expérimentation et de créativité, qui semble être un puits sans fond.

photo de Xuaterc
le 09/02/2016

6 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 09/02/2016 à 12:36:06

J'essaie par petits bouts. Mais tout ça est trop planant, et trop "conceptuel" pour Bibi...

Xuaterc

Xuaterc le 09/02/2016 à 13:14:47

Il faut le prendre dans son entier (CMB) pour arriver à l'apprécier. Mais je reconnais que j'ai eu du mal pour cette chro, je n'en suis pas forcement hyper satisfait.
Pink Floyd über alles!

TheDiggingSquid

TheDiggingSquid le 10/02/2016 à 10:20:57

Merci pour la découverte, moi je rentre directement dans le délire et je trouve ça génial !

Xuaterc

Xuaterc le 11/02/2016 à 18:17:38

C'est avec grand plaisir que je lis que tu le trouve génial :-)

Xuaterc

Xuaterc le 11/02/2016 à 18:25:04

*trouves

Pingouins

Pingouins le 26/10/2021 à 01:17:45

Wow, la pochette est exactement la même que celle d'Orange Mathematics de Frontierer sorti l'année précédente. En noir et blanc, certes, mais c'est surprenant. Je ne sais pas s'il y a une image originale et une inspiration commune et quasi simultanée, mais c'est frappant.

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