HELLFEST 2024 - Le samedi de Vincent
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Pluie et festival ne font que trop rarement bon ménage, à l'exception peut-être du Hellfest 2007, si l'on se place du côté du festivalier alcoolisé en recherche d’une expérience nouvelle et sensuelle avec la boue. De toute manière, tel n’était pas mon cas ni ma volonté ce samedi 29 juin 2024 pour mon unique journée au Val de Moine. Les obligations familiales ne me permettant pas de faire la version complète, mon choix s'est orienté sur le combo Chelsea Wolfe/Konvent/Oxbow/Nile/Spotlights/Wayfarer.
Je ne vous cache pas que mon enthousiasme a pris un sérieux coup sur la nuque à la vue du ciel obscur et lourd qui m'accompagne à l'entrée du site. Je passe outre et esquisse un rictus nerveux, puisqu'après tout, lourdeur et obscurité sont les thèmes dédiés de la journée. Les premières gouttes d’une longue journée pluvieuse tombent dès l'ouverture du site, mais n’empêcheront pas les plus motivés de courir devant la Valley pour Përl.
Les quatre Parisiens tenteront (et réussiront) durant cette demi-heure de nous présenter les différentes nuances de la sombreur musicale qui les caractérise. Oui, le terme existe malgré son caractère vieilli et un peu inusité, je vous l'accorde, mais il présente une nuance ici intéressante puisqu’il exprime l’idée d’une chose peu éclairée tout autant que triste et mélancolique. Le son, propre, diffuse cette poésie maudite dans l'espace de la Valley, alors qu’Aline Boussaroque ondule de tout son corps tout en rugissant la poisse et l’amertume. Rage et délicatesse. Autant d’émotions ici exprimées tant musicalement que corporellement. C’est donc tout naturellement que Faustine Berardo, de la Nébuleuse d’Hima, vient taper son featuring sur « L’Homme à l’éléphant blanc ». Une foule de ponchos applaudira le départ du groupe avant de se disperser aux quatre coins du festival.
Je me suis fié aux avis du camarade Crom concernant Eihwar et n’étais pas d’humeur heavy pour la Mainstage et Darken. Je prends donc l’option « bottage de cul » sur la Warzone avec Fallen Lillies que je découvre. C’est un punk rock bien dynamique que les quatre de Montbéliard vont déverser sur le parvis de la Warzone. Suffisamment dynamique pour tenter le wall of death. Tentation à laquelle la fosse cédera avec succès. Nerveux mais lumineux, le set passe très bien. Le groupe nous fera l’exclusivité d’une piste issue de leur prochain album (on apprécie le geste).
Retour devant la Valley pour les Danoises de Konvent qui viennent ici, pour la première fois en France, nous présenter un death/doom auquel je ne suis absolument pas insensible. Les désormais cinq de Copenhague, très à l’aise sur scène, balancent la grosse artillerie. De « Grains » à « Puritan Masochism » (avec lequel le set, étonnamment, se finira), la demi-heure passe extrêmement vite, malgré un chant parfois peu audible, ce qui ne nous permettra pas de profiter pleinement des techniques vocales de Rikke List. Vous me direz que ce n’est pas le style le plus simple à calibrer d’un point de vue technique. Mais quand même. Le son des guitares était, à contrario, très bon.
Arrive l’heure du ‘point ravitaillement’ en compagnie de la rédaction de COREandCO dépêchée sur place avant de revenir sur la Valley pour les très classieux et distingués New-Yorkais de Spotlights. Et décidément, la voix ne sera pas au rendez-vous non plus ; on se focalisera donc sur la ligne de basse de Sarah Quintero plutôt que son chant. Dommage. Je ne sais pas si c’est le fait de se focaliser sur le son, mais le moins que l’on puisse dire, c’est que le set aura remué plus d’une tripe, tant par l’émotion provoquée que physiquement. Incroyablement lourd et puissant, le mur de son s’est ici pris frontalement.
Ayant déjà vu les deux groupes proposés sur la Warzone ou la Temple, je me rends donc devant la Mainstage pour le heavy metal d’Anvil, sans grande conviction. Le jugement est sans appel : Sympathique. Mais sans plus. Pas d’innovation musicale en vue. Les Canadiens me font passer le temps. Littéralement.
Retour devant la Valley, pour Oxbow. Mais… pas de Oxbow. Plus de Oxbow. On découvre donc Dust Lovers, venus remplacer le quartet au pied levé. Réellement au pied levé : le guitariste était encore au Caire le matin même. M’est avis que Dust Lovers n'aime pas que la poussière, m’voyez ? Le quintet déroule un groove aux multiples influences, la plus flagrante étant à mes yeux, Idles. Idles version popy mi-crooner mi-cramé du ciboulot, ce à quoi on rajoute des passages psyché/noise. Vous voyez le tableau ? Belle recette qui me pousse à étudier le groupe d’un peu plus près une fois de retour dans mes pénates.
C’est sans transition aucune que je me rends sous la Temple pour les dandy maudits du Colorado. Vous les avez reconnus, oui, il s’agit bien de Wayfarer. Le son, pour le coup très propre, permet aux quatre gaillards de dérouler leur set avec une grande fluidité. Le public, dense et visiblement constitué en grande partie de connaisseurs, n’était pas là pour niaiser. La nuée de horns up aux premières notes de « To enter my house » en est un exemple et une preuve irréfutable. Durant trois quarts d’heure, le quatuor déverse son black teinté d’americana gothic drapé dans des lumières relativement constantes. Bleu, rouge, un poil de blanc. On aurait pu crier au patriotisme exacerbé si telle n’avait pas été la thématique du groupe. Cela restera somme toute un excellent concert.
Je file à l’espace presse pour rejoindre l’équipe et attaquer la partie interview de la journée, qui, ô grand dieu du saint bouzin, se déroulera lors de la seule et fébrile éclaircie de la journée.
Retour dans la fosse et devant… la Valley pour ce qui sera le meilleur live de la journée. Mais arriverai-je à être objectif puisqu’il s’agit ici de Chelsea Wolfe ? Une fois de plus, c’est sous la pluie et devant une horde de ponchos que le concert se déroulera, mais qu’importe. La Valley est pleine comme un œuf pour la prêtresse, venue défendre son (surprenant à mes yeux) « She reaches out to she reaches out to she ». Les sonorités trip-hop résonnent donc dans une Valley en perte de lumière alors que Chelsea Wolfe déroule son set avec classe et mystère. Rikke List, de Konvent, viendra poser un featuring sur « Vex » peu de temps avant la fin de ce dernier. Surprenant mais intéressant mélange.
J’enchaîne ensuite avec Nile, mais les conditions climatiques tournent à mon désavantage. Des trombes d’eau se déversent maintenant sur le site ce qui aura pour conséquence de surpeupler les deux seules scènes couvertes. La Temple et surtout l’Altar, de laquelle s’échappent les premières notes d’intro des américains, sont impossibles d’accès. Je regarde donc "Sacrifice Unto Sebek" d’un œil lointain tout en me rendant compte que Karl Sanders est absent (j'apprendrai plus tard que ce fut pour raison médicale) avant d’abdiquer. La journée se finira assez tristement et dans un piteux état. En faisant le bilan de cette dernière sur le chemin du retour, je repars tout de même avec de bons sets dans les oreilles : Chelsea Wolfe, Konvent, Spotlights, Wayfarer, une bonne découverte : Dust Lovers.
3 COMMENTAIRES
Aldorus Berthier le 04/08/2024 à 20:33:35
Roah j'te m'aurais tellement tapé un pogo à la Warzone une nuit de pluie...
J'espère pour toi que ça pleuvra pas au Motoc, tout en l'espérant fort pour moi 😢
cglaume le 05/08/2024 à 07:41:44
Mais quel pluviophile cet Aldo haha
Vincent Bouvier le 05/08/2024 à 08:54:56
@aldo: Pareil. Mais quand tu as tout le matos photo sur le dos, tout de suite, tu ne vis pas le festival de la même manière... 😂
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