VARIATIONS (Sunn O))) + Goat (Japon) + Derby Derby + Bruit Noir) le 04/04/2024, LIEU UNIQUE, NANTES (44)

(Cette nouvelle "épopée" fait suite à la précédente)

“Black Metal ou Blague Mental ?

Black Album, Black One ou Back In Black ?

Who loves the Sun ou I love Sunn ?

Goat mais de quel pays ?

J’ai 20 et/ou 40 ans à la fois ?

C’est quand même un peu le bordel parfois…”

Anonyme

Oui et non, un peu comme les deux gaillards à l’époque, avant Stereolux, avant Facebuck, avant l’internet presque grand public, avant le retour du Metal à Nantes… et qui s’étaient pointés, à l’Olympic donc, au concert de GodspeedYou!BlackEmperor avec leurs cuirs et leurs clous… et leurs airs désappointés.

2024 : « Sunn, mouais, je les ai déjà vu il y a 20 ans au Fury Fest » dit à Nico cet autre ancien anonyme qui est quand même venu (salut !). Après, moi le souvenir d’eux que j’ai d’il y a 20 ans, c’est qu’ils avaient trop de fils, et le festival pas assez de prises électriques (ou un truc comme ça) et que donc, ça ne marchait pas. Alors je ne suis pas resté à regarder ce ballet de techniciens qui nous était offert pour quelques centaines d’euros. Je me souviens davantage du concert d’Envy qui était lui mémorable pour de meilleures raisons. Tout ça pour dire que « lui » il est venu comme ça, contrairement à nous, Nico et moi, qui nous sommes fait exiler de chez nous car on ne sort plus assez. Et puis, par ce que ça reste le fond, c’est que dans un festival de trucs modernes on arrive quand même toujours à se déplacer pour les trucs vieux de 20 ans... Retour à la sortie de darons, comme la dernière fois (vous l’avez lu le précédent report ?). Les groupes de ces deux soirs sont donc, encore, nos Rolling Stones (en plus les jeunes locaux incroyables Derby Derby de ce soir, je les ai déjà vus, et ici même, un autre soir, en 2016, avec Wrekmeister Harmonies). C’est à prendre, ou à laisser. Tout sera est comme avant ? ou presque.

Et puis le LU, c’est au final assez intemporel. Il y a toujours plein de bons concerts, étranges ou anciens donc, avec la remarque qu’ils s’incluent presque toujours dans le cadre de festivals. Tout est festival, ça c’est drôle, et chouette, parfois avec des noms farfelus, dans tous les cas je ne me souviens jamais de leurs noms. NOMS. Sauf peut-être « Assis, couché, debout » (je vous avais prévenu !). Ces 4 et 5 avril 2024 c’est Variations. J’ai déjà oublié. Les tickets physiques me l’ont rappelé. Mais toujours quelque chose à se mettre sous la dent et on peut y aller la gueule grande ouverte, et les yeux fermés. D’ailleurs, comme on parle souvent de Metal par ici, savez-vous que pour l’expo H.R. GIGER. qu’ils ont présenté, Tom G. Warrior est crédité ? Les deux créateurs étaient amis, les illustrations sur les pochettes des albums, certes, mais quand même. Beaucoup de choses sont liées.

Par contre, je regrette, et regrettai de ne pas avoir accompagné Nico au concert, au dernier concert, de Mendelson, précédemment, au LU également…. Quel groupe… Quel dernier album… Quelle déprime historique… Il y a Will Oldham/Bonnie Prince Billy, Bill Callahan quand il est Smog parfois, parfois aussi Jason Molina, et d’autres (Vic Chestnutt, Susanna avec Oldham en guest justement, Cash avec Oldham en guest encore également… il ne faut pas chercher plus loin, Will remporte la médaille dors jusqu’à la fin des temps six pieds sous terre) certes, mais Mendelson, Pascal Bouaziz, c’est quelque chose quand même… La palme d’or française. C’est comme le vide, maintenant, grâce à eux, on peut comparer. Mais il y a des disques qui n’ont d’intérêt que chez soi, et pas devant les autres, en public. Au final, je ne saurai jamais pour Mendelson. Alors donc, Bruit Noir, c’est le groupe de Pascal Bouaziz et Jean-Michel Pires qui fait suite, je ne pouvais pas rater ça. Mais surtout, après toutes ces années, j’avais mis une gueule sur cette voix. Pascal Bouaziz. Sûrement celle de ce deuxième album, l’Avenir est Devant. Et ce soir tout s’est cassé la gueule… No future. Ce concert, ces textes, cette tâche devant la scène… La beauté, la tristesse – les deux parfois séparés -, la musicalité de Mendelson, fini. A tout jamais. Je bouffe mes regrets pour les cracher sur tous ces bouffons qui se dandinaient sur Pascal Bouaziz gerbant "L’Usine" en nous écrasant au visage "Le Visiteur". Mais comment et pourquoi ??? Ça me rappelle l’émission américaine où Slayer crache "Angel Of Death" avec des anglophones qui dansent sur les récits de l’immondice humaine. Bruit Noir, franchement j’ai du mal à comprendre comment on peut sortir ces paroles en mode « on boit des bières et on passe une bonne soirée ensemble »... Les deux titres cités sont traumatisants. Ecrasent tout. J’ai du mal à comprendre…. Certes on peut parfois rire d’autres paroles, face au ridicule de notre société et de certains comportements, même du leur… Mais là non, c’est trop brutal, trop frontal, trop dégueulasse, trop facile ?, avec trop de connards autour. Oui ça énerve ce genre de concert. Si ça vous tente je vends le disque sur le Bon Groin. Tout est maintenant écrasé. « Et je suis rentré chez moi avec ma p’tite merde de poésie ». Et Nico veut payer des bières avec son téléphone. Forcément ça ne marche pas. Il veut ensuite acheter le dernier Mendelson en vinyl, et le dernier disponible au stand est vendu juste avant devant nous. Quand ça veut pas, ça veut pas.

Pourtant, Derby Derby, deuxième round, c’est toujours existant, et toujours excitant. Ces motifs hypnotiques qui évoluent tout doucement, cette trompette pseudo monosyllabique qui vous pénètre, cette batterie qui vous pseudo invite à taper le rythme que l’on - en fait - n’arrive pas à taper (une histoire de ¾)… Ce groupe est vraiment mortel. Sur le papier il est évoqué le Kraut et ce genre de choses. Pourquoi pas. On ne sait pas s’il a passé 1 ou 20 accords à la basse pendant les 20 minutes du morceau. Pourtant ça n’a pas autant botté les « autres ». Moi par contre, c’était à nouveau mooortel.

Un peu comme pour Sunn, certains donc se souviennent du concert de y’a 20 ans, de mon côté il y aura celui à l’Olympic où je m’étais ennuyé (quelle politesse) malgré la présence du maitre de cérémonie, et celui sous la tente pendant qu’Ozzy sous la pluie, qui là étant dantesque (sans pouvoir argumenter pourquoi). In the mood for Sunn. Et aujourd’hui c’était le bon soir. Le son, la matière, les lumières, la bière, l’équipage… tout était bon pour (fin de la phrase). Comme d’habitude on verra au bout de 10 minutes partir une dizaine, quinzaine de personnes, ça, ça ne change pas. Je pourrais même me permettre de préciser que le set était un poil trop long et que le rappel n’était pas nécessaire (remember The Ex) tant les xx minutes (temps inconnu) de bruit de guitares juste avant étaient, commet dire, à mon goût. Et de celui des disciples du public. Incroyable comment ce truc en soi d’un ancien temps arrive toujours à s’incruster dans des programmations « modernes » et à être découvert par des publics pourtant décrits comme « alerte à malibu ».  Mais comme par la suite Zeal And Ardor ou Lankum, ils ont réussi à créer des passerelles entre des genres, des médias, des lieux de diffusions et donc des publics, et ça c’est bien. Alors big up à O'Malley et Anderson. Et au LU puisqu’après Sunn sera programmé justement Lankum. (A quand Zeal and Ardor ?)

Et pour finir, le groupe qui a commencé, Goat, vient du Japon, avec plein d’instruments, post-instrumental, il y avait un truc rythmique incroyable notamment avec les lignes guitares, mais c’était loin dans la salle, et loin dans le temps depuis que Bruit Noir a tout écrasé….

Je peux vous vendre le LU pour ses festivals quels qu’ils soient par ce qu’il y aura forcément quelque chose de bien (j’insiste car je n’ai pas encore envoyé mon C.V), mais des fois il y a des groupes qui vous plombent l’ensemble.  Et qui questionnent néanmoins, oui des fois, à savoir où se situe la ligne entre divertissement et je viens pour me plomber le crâne. Bruit Noir groupe de Death Mental ? Je passe le relai. Listen to Mendelson. Mais merci quand même.

« Dance with the dead in my dreams

Listen to their hollowed screams

The dead have taken my soul

Temptation's lost all control »

Jeffery John Hanneman / Tomas Enrique Araya

P.S : Merci aux groupes, à Nico, à l'anonyme, à Pidji, à Tanguy et Aurélie et au LU.

R.Savary

le 16/11/2024