David Bowie - Low

Chronique Vinyle 12" (38:48)

chronique David Bowie - Low

> "Who Loves The Sunn O)))" <

 

Face A.

 

Tranquillement le premier morceau de 2mn47 est instrumental.

Expéditif le deuxième passe en 1mn53. Et n’a pas de structure « pop » aux motifs répétés, donc n’a pas à proprement parler de couplet ou de refrain

Le troisième, de 2mn23, est d’emblée perturbé par des sons dignes de jeux électroniques.

Sur le quatrième, de 3mn04, la voix de Bowie ne se pose qu’au bout de 1mn28. A t-il mis la fin au début ? Et le début au milieu ?

Ah, le cinquième ressemble à un format de chanson plus « traditionnel ». 3mn33, la moitié de 6mn66 ?

Tiens sur le sixième, il fait une demande de mariage en 2mn57. En pas longtemps et en pas beaucoup de mots !

Pour clôturer la face, le septième morceau, cette fois de 2mn55, est à nouveau instrumental (avec un Bowie qui sors l’harmonica).

 

Cette première face paraît être expédiée. Les morceaux en tout cas. Et c’est le cas. C’est ce qu’il voulait. Bowie n’utilise plus, ou pas du tout, les structures qui ont précédemment été siennes. Un motif lui convient, très bien, pas besoin de le répéter. La mélodie se suffit à elle même, pas de problème il n’y met pas de voix.

 

À cette première surprise, le renouvellement du format de ses chansons, s’ajoute celle du son de ce nouvel album. Froid, sec pour le rendu. Certes le Station To Station précédent avait ouvert la voix. C’est le premier lien avec son passé musical (d’il y a tout juste un an, mois pour mois, alors peut-on en fait déjà parler de « passé » ?). Le deuxième, et dernier, étant dans les collaborateurs qui l’accompagnent : la session rythmique Dennis Davis et George Murray, le guitariste Carlos Alomar et le producteur Tony Visconti. Voilà, tout le reste n’est que remise à plat et nouveauté. Si le son est froid et sec niveau rendu donc, il est aussi nouveau et étrange pour les sonorités et les mélodies. La période, qui s’ouvre avec The Idiot de Iggy Pop et ce Low de Bowie (enregistré quelques semaines après The Idiot mais sorti deux mois avant, les deux albums fabriqués et enregistrés à la même période, avec la même équipe et dans les mêmes lieux) est celle de l’expérimentation, de la recherche de nouvelles textures, de nouveaux sons, et de nouveaux modes de création et d’enregistrement.

Un seul trio possible pour se lancer dans cette direction, David Bowie, Tony Visconti, accompagnés maintenant de Brian Eno (ex débuts de Roxy Music et manitou des musiques et techniques nouvelles).

 

Pour cette étrangeté, cette bizarrerie, quelques points d’accroches sont laissés de-ci de-là dans cette face A, à savoir des mélodies, des parties vocales, et surtout un rythme majoritairement dansant (et oui ! à l’exception de "Always Crashing In The Same Car"). Par contre, nouveau retournement, la face B, si elle conserve cette évolution dans la recherche du son et des textures, elle n’a plus rien à voir concernant les structures (à nouveau) et le rythme des morceaux. Ce que David Bowie donne, il ne le reprend pas.

 

 

Face B

 

Cette face, obscure (the dark side of the low), est composée de 4 pistes instrumentales que l’on qualifiera d’ambient. Si la voix passe à un moment, c’est juste pour sa sonorité, elle reste utilisée comme un instrument. Il n’y a pas de mots. C’est maintenant sous des nappes de synthé, de sons analogiques et synthétiques samplés, inversés, coupés, réassemblés… que Low avance, évolue, stagne, plane, plonge, surprend, envoûte. Il n’y a plus de rythme. Le temps est arrêté. Parfois ce sera minimaliste, sombre, parfois plus appuyé, hypnotique. Mais toujours mystérieux.

(Il est dit qu’une de ces pistes était destinée à la B.O du film The Man Who Fell To Earth dont il tenait le premier rôle quelques mois auparavant avant dêtre refusée.)

 

 

Le nouveau label ne sachant que faire de ce nouvel album, étrange (surtout au regard des précédents), dépourvu de réels singles (selon leurs critères), et pas aussi funky qu’ils devaient espérer, même si pourtant dans une époque en pleine période de changement (le punk avait appelé New York et Londres, et, en Allemagne, Can, Amon Düül II, Kraftwerk, Tangerine Dream, ou même ailleurs Moondog depuis longtemps ou déjà Brian Eno, étaient auparavant sur des nouvelles structures et un nouveau son), ils en firent quand même la promotion d’un fameux « there is old wave, there is new wave, and there is David Bowie ». C’était bien vu de leur part (ils venaient de signer Bowie pour sûrement un gros montant, il fallait trouver un moyen de récupérer quelques billes).

 

Voilà, je vous ai gâché nombre des surprises qu’offre cet album et c’est bien dommage.

Mais il était plus que temps de s’y pencher !

photo de R.Savary
le 03/12/2016

4 COMMENTAIRES

Foo Gazi

Foo Gazi le 03/12/2016 à 21:55:39

Le chef-d'œuvre du Monsieur !

R.Savary

R.Savary le 06/12/2016 à 15:39:09

Bien d'accord ! Toujours original malgré ses 40 ans !

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 08/01/2022 à 22:06:40

Masterpiece, les Bauhaus, Joy Division (en encore plus New Order) ont dû user les sillons ;)

Goret du Nord

Goret du Nord le 24/09/2022 à 15:52:42

Incroyable ce disque quand même, tellement audacieux et décalé...
Et puis "Warszawa" quoi !!!!! Qu'y a-t'il de plus envoutant et profond que ce morceau ?

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