David Bowie + Mick Rock - MOONAGE DAYDREAM / LA VIE ET L’ÉPOQUE DE ZIGGY STARDUST

Chronique Livre

chronique David Bowie + Mick Rock - MOONAGE DAYDREAM / LA VIE ET L’ÉPOQUE DE ZIGGY STARDUST

Prélude : Une première édition a d’abord été éditée. Signée des deux auteurs. Bon, certes, cela donne un peu de matière organique, mais sans vraiment faire avancer l’histoire. Par contre, j’ai souvenir, pour cette édition limitée, d’une jaquette faite d’un morceau de la tenue de Ziggy Stardust (*). Waou. Là c’est incroyable. Si les tenues des Droogies d’Orange Mécanique ont explosé de nombreuses conventions du bon goût, celle confectionnée par Ziggy Stardust, en digne héritière, n’a jamais été dépassée. J’aurais bien aimé voir ça de près, mais c’est un peu comme espérer toucher une étoile... Ce qui m’amène à cette citation de David Bowie extraite du livre dont il est ici question : « Une infinité d’hôtels, de papiers peints veloutés. Bien souvent, lorsque j’avais fini de m’habiller pour le concert, je me fondais presque dans le décor de ma chambre ».

 

La musique de Bowie est trop souvent résumée à ce binaire Ziggy Stardust c’est génial – les année 80 c’est pourrave alors que Ziggy c’est à peine 2 années de David Bowie, et les années 80 seulement 2 albums par contre archi-pourraves. Dans les deux cas c’est un peu facile et surtout complétement à côté de la plaque. Du coup cela m’amène à éviter les ouvrages et les bien-entendus de la période fantasmée et répétée et déformée à toutes les sauces pour plutôt me concentrer sur le reste. Mais là, ce livre fait exception. Des photos connues, oui forcément il y a. Mais il s’agit ici d’une période, d’une histoire, racontée de l’intérieur. Commentée par le photographe et par David Bowie, sur des photos dont nombreuses qu’il n’avait jamais vues. Ce n’est donc pas juste une collection d’images à prendre telles-quelles. Ils y racontent leurs souvenirs, situent les lieux, les personnages, les pourquoi-du comment. Le tout, à l’inverse du « promo »-photo de catalogue-recherche de la photo de l’année. Certaines, on aurait tous pu faire mieux. Aujourd’hui. Mais il fallait être là, capter le moment, et le jeune Rock s’improvisait en photographe avec les moyens de l’époque. Et avant les téléphones portables et le shooting à go-go, lui il était là.

 

Certes on peut toujours se questionner quant à la véracité des souvenirs de personnes ayant vécu des périodes d’abus (c.f The Dirt, le livre, et les nombreuses périodes d’oublis, ou Barney de Napalm qui se ne souvient pas de l’enregistrement de Harmony Corruption dans la fumée des Obituary, ou la bio de Keith Richards où il est impossible qu’il se souvienne de tout ce qui est écrit, ou n’importe qui après une grosse biture qui ait du mal à se souvenir de toute la soirée) comme Mick Rock indiquait à P. Manœuvre en 2006  «[…] je me suis retrouvé dans cette tourmente psyché, gobant sans doute un peu trop d’acides, à essayer la méditation, à ne pas dormir, à ne pas manger pendant quatre jours » (**), mais justement, ces photos prises dans ces années d’excitation permettent de faire (re)vivre ces souvenirs. Des souvenirs du terrain. Qui, comme je le disais, apportent du nouveau face aux belles et habituelles photos promo de cette époque.

Ne nous méprenons pas, des superbes photos il y en a (comme celles des miroirs, utilisées bien plus tard, en 2014, pour illustrer la compilation Nothing Has Changed) énormément, mais ici c’est un tout. Des moments de gloire devant l’œil du public, à ceux de l’anonymat - du musicien et du photographe - du début, en passant par ceux hors les feux des projecteurs. Avec ou sans les  masques.

 

Et puis, au-delà des photos, par leurs commentaires, on apprend davantage à connaitre ces deux personnages, complices pendant de nombreuses années. C’est ce qui rend ce livre superbe.

Au passage, comme il est impossible de parler de David Bowie sans parler de ses influences, de ses inspirations, de ses collaborations, on apprend par exemple dans ce livre que les deux photos des pochettes Raw Power des Stooges et Transformer de Lou Reed ont été faites par Mick Rock, dans la même salle de concert, à un mois d’intervalle l’été 1972, après que David les aient fait venir en Angleterre en tant que parfaits inconnus du Royaume. Mais ce n’est là qu’un petit exemple parmi les très nombreuses informations que nous offrent les auteurs.

 

On regrettera juste que de cette période que couvre le livre, mars 1972-octobre 1973, il n’y ait pas de témoignages du pan de la tournée au Japon (avril 1973) et du retour en Europe par le Transsibérien, ou des nombreuses traversées transatlantiques - Ziggy n’étant pas branché avions - le photographe n’ayant pas été du voyage. C’est donc « seulement » en Grande Bretagne et aux Etats Unis que la période Ziggy Stardust est ici documentée.

 

Et puisque je parlais de la tenue de Ziggy en prélude, pourquoi ne pas conclure par cette autre citation du livre concernant l’émission télévisée musicale The 1980 Floor Show (avec carte blanche à Bowie) en octobre 1973 qui, à nouveau, montre la lucidité et l’humour dont il faisait preuve : « Sur le plan de la niaiserie, les costumes que Marianne Faithfull et moi-même avons portés pour interpréter la chanson de Sonny et Cher « I Got You Babe », ont atteint des records. Comme Marianne avait été élevée chez les sœurs, il me semblait qu’elle serait éblouissante en nonne, encore que sa robe largement fendue dans le dos révéla son cul splendide. Naturellement, on ne l’a pas vu à la télé. Comme il y avait beaucoup de bouts de vinyle qui trainaient çà et là, j’ai choisi de me déguiser en ange de la mort rouge et brillant, avec des ailes noires sur la poitrine. Dingue, hein ? ». Toute une époque !

 

 

* : à la découverte de ce carton promo d'époque ce n'était "que" une réplique du costume de Ziggy.

** Rock & Folk Hors-Série n°22 « Rock & Photo 40 ans d’images Rock’n’Roll »

 

P.S : Cette chronique fait partie du dossier We were strangers when we met (Hey David Bowie !)

photo de R.Savary
le 08/01/2022

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