Le Cabaret Vert (Deftones) le 28/08/2009, Square Bayard, Charleville-Mezières

Deftones (report)
Le cabaret vert n'en est qu'à sa 5e édition mais il a déjà tout d'un grand !
Pour tout avouer : je ne connaissais pas ce festival qui se déroulait à Charleville-Mézières. Mais l'affiche me sauta aux yeux lorsque s'inscrivit en gros le nom de Deftones. Quelques secondes supplémentaires suffirent pour comprendre qu'en cette fin d'août, 30 groupes éclectiques allaient s'enchainer sur deux scènes pour la modique somme de 30 Euros.
2h30 de route depuis Arras, le suivi de la D925 et de la N51 plus tard nous entrions dans Charleville-Mézières avec mon compagnon de camping. Terrain que nous avons bien eu du mal à trouver et qui ressembla bien vite à un camp de réfugiés du Darfour...la bière en plus.
Qu'à cela ne tienne!

Les portes s'ouvrent sur le site du festival tout proche du camping (nous n'en dirons pas autant du parking à 20-25 minutes de marche). On croit rentrer dans un parc d'attractions, l'ensemble est boisé, vert, ça semble bon enfant...mais nous y reviendrons. On découvre rapidement la scène consacrée aux découvertes dans un coin d'ombre et derrière la grande scène. Toutes deux séparées par une large étendue d'herbe qui attend 35000 festivaliers et un bar de bières spéciales qui ne désemplira jamais.
Mais il est 17h30 et c'est à Exit Wounds qu'appartient la très lourde tâche d'ouvrir le festival encore bien vide. Malgré tout l'accueil fut pour le moins chaleureux pour un groupe qui n'a pas démérité. Le groupe a balancé son punk/hardcore aux nombreuses influences : Converge, Minor Threat et Comeback Kid. On en prend pour son compte pendant 40 minutes. Tout a assuré : le son, les zicos, l'ambiance, bref un début sur les chapeaux de roues avec en prime le nom d'Exit Wounds à retenir. Un groupe qui n'a rien inventé mais qui fait les choses bien. Avec seulement un ep en date le groupe a le temps de se construire.

Le principe de tout bon festival est de ne jamais avoir de temps mort : à 18h10 La grande Sophie entre sur scène. C'est un peu le sourire moqueur que je me rendais sur la grande scène. J'avais déjà préparé quelques blagues contre la demoiselle et ses musiciens...
Ça m'apprendra à la ramener : c'était sacrément bien ! Non, Coreandco ne dira pas de mal de La grande Sophie. 50 minutes vivantes, la chanteuse est décalée, pleine d'humour, danse, chante juste, écrit des textes rafraichissants, a un sourire communicatif et une robe très courte. Derrière, ses musiciens sont carrés et tout aussi optimistes, l'ensemble tient vraiment bien la route à condition qu'on s'ouvre un tout petit peu à la chanson.
Là où les choses ont commencé à se gâter c'est sur la scène découverte. Yeti Lane faisait dans l'indie-pop mais ça n'accrochait pas. Plus tard, il y eut le rap/rock de Zone Libre Vs Casey Projet Angle mort, porté par un ancien guitariste de Noir Désir : du rap au chant et une musique rock sombre. Mon éclectisme a des limites...Quant à la pop de The asteroids Galaxy tour, je l'ai tout simplement ignoré, il faut dire qu'ils jouaient après Tricky.
Il était un des argument de poids de ma venue : Tricky est fou, froid...et pourtant la prestation live fut si chaude. La chanteuse (Francesca) qui l'accompagne ne nous regarde pas une seconde, elle qui entame le concert et chante si "sensuellement". Pendant ce temps Tricky nous tourne le dos, comme a son habitude... Ils se partagent rapidement un micro pour un titre hypnotique. Malheureusement la tracklist m'échappe, les yeux écarquillés par une reprise d'Ace of spades de Motorhead. Le groupe incite le public à grimper sur scène pendant plus de six minutes, pour le plus grand bonheur d'une audience qui se chauffe tout doucement.
Ce concert d'une heure était encore d'une grande qualité. La clôture sur un sample de la magnifique voix de Nina Simone laissait la chaire de poule devant le bonhomme dont la lourde discographie méritait plus qu'une heure on-stage.
21h30 : Ghinzu, autre poids lourd offre un concert proche de la perfection. J'avais eu la chance de voir les belges dans ma ville deux mois plus tôt pour un concert en journée réussi mais un peu décevant : charmants par la force des compositions mais manquants de cohérence et de proximité. Il en est tout autre cette fois : il fait nuit, la scène est plus petite, plus basse, plus accessible tout simplement. Le son est propre, tout y passe. Beaucoup de Mirror, Mirror leur dernier opus en date, loin d'être leur meilleur mais Blow n'était pas complètement en reste. La tracklist m'échappe toujours, comme pour Birdy Nam Nam d'ailleurs.
Sensation élèctro depuis quelques années, le groupe est impressionnant. Pour être sincère, l'élèctro c'est vraiment pas mon truc, j'avais leur dernier album depuis plusieurs mois, je l'écoutais sans être transcendé...En live 80 minutes de concert eurent raison de mon accroche. Le groupe a une mise en scène précise et un jeu de lumière travaillé : visuellement c'est un plaisir, pourtant on se retrouve face à quatre bonshommes alignés derrières des platines, mais ça en impose.
Musicalement il faut dire ce qui est (au risque de froisser certains) : c'est du son primitif. Mais la force du "groupe" est d'utiliser des sons primitifs sonnant un tout petit peu rock, un peu hip-hop, et surtout à quatre d'offrir du contenu, assembler ces sons pour un résultat créatif qui va au delà des clichés d'une musique qui s'enfonce parfois dans la simplicité.
La plupart des festivaliers retournent au camping alors qu'Ed Warner's cage, groupe de screamo régional monte sur la scène découverte. En tendant l'oreille je retrouve là une musique que je connais bien mieux, mais qui a le don de me décevoir. Ça fleurait bon le Mihai Edrisch, le Yage, et ce n'est pas l'intégration d'un clavier qui allait changer quoique ce soit a des plans vus et revus. La première journée venait de se terminer.

Le soleil brille toujours dans les Ardennes en ce samedi 29 août lorsque Goo lance la journée dès 14h. Gros programme aujourd'hui encore, lancé par des pompeurs assumés de Sonic Youth. Il y a pire comme influence me direz-vous ! Ça sent les 90's avec toute la sincérité que ça entraine...sans pour autant être passionnant. On se couche donc dans l'herbe toute proche pour découvrir Raj qui malgré des coupures de son a proposé un rock garage énergique qui rappelait ce qui se fait de meilleur en Angleterre. Un groupe de plus qui se laisse pousser les cheveux et qui porte des chemises à carreaux, mais qui fait tout ce qu'on attend d'un groupe de rock, ni plus ni moins.
On ignore Kitchi Kitchi que je connaissais déjà...et qui m'insupporte avec un néo-métal-indus pauvre et plat, on préfère profiter du soleil et d'Absynthe Minded.
Les belges délivrent là une musique pleine d'optimisme mais qui contrebalance dans le mélancolique en offrant musicalement des mélodies accrocheuses et fines. Un groupe qui prouve encore toute la richesse de nos voisins. On en reparlera dans quelques années.
Passons sur 64 dollar question et Dub inc. : le premier ne m'a pas laissé de souvenirs impérissable, quant au second je lui ai préféré une découverte d'un chapiteau de court métrages (on y reviendra encore une fois).
Il y eut un trop court passage sur la scène découverte de ThE bEwItChEd HaNdS oN tHe ToP oF oUr HeAdS, groupe qui brasse dans le psyché, la folk, le hippie (beaucoup) des 60's. Un plaisir de jouer communicatif qui se joue des démonstrations techniques et qui base toute sa prestation sur des mélodies et le sourire. Enfin, Lyre le temps agaçait, il valait mieux prendre des forces avant...Deftones.
Je me place au centre de la foule, les pogos, les fosses surexcitées, c'est fini...même pour les californiens que j'adule immaturemment. Je les avais déjà vu en 2006, et j'avais passé plus de 100 minutes (une par kilo de Chino à l'époque) extraordinaires.Je sais que cette fois ce ne seront "que" 75 minutes.
La plus grande crainte était le chant de Chino. Sa piètre prestation au Pukkelpop m'avait sérieusement fait douté de la qualité du frontman. Lui qui, pourtant, me provoque aujourd'hui encore des frissons au lancement de chaque disque du groupe ou de Team Sleep.
Les premières secondes demeurent indécises, on reconnait rapidement le riff de "Feiciteira", mais le chant est encore imparfait...puis se règle naturellement en deux minutes.
Tout s'enchaine dans la fosse, un chemin s'ouvre...au rappel de mon adolescence je me jette pour finalement rejoindre le premier rang. Le reste n'est que le récit d'un passionné subjectif qui a les yeux brillants à chaque seconde. A vrai dire, je ne m'en souviens plus vraiment, et ce ne serait que le témoignage d'un ado attardé devant un latino americain en chemise à carreau, chaussettes de sport relevées et pantacourt. De mémoire, la tracklist était partiellement la suivante :
-Feiciteira
-My own summer
-Hexagram
-Beware
-Elite
-Hole in the earth
-Change
-Head up (et là il faut avouer que l'absence de Chi se ressent)
-Back to school
J'ai du oublié deux trois titres. L'unique concert français est réussi pour le groupe de Sacramento grâce à une "petite" scène qui permet de garder une certaine proximité avec le groupe. Autre chose que ces festivals, véritables rouleurs compresseurs qui empêchent tout slam. On regrettera peut être que Chino ne soit pas venu se coller à la barrière comme il en a l'habitude préférant rester sur sa petite estrade. Quant au remplacant de Chi, Sergio Vega (ex Quicksand) il ressemblait plutôt à un mexicain trouvé sur le bord de la route pour travailler sur un chantier le temps d'une journée au black...mais il a assuré le show, discret physiquement et dans le son.
Le groupe nous quitte un peu trop tôt, alors que la nuit est tombée...Malheureusement les émotions californiennes m'ont fait raté les grands "espoirs" que sont Shakaponk, groupe qui profite déjà d'une certaine renommée.
Il faut dire ensuite que ce sont les excellents I'm from Barcelona qui viennent sur scène. Ce ne sont pas moins de 13 musiciens/choristes qui sont sur scène pour ce qui fut une heure de fête. D'un optimisme sans faille, le groupe est un mix d'Arcade Fire et d'un Polyphonic Spree euphorisant (sans les toges). L'heure passe avec des canons de confettis, un sourire qu'on n'efface pas, un plaisir musical doré par la magie du live. La Suède n'a pas que Meshuggah ou Opeth : elle sait aussi faire de la pop.
Il n'est que 23h30-00h00 mais il est surtout l'heure de se coucher...le reste de la soirée étant consacré à la dub d'High Tone et Fumuj. Nous négligerons We are ENFANT TERRIBLE pour être en forme en vue du concert de Pierre Perret.

Oui, le dimanche était bien plus familial : Pierre Perret et Ten years after à l'affiche. Et Coreandco ne critiquera pas Pierre Perret ! 75 ans et assurer 1h40 de concert comme ça relève du grand art. Puis tout le monde connait ses chansons, les mieux écrites comme les plus enfantines. Certes tenir 1h40 avec une seule vanne c'est un peu récurrent ("Ha c'est pas possible vous la connaissez aussi cette chanson là! Allez celle là je suis sur que vous ne la chanterez pas...ha mais non vous la connaissez!"). En plus, il n'a jamais eu beaucoup de voix, et c'est parfois un peu lourd, mais Pierre Perret fait parti...des grands.
Il avait pris possession de la même scène où était Deftones 18 heures plus tôt, et même Debout sur le zinc une heure avant. Les parisiens, dont je ne suis pas fan, ont pourtant proposé un set très agréable achevant le tout sur une pointe de oud, instrument témoignant de leur large influences dans la chanson.
Enfin, avant de partir, je suis resté pour Ten Years After, les mythiques musiciens qui jouaient 40 ans auparavant à Woodstock.
Certes, le chanteur originel a quitté le navire...mais les musiciens sont toujours présents. Ils perpétuent cette culture du solo démontrant tout le toucher d'un bassiste, la frappe encore trés précise du batteur qui nous a gratifié de 7 minutes de bonheur, ou d'un claviériste toujours aussi habile. Quant au nouveau chanteur, plein d'humilité, il se contente de faire le boulot et de la plus efficace des manières (chant propre, parties guitares parfaitement assurées).
Il en était fini pour moi, bien qu'il ne restait plus que les Sweet Vandals, groupe de funk hispanique à jouer.

Juste un dernier mot hors-musical pour saluer l'organisation hyperactive sur l'attache du concept d'éco-festival : déchets facilement triables, poubelles tout les 10 mètres, bénévoles actifs passant avec des sacs.
Pour saluer les activités hors musicales : les prestations théâtrales décalées de Freddy Coudboul dont l'humour burlesque a fait mouche à plusieurs reprises, les jongleurs, acrobates, la fanfare ambulante etc. qui ont animé chaque minute du festival lorsqu'un groupe sur scène ne plaisait pas.
Tout cela sans parler de ce chapiteau qui diffusait des séries de courts-métrages sur trois écrans simultanément. Un plaisir des yeux aux côtés d'un village associatif actif ou d'un espace BD qui aura plu aux passionnés. Ajoutons la présence d'une nourriture variée (et de grande qualité pour un festival) : des fruits frais, des bières spéciales (de stands de vins, boissons énergétiques équitables) dans un cadre agréable.
Enfin, petit point noir : le camping, tout sauf écolo...et la population de ce festival...qui n'a fait que grandir ma haine personnelle envers des dreadeux irrespectueux qui jouent (mal) du djembé pendant un solo de batterie (ou pendant 12 heures d'affilée la nuit), qui crient dans un mégaphone au milieu d'un concert, qui laissent trainer leurs déchets. Malgré tout, l'ambiance était excellente, bien que le dimanche ait un peu tourné à la kermesse (3 euros d'entrée seulement).
La ville du Chevalier Bayard (détourné avec une guitare et une chevelure Heavy Metal) et de Rimbaud (mis à l'honneur avec le nom de Cabaret Vert, un de ses poèmes) a accueilli une 5e édition placée sous le signe du soleil et d'une programmation hétéroclite : on suivra de près celle de l'année prochaine.
photo de Tookie
le 05/09/2009

0 COMMENTAIRE

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements