Testament + Annihilator + Death Angel le 07/12/2017, Stereolux, NANTES (44)

Testament + Annihilator + Death Angel (report)

Pour les amateurs de thrash, s'il y a bien une tournée qu'il ne fallait pas louper en cette fin d'année, c'était bien celle-ci. Jugez plutôt : Testament en tête d'affiche avec Annihilator et Death Angel en ouvreurs de luxe. Autant dire, en terme d'école américaine, un plateau qui envoie du lourd ! Et comme tous ces piliers, malgré leur longévité en terme de carrière, sont encore (injustement) considérés comme des moyens couteaux, tout ce beau monde se permet de faire escale en province. C'est qu'il n'y a pas de raisons qu'il n'y ait que ces petits bobos de la capitale qui aient le droit de se goinfrer ! Malheureusement pour moi, aussi alléchante est l'affiche, cette date a également été la plus merdique en terme d'organisation et de logistique. C'est qu'il y a des fois où rien n'y fait et le coup du sort met tout en œuvre pour que rien ne s'enchevêtre correctement et que tout part en couille. Parmi les imprévus, le fait que je me fasse lâcher bêtement par le pote qui devait m'accompagner au dernier moment alors qu'il m'imposait de partir à un horaire plus que juste. Et comme si tout cela ne suffisait pas, les conditions météo absolument scabreuses ont rendu le trajet jusqu'au Stereolux de Nantes bien plus compliqué et long que prévu, faisant prendre en cette journée du 7 décembre un visage autrement plus frustrant qu'on pourrait bien le penser. Un peu revancharde mais pas vache pour deux sous, ce live-report t'est dédié, mon très cher A.L. alias Metalleux du soir, que cette présente bafouille te dégoûte bien de ton absence – car ils ont toujours torts – sur une soirée que tu aurais très certainement adoré. Et comme je sais que tu es assez masochiste pour aller le lire sans même que je t'invite à le faire, je suis prête à recevoir toutes tes futures déclarations de haine cordiale avec la satisfaction de me dire qu'on est maintenant quitte. Sans rancune, mec !

 

On dit souvent qu'il fait un temps de merde en Normandie et en Bretagne. Et honnêtement, ce jour-là, il n'y a pas eu de démérite à la réputation ! Et comme il est bien connu que dès lors qu'il y a trois gouttes de pluie qui tombent – bon, il y en a eu « un chouïa » plus pour le coup, je l'admets – plus personne ne roule correctement sur les routes, je finis par enfin arriver à destination. Frustrée et un brin rageuse et pour cause : me voilà accueillie par un « Thrown To The Wolves » de Death Angel qui avait déjà joué la moitié de son set ! Sachant que c'est la formation que j'attendais le plus du plateau, on comprend bien que j'en avais gros sur la patate... Arrivée au cœur des hostilités, je constate qu'il n'y a pas eu autant de malchanceux retardataires que cela vu que la salle est déjà bien garnie. Et en forme en plus de cela, même s'il s'avère étrangement que beaucoup ne connaissaient le combo que de nom et ne s'étaient jamais forcément penchés sur leur répertoire. Un bien grand mal en soi puisqu'il s'agit à mon sens un des vieux groupes du genre – quoique les mecs le composant ne le sont pas tant que ça vu qu'ils ont commencé particulièrement jeunes – qui arrive à garder une qualité constante et ce, depuis sa reformation avec The Art Of Dying (2004). Bien plus que les prétendus mastodontes du genre en tout cas. Et même si Death Angel a été limité à une quarantaine de minutes d'expression, les gens ont visiblement constaté leur erreur tant beaucoup en sont ressortis avec le regard hagard de s'être pris une grosse claque bien sentie dans la gueule. Il faut dire que le combo était en forme, avec tout plein de bonne humeur à revendre, Mark Osegueda n'en finissant plus à haranguer son auditoire en lui promettant de revenir très vite, histoire de faire oublier que ce n'était que la première fois qu'il venait en Pays de Loire. Pendant que Rob Cavestany prouvait qu'il était loin d'être un manchot à la gratte et qu'au contraire, il maîtrisait bien plus son sujet que sa renommée toute relative ne le laissait présager. Entremêlant moments forts du passé en piochant dans The Ultra-Violence (1987) et répertoire plus actuel issu des deux derniers albums en date, The Dream Calls For Blood (2013) et The Evil Divide (2016), Death Angel s'impose d'emblée comme un véritable rouleau compresseur qui sait garder jovialité, simplicité et sympathie, même au travers des années et des tournées. Ce qui ne rend la chose que plus frustrante : une petite vingtaine de minutes pour ma part, ça file vite mais je suis persuadée qu'il en aurait été de même si j'aurais assisté à l'intégralité du set.

 

Setlist

 

  • Father Of Lies
  • The Dream Calls For Blood
  • Claws In So Deep
  • The Ultra-Violence / Thrown To The Wolves
  • Mistress Of Pain
  • The Moth

 

 

A voir les deux panneaux, cachant le fond de scène où est déjà installée la batterie de Gene Hoglan, ornés du démon de For The Demented – particulièrement vilain d'ailleurs – point de doute, Annihilator est dans la place ! A l'instar de ses prédécesseurs, j'attendais également les Canadiens tout particulièrement. Parce que c'est comme ça ma bonne dame, je me permets d'aller à des concerts uniquement pour leurs premières parties et non la tête d'affiche ! Blague à part, je redoutais également la présente monture d'Annihilator dans le sens où depuis que je les avais vu au Motocultor en 2013, Dave Padden dont j'appréciais énormément sa voix était encore derrière le micro, et ne savais donc pas trop à quoi m'attendre à voir Jeff Waters renouer avec le rôle de vocaliste en plus de devoir gérer sa gratte sur les planches. Des craintes vite dissipées car il faut admettre que le bougre assure très honorablement ses lignes de chant. Pour y parvenir, il n'hésite pas à déléguer certains solis et autres parties un brin techniques, ajoutez à cela que son tout nouvel opus a été co-composé par le bassiste de la monture actuelle, on pourrait presque dire qu'il s'agit d'une nouvelle ère pour les Canadiens, à presque fonctionner comme un véritable groupe à part entière plutôt que comme le bébé de Jeff Waters. Un For The Demented d'emblée représenté avec un « One To Kill » qui passe le cap du live comme une lettre à la poste, suivi plus tardivement d'un « Twisted Lobotomy » particulièrement véloce et jouissif. Si le début de set peut s'avérer discutable dans le sens où le combo s'évertue à trois reprises à se cacher derrière les panneaux de scène afin de laisser dérouler une introduction un peu inutile dès lors qu'on a passé le cap du premier titre, Annihilator finit fort heureusement à arrêter son petit jeu de cache-cache afin de se montrer bien plus communicatif, montant considérablement son capital sympathie. Dommage d'ailleurs de ne pas avoir davantage fait appel au Québécois de son line-up actuel afin de communiquer avec le public dans la langue de Molière. Histoire que tout le monde puisse comprendre qu'il trouvait que Nantes était l'escale française où ils ont été le mieux accueillis en coulisse et où ils avaient le mieux manger avant de nous donner un petit cours sur la gastronomie du pays des Caribous afin de meubler le temps de réaccordage de son instrument. C'est que cela ne s'invente pas ! Hormis les titres tout frais susnommés, Annihilator se risque à un « No Way Out » issu de la période Padden derrière le micro avant de mieux se focaliser sur les vieilleries qui font toujours plaisir à entendre. Tout particulièrement sur les classiques « Alison Hell » où Waters laisse le public faire le boulot à sa place durant le refrain – subterfuge malin afin de cacher qu'il n'arrive pas à maîtriser autant les aigus que le vocaliste originel ? – et « Phantasmagoria », doublette de fin toujours aussi efficace. Qui laisse un drôle d'arrière-goût en bouche. Après un tel échauffement, nada, point de rappel, que les lights qui s'éteignent platement. Grande frustration là encore de rester sur sa faim mais là est tout le problème de tels plateaux : aussi prestigieuses soient-elles, les formations d'ouverture ne peuvent se permettre de monopoliser la scène et se doivent de ronger leur frein au même titre que l'assistance...

 

 

Setlist

 

  • One To Kill
  • King Of The Kill
  • No Way Out
  • Set The World On Fire
  • W.T.Y.D.
  • Twisted Lobotomy
  • Alison Hell
  • Phantasmagoria

 

 

C'est au tour de Testament de fouler les planches du Stereolux. Et à en voir l'ambiance au sein du public, je dois être un cas isolé de préférer amplement les deux ouvreurs par rapport à la tête d'affiche. Mais bon, ça ne veut pas dire que je ne comprends pas l'engouement palpable pour autant : le dernier album en date, Brotherhood Of The Snake, déboîtait quand même sévère et les Américains comptent quelques belles pièces de l'histoire du thrash dans leur répertoire. Ainsi qu'un putain de batteur en la personne de Gene Hoglan (Dark Angel / ex-Death / ex-Strapping Young Lad / ex-Fear Factory / etc) dont le jeu s'avère des plus impressionnants en condition réelle à bien des moments. C'est d'ailleurs par le titre éponyme de la galette sortie l'année dernière que Testament ouvre les hostilités, même s'il s'avère étrangement que l'accent n'ait pas été tant mis dessus en terme de setlist, préférant reposer sur ses acquis en privilégiant les classiques. Et vu le passage impeccable en terme scénique de la triplette de titres issus du petit dernier proposé, voilà un point quelque peu dommageable. A l'instar du reste de la soirée, le son est aux petits oignons afin de profiter de toute la puissance du répertoire de Testament qui n'y va pas par le dos de la cuillère à ce niveau. Véritable rouleau compresseur, le parrain du thrash montre toute sa verve et maîtrise d'un show carré et rôdé. Malheureusement, une fois ce petit laps de temps « étoiles dans les yeux de voir en chair et en os pour la première fois des mecs dont les photos jonchent les pages des magazines depuis des lustres » passé, une petite pointe de frustration – encore elle ! – tend à nouveau le bout de son nez. C'est sûr, c'est du grand spectacle tout beau, tout propre de mecs qui en ont dans le bouteille et savent ce qu'ils font. Mais il manque cette petite étincelle qui fait qu'on se retrouve pris dans un show « grand spectacle et pose à gogos » plutôt lisse. Si les interventions guitaristiques solo d'un Skolnick à l'éternelle mèche blanche laissera baba sur le coup, elles finiront par lasser tout aussi vite (le solo de Peterson se montre bien plus dispensable d'ailleurs) et les diverses communications de Chuck Billy n'iront pas forcément amener plus d'humanité tant elles restent convenues et génériques. Une étincelle manquante qui était pourtant présente lors des sets de Death Angel et Annihilator, quand bien même ils jouissent d'une longévité de carrière similaire ainsi qu'un statut de reconnaissance dans le style loin d'être plus dégueulasse, même s'ils en mériteraient sans doute plus. Après, on n'ira pas non plus bouder son plaisir pour ce genre de détails tant Testament montre sitôt qu'il laisse parler sa musique – le tryptique de fin composé de « The New Order », « Over The Wall » et « Disciples Of The Watch » était colossal – qu'il est injustement relégué au second rang également et aurait toute sa place au sein d'un Big Four. Un Slayer s'embourbant dans la même sauce depuis des années pourrait lui céder sa place que cela n'en serait certainement pas si dérangeant... Mais bon, chacun sait que la popularité ne se joue pas que sur une question de mérite et nul doute que cela aurait été le cas, on n'aurait sans doute pas eu la chance de voir une telle soirée se dérouler, musicalement forte, méchamment frustrante en mon for intérieur en terme d'appréciation de chacun de ses acteurs purement subjective. LE grand moment thrash de l'année qu'il ne fallait pas manquer, assurément !

 

 

Setlist

 

  • Brotherhood Of The Snake
  • Rise Up
  • The Pale King
  • More Than Meets The Eye
  • Alex Skolnick Solo
  • Electric Crown
  • Into The Pit
  • Souls Of Black
  • Low
  • Stronghold
  • Eric Perterson Solo
  • Practice What You Preach
  • The New Order
  • Over The Wall (Rappel)
  • Disciples Of The Watch (Rappel)

 

photo de Margoth
le 09/01/2018

3 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 09/01/2018 à 11:24:54

Décidément, le Nawak ça rapproche: je suis aussi plus fan d'un Annihilator (surtouuuuuuuut!) et d'un Death Angel que d'un Testament (que j'aime quand même, hein, faut pas déconner). Et je trouve aussi que le jeu de scène des derniers tend de plus en plus à se Megadeathiser (ou à se Slayeriser), i.e. de moins en moins de comm" véritable avec le public...

Margoth

Margoth le 09/01/2018 à 11:37:47

Sur le moment, le jeu de scène de Testament m'a aussi fait penser à une sorte d'Aerosmith du pauvre version thrash pour aller dans les comparaisons exagérées mais parlantes. Après, je pense que là où nos goûts doivent se rapprocher d'autant plus, c'est que si l'on excepte les cas Death Angel et Annihilator, l'école allemande me parle davantage que celle d'Outre-Atlantique ;) . D'ailleurs, je me rends compte qu'on n'a pas parlé du nouveau Annihilator, tu veux t'en charger lapin ou je le greffe à ma prochaine liste de chroniques ?

cglaume

cglaume le 09/01/2018 à 18:17:04

Il est déjà dans la liste des chros que je me suis réservées "là où tu sais" ;)

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