Amon Amarth - The Great Heathen Army

Oeil droit sur le contexte

Pour faire très court, la «Grande Armée païenne» débarqua dans Est-Anglie en 865 en montrant une ambition jusqu’alors inconnue dans les raids vikings qui avaient, déjà, touché l’Angleterre, depuis 793 (Lindisfarne). La Chronique anglo-saxonne nous dit qu'elle avait déjà fait campagne en Europe continentale, en Francie. Mais Charles le Chauve, petit-fils de Charlemagne, avait renforcé les défenses franques et créé une force de cavalerie mobile pour contrer momentanément les ravages scandinaves. Les chefs vikings décidèrent donc que l'Angleterre, divisée par des guerres intestines, fournirait un mets de choix. Ils eurent raison. Le terme «Grande Armée» suggère que les royaumes anglo-saxons étaient assaillis par une seule force massive et unifiée. Cependant, des preuves documentaires et archéologiques révèlent que l'armée comprenait plusieurs bandes de guerre provenant de différentes parties de la Scandinavie.

Cet album divisera et rassemblera donc à la fois.

Oeil gauche sur la pochette bien laide. 

On est encore dans le Jean Ragnar. On trouve un demi fourreau fantasy à gauche et une armure de GN sur la droite avec un bouclier cerclé de Metal... donc impossible à utiliser en combat. Johan fait aussi dans la série télé avec son épaulière et ses brassards en cuir. A part ces grosses coquilles, les tenues passeraient sur camp. D’autant qu’on aperçoit l’emblème de la Jomsvikings (une croix rouge sur fond noir), asso viking créée en 1993 et à ce jour encore la plus puissante et étendue au monde.

Oreilles (les deux) sur la plaque

Après trois naufrages absolus et consécutifs, il fallait vraiment avoir foi aux Nornes pour attendre un sursaut de la part des Suédois. Le clip post-apo soutenant "Get In The Ring", premier titre de l’album, m’avait paru alors rafraîchissant. Les ficelles du morceau sont grosso-macho épiques mais c’est tout ce qu’on demande aux Suédois. The Great Heathen Army débute donc sous les meilleurs augures.

Va-t-on sacrifier un cheval ou un esclave pour que la suite ronronne plutôt que toussote ?

Aucune des deux options n’étant swag de nos jours, on se contentera de s’enquiller le lourd et sinistre titre éponyme. Hegg gronde bien, avec un refrain écrasant. La plage est un peu longue et balourde mais ne boudons pas notre plaisir car Amon Amarth remonte sur le pont de son herskip alors que les chœurs de barbares rythment la fin du titre.

Le léger "Heidrun" se fait aussi easy listening mais le bateau de guerre tient bien la mer. Fédérateurs et faisant de nouveau pousser les poils sur la poitrine, nos Vikings mélo, autrefois préférés, vont peut-être me faire de nouveau porter un de leurs tee shirts.

Ou du moins arrêter de faire les vitres avec.

Avec la quatrième et puissante plage, la barre est redressée. L’album se veut accrocheur et sa construction trapue. Un discret aspect NWOBHM se retrouve dans certains leads et la présence du vénérable Biff de Saxon sur un morceau que vous retrouverez rapidos, fera mentir mes contradicteurs. J’avais déjà évoqué la Vierge de Fer en 2019 dans la chronique de Berserker.

Ouiiiii, c’est bon, ça vaaaaaaaa : le riffing sent le gros recyclage. Okay, "Skagul Rides With Me" est super niais. Skagul a toujours été un nul, on le sait.

Et puis le batteur demeure générique dans son jeu bien bateau. (bateau, vikings, ...)

Évidemment, on est loin, aussi, des rugissements léonins d’antan. On a plus à affaire aux grognements d’un vieil ours pour le mid tempo omniprésent de la plaque.

Mais soyons honnête, The Great Heathen Army ne présente pas de défaut majeur pour celles et ceux qui joueront le jeu. Celui de mettre son cerveau en berne et de se prendre une cuite dans un parc à thèmes de Vendée en braillant :

C’EST PAS HISTOOOOO !!!

Avant d’être viré par la sécu.