Blasteroid - Crypts Of Mind
Chronique CD album (40:09)

- Style
Tech Death/Thrash - Label(s)
Autoproduction - Date de sortie
20 mai 2024 - Lieu d'enregistrement Pentagram Studios
- écouter via bandcamp
Fin 2023, coup de théâtre dans le terrier du lapin : au tout dernier moment, fort d’un Obscured Until Observed follement virtuose, Venus damait le pion à Haken en prenant la place de ce dernier sur le trône de mon Top de Fin d’année. S’ensuivit une interview lors de laquelle les masters riffeurs grecs dispensèrent quelques précieux conseils. L'un d'eux, simple et ô combien pertinent, nous enjoignait à garder un œil sur leurs compatriotes de Blasteroid. Ce qu’on s’empressa de faire dans la foulée, aguiché par ce blaze particulièrement explicite quant aux ambiances développées et à la vitesse de croisière pratiquée.
Les Exploseurs d’Astéroïdes – puisque c’est donc le nom de baptême pour lequel ils ont opté – sont eux aussi originaires d’Athènes. Tout comme Venus, ils aiment vadrouiller par les vastes espaces interstellaires en se grattant les cordes avec une science aiguë du riffing chirurgical. Tout comme Venus, ils n’avaient – jusqu’à ce premier album – qu’un unique EP à leur actif. Tout comme Venus, ils peuvent compter sur la basse de Manolis Skoularakos qui, avant de rallier la déesse de l'amour, a commencé en blastant les astéroïdes en bonne compagnie, puisque c'est un ex-Exarsis qui s'active derrière le micro de la formation, ainsi qu’un mercenaire ayant assuré des dates live avec Dead Congragation qui prend soin de ses fûts.
Là, ça y est, l’appel est fait, il ne manque personne : on va pouvoir commencer le cours !
Et les leçons qui vont y être données, ce sont surtout nos cinq amis qui vont nous les administrer durant les 40 minutes que dure Crypts of Mind. Car crénom, ça virevolte, ça tricote, ça fond sur nous toutes griffes dehors, ça fonce en travers de la galaxie à la vitesse de la comète sous amphètes ! Agitation frénétique, broderies effrénées, démonstrations hautement techniques : on a le palpitant qui s’emballe et les yeux qui s’écarquillent sur ces 9 pistes éreintantes. Pas étonnant que les gugusses soient tenus en haute estime par leurs acropotes vénusiens ! Il y a évidemment – vu le contexte et la vitrine – pas mal de traces de Vektor sur ces compos. Mais dans une configuration nettement plus Death Metal. Et au détour de cette grisante visite, on notera également des intonations plus typiques de Revocation, de Death, de Gorod, ou encore de Carcariass. Que du beau linge, donc, sur cet étendoir !
Malheureusement – vous l'avez compris, il est à présent l’heure du GLOUPS – Blasteroid échoue en partie à éblouir autant que les éminentes références auxquelles on vient de le comparer. Car si ces musiciens alignent sans discontinuer plans brillants et riffs somptueusement alambiqués, leur technique ne suffit pas à atteindre les sommets sur lesquels d’autres qu’eux ont su se hisser. Il leur manque en effet un compositeur / architecte possédant une vision susceptible d’être partagée avec un large public. Sur Crypts of Mind, il arrive en effet bien trop souvent que les pistes se résument à un amoncellement généreux de plans fastueux plutôt qu’à une compo joliment ficelée, savamment équilibrée, et à l’accroche imparable. Vous me rétorquerez à raison que le vrai problème réside probablement plutôt dans la configuration hasardeuse de mes schémas neuronaux (… mon incapacité à déchiffrer les œuvres de Spawn of Possession, Origin et autres Decrepit Birth vous donne sans doute raison). Mais en ce cas c’est d’un vulgarisateur dont le groupe aurait besoin, afin de séduire les rustres de mon espèce…
Mais si je reste donc parfois entre frustration et scepticisme – notamment sur le premier tiers de l’album, période sans doute mise à profit par mes oreilles pour s’habituer à la densité des informations fournies – j’avoue être plus durablement séduit par des titres comme « Entwined » et ses généreux bouquets de notes, « Void Alchemy », ou « le long ruban mélodique « Reign Of Eris » – qui toutefois soufre de ce défaut endémique : celui de donner l’impression de toujours être dans le dernier virage avant le passage qui tue, mais de ne jamais véritablement en sortir…
C’est sûr, Crypts of Mind ravira les tech freaks. Tout comme il est certain qu’il émoustillera ceux qui, comme votre interlocuteur, aiment la belle œuvre sans pour autant avoir fréquenté le Conservatoire – et auraient donc besoin d’un fléchage plus conséquent le long du parcours, afin de ne pas se perdre en chemin, et de passer l’étape des préliminaires pour vraiment prendre leur pied. Mais vous avez raison : il est malvenu de pinailler à propos de la qualité du saumon fumé et la cuisson du rôti quand on a la chance d’être convié à la table d’un tel festin !
La chronique, version courte : c’est à une débauche de virtuosité que nous invitent les Athéniens de Blasteroid sur leur premier album, dans un registre parent des répertoires de Vektor, Revocation, Death, Gorod et Carcariass. Bon à savoir, toutefois : il vaudra mieux être adepte de Rachmaninoff et Paginini que de Pop gentillette si l’on veut profiter à plein de ces neuf compositions qui s’apparentent à un captivant discours duquel – c’est ballot – on peine un peu trop souvent à bien saisir les subtilités du message…
1 COMMENTAIRE
8oris le 23/01/2025 à 14:05:13
J'étais curieux et bah...tout à fait d'accord avec la chronique!
Technique (bon, ça n'est pas non plus du Spawn Of Possession en terme de virtuosité, ici la technique est surtout mise en avant dans les solos je trouve) mais un peu plat finalement, c'est de la technique mais sans bravoure, et comme tu le dis si justement, on sent que ça manque d'un membre qui aurait écrémé ce lait musical très généreux pour en faire un bon gros fromage...Cette impression de platitude me semble aussi dû aux grooves qui sont un peu tout le temps fichus pareil.
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