Every Time I Die - Radical

Chronique CD album (51:17)

chronique Every Time I Die - Radical

Ahahah.

 

Personnellement j'aime bien ce genre d'entrée en matière pour un album. Vous savez, celle du type The Great Southern Trendkill de tonton Phil, Splinters From An Ever-Changing Path avec le cousin Brendan, With Devils Amongst Us All de tatie Candace, ou encore un certain We Are The Romans d'un petit groupe sans importance, Botch.

Du type qui ne se casse pas trop le cul à écrire une intro, parce qu'il n'y a pas que ça à foutre, et qui peut se résumer par un « vas-y, braille un coup dans le micro direct, exprime-toi minot, ça fera l'affaire, et ensuite on les escagasse derrière. Allez boulègue collègue, c'est pas ces pébrons qui veulent douze minutes de montée ambient au début de chaque morceau qui vont remporter le match, nous on est là pour emboucaner le monde et y refaire la devanture à ces peuchères ».

 

Parce que c'est dans ce mode là (avé moins d'accent du sud tout de même) que se présentent Every Time I Die sur Radical, leur neuvième album en date. Sauf qu'ils le font comme s'ils étaient Norma Jean, en gros. C'est-à-dire avec du gros riff, du hardcore même pas trop d-beat, du changement de plan régulier et une efficacité redoutable. Mais en plus punk-rock. Allez, on pourrait même dire qu'ils le font comme s'ils étaient Every Time I Die (d'ailleurs, on me souffle dans l'oreillette que c'est bien eux, la vie est parfois bien faite). Rendons aux natifs de Buffalo ce qui leur appartient, leur carrière est assez longue pour que l'on puisse le leur accorder.

 

Parce que oui, la première des treize pistes, « Dark Distance », attaque les hostilités d'entrée : « Spare only the ones I love. Slay the rest ! », c'est ce que Keith Buckley nous balance direct à la gueule, pour un morceau beaucoup plus rentre-dedans que ce que les quelques titres distillés ces derniers mois en promo de l'album (« Post Boredom », « Things With Feathers ») l'auraient laissé supposer.

Par contre, ce que ces derniers avaient déjà bien fait comprendre, c'est que ça allait groover, qu'il y aurait une belle dynamique punk-hardcore, et que ce groupe qui compte bientôt déjà 25 années au compteur avait encore une bonne dose d'énergie excédentaire à faire passer dans sa musique.

 

Pas étonnant donc d'y retrouver une personnalité proche de ce qu'on trouvait dans le hardcore du tournant des années 2000, celui des groupes cités plus haut pour ce qui concerne la scène américaine, et auxquels on pourrait rajouter Vision of Disorder, ou alors Breach, Refused (vieille époque) et consorts pour la scène européenne et, il faut bien l'avouer, essentiellement suédoise pour les plus gros noms que nous venons de citer. Alors au moment où, depuis quelques années déjà, on assiste à une sorte de revival modernisé de cette scène et de cette époque (chez Knocked Loose, Vein.fm, etc...), les petits gars d'ETID parviennent à rappeler à notre bon souvenir qu'ils font définitivement partie de cette scène, à l'époque comme aujourd'hui.

 

Au point où nous en sommes, je dois tout de même faire un petit disclaimer avant de poursuivre, histoire que tout le monde comprenne d'où je parle : si j'ai jeté une oreille sur tous les albums d'Every Time I Die au cours des années, je ne peux pas dire que je connaisse bien leur œuvre. J'ai toujours globalement apprécié, mais ça ne revenait pas souvent dans les trucs que j'écoutais, sans trop savoir pourquoi. Et pourtant ils s'insèrent vraiment au milieu de tous ces groupes que je viens de citer, que j'apprécie tous énormément, avec un côté punk rock plus marqué peut-être (« White Void » sur cet album pour ne donner qu'un exemple).

 

Et bien, une fois ces prémisses posées, force est de le constater : Radical cartonne. Bien aidée par la fameuse « intro », la première écoute à suffit à me convaincre que bordel, j'aime cet album.

 

Mais du coup, qu'est-ce qu'on y trouve, sur ce disque ? Parce que c'est bien joli de fanfaronner comme ça et de faire le cacou, mais finalement on est là pour le contenu, pas pour se séguer sur les intros et s'empéguer les yeux sur de trop longues suites de caractères.

 

Et ben comme dit plus haut : de l'énergie, bordel, et c'est ça qui est bon. Du côté du chant déjà, avec une voix hurlée dans le plus pur style hardcore 00's, ultra convaincante, agrémentée de voix claires même pas chiantes (ce qui est franchement loin d'être toujours le cas dans le style) sur un certain nombre de pistes (« White Void » notamment). Et même quelques trucs franchement intéressants du point de vue vocal (du genre des montées vaguement chorales sur « Sly »). Du côté du groove aussi, parce que si les morceaux vont plutôt structurellement tirer du côté punk/punk-hardcore (« Planet Shit », « Hostile Architecture »), d'autres lorgnent clairement sur des horizons plus math et syncopés, mais tous ont ce petit truc qui fait que « wouhou, ça bouge là où il faut! », avec des riffs plein pot qui ressembleraient à la fête de fin d'année de l'amicale USo-suédoise du « j'ai pas le temps », avec comité d'accueil constitué par les groupes précités. Et puis, on a des incursions de riff quasi stoner ici et là, des blasts impromptus, des gros breaks qui font mal : tout ce qu'il faut pour se faire plaisir.

Et pourtant on y trouve un certain nombre de respirations aussi, qui sont toujours bienvenues (« Things With Feathers » par exemple). Avec en parallèle toujours des morceaux vraiment lourds et bien vénères comme il faut qui viennent bien rappeler pourquoi on est là. Et Every Time I Die savent très bien mêler tous ces éléments les uns dans les autres pour proposer un ensemble réellement ultra-consistant et bien équilibré, bénéficiant au final d'une certaine fraîcheur, le tout produit et mixé par Will Putney, qui sait y faire dans le hardcore.

 

Par ailleurs, pour ne rien gâcher, je dois dire que j'aime beaucoup cette pochette cyber-disco 80's, toujours dans les tons rosâtres comme sur les derniers albums, et qui mine de rien représente finalement bien le contenu de l'album. Radical est un disque coloré, varié, plein de formes qui s'entrechoquent, un petit côté retour vers le futur musical et un truc globalement sympa et qui met la patate.

 

Alors certes, sur seize morceaux, pour 51 minutes, il y a quelques petites choses parfois dispensables, mais c'est histoire de chipoter.

C'est bien simple, m'y intéresser de plus près que je ne l'avais fait auparavant, pour rédiger cette chronique, m'a donné envie de me repencher sur toute la discographie du groupe. Si ça ce n'est pas un putain de compliment de ma part et d'accomplissement de la part du groupe, je ne sais pas ce qu'il vous faut.

Alors bien sûr, ce n'est que mon avis, qui ne vaut pas grand chose. Mais au moins, ça m'a permis de rectifier le tir vis-à-vis d'Every Time I Die en ce qui me concerne. Alors si ça permet à deux ou trois personnes qui lisent les bêtises que j'écris ici de temps en temps d'avoir le même genre d'expérience, et ben ça me va.

 

Ce que j'en retiens, au final, de ce que font Every Time I Die sur Radical, c'est que c'est pas parce qu'on est un peu moins jeunes qu'on doit forcément être plus vieux, et ceci mis en musique. Et ça fait du bien, et il faut des trucs qui font du bien en ce moment. En tout cas, en l'écoutant, je me suis rendu compte que j'en avais besoin.

 

A écouter en renfilant les fringues de quand on avait 20 ans et qu'on avait encore l'impression de pouvoir faire bouger les choses et que putain, faut vivre, merde. Parce qu'en fait, c'était vrai.

photo de Pingouins
le 02/11/2021

11 COMMENTAIRES

Freaks

Freaks le 02/11/2021 à 11:45:59

Un peu comme toi j'ai souvent négligé ce groupe malgré son attrait. Premier album d'eux que j'écoute en entier.. C'est la fraîcheur radicale ;) 

Pingouins

Pingouins le 02/11/2021 à 14:16:36

Je trouve qu'il démonte vraiment. Et il y a plus d'un moment "la bagarre" qui doivent faire ultra mal en concert.
Genre la transition à 00:50 dans "Desperate Pleasure" (qui a un côté vraiment fun dans cet esprit je trouve en mode "Allez-y foutez la merde !!!!") ou le gros breakdown de "Distress Rehearsal"

Tichou

Tichou le 02/11/2021 à 15:08:53

Ce Distress Rehearsal !!! Vivement le pit !

el gep

el gep le 02/11/2021 à 16:17:03

Roooh non mais cette pochette, les gars, sérieusement, ça vous plaît?!?
Ouille!

Freaks

Freaks le 02/11/2021 à 22:31:56

Nop pas vraiment mais son contenu compense très largement cette faute de goût ;)
Après la foudre est bien faite Mouaha!

Dams

Dams le 02/11/2021 à 23:12:05

Grosse poutre de cette fin d'année... 
Ou de cette année même !
Un régal !

Fury

Fury le 12/12/2021 à 15:24:10

Cet album est incroyable. Il m’a laissé surplace. J’ai pas compris. Tout me paraît fade maintenant.

8oris

8oris le 18/01/2022 à 10:08:20

Bon...Ben...On ne verra pas cet album sur scène... :[

Pingouins

Pingouins le 18/01/2022 à 17:41:48

@8oris : tu peux toujours acheter la version physique, le poser sur une scène, et hop, tu vois l'album sur scène.

Et sur ce, je me casse pour aller boire une bière parce que je crois que j'ai touché le fond de l'équipe premier degré.

cglaume

cglaume le 18/01/2022 à 17:49:55

Du coup, avec tout ce ramdam, je finis par lire bien à fond toute la chro, et elle est ´achté bien collègue !! Putain, c’est comme votre Turnstille avant : cet album aussi va falloir que je me l’écoute pour e de vrai (j’espère au moins que vous écoutez un peu de Nawak bande de chenapans !!)

cglaume

cglaume le 18/01/2022 à 17:50:42

« c'est pas parce qu'on est un peu moins jeunes qu'on doit forcément être plus vieux »

Haha, j’adore !

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