Havok - V

Chronique CD album (45:45)

chronique Havok - V

Il y a tout juste 3 ans de cela, quand les virus que l’on craignait le plus étaient informatiques et que "Covid" signifiait encore "tentative infructueuse de covoiturage", la sortie de Conformicide – 4e album de Havok – nous avait agréablement titillé les terminaisons auriculaires. Les points forts du bestiau: une approche teigneuse, un clone convainquant de Bobby Ellsworth (Overkill) au chant, un gros neck-appeal (c’est comme le sex-appeal, mais pour la nuque), et une basse méchamment mise en avant – celle-ci en profitant pour faire le show, quitte à slapper jusqu’au bout de la nuit. Et l’enthousiasme provoqué par l’opus avait été confirmé par une prestation live énergique donnée au Petit Bain en compagnie de Warbringer, Gorod et Exmortus.

 

Petite ombre au tableau à l’aube de la découverte de V, 5e album au titre aussi poétique et pertinent qu’un code barre sur un clé de 12 au rayon outillage chez Mr Bricolage: Nick Schendzielos, l’expert en amortisseurs qui apportait vigueur et souplesse au bolide Conformicide, s’en est allé rouler sa basse en d’autres lieux. Et pour le remplacer, ni Trujilo ni Claypool: Brandon Bruce (initials BB, oui), un parfait inconnu. Mais croyez que le loustic gagne à être connu, car si ce n’est peut-être plus autant le festival du slap qu’auparavant, la musique d’Havok repose toujours sur un épais tapis plein de ressorts à la tension idéalement étudiée! Autre changement notable: le groupe a gagné en efficacité en revoyant un peu la durée de ses morceaux à la baisse. Car si l’on excepte les 6 minutes et demi de  « Panpsychism » et les 8 minutes de « Don’t Do It » (final exceptionnel qui, après avoir longuement traîné son marasme en mode électro-acoustique sombre, fait monter la pression jusqu’à une explosion conclusive fabuleuse), le Havok nouveau réussit à dire tout ce qu’il a à dire en 4 minutes. Et quand il condense son propos au maximum – en 2:45 sur « Merchants of Death » – il réussit l’un de ses plus beaux cartons, le titre résultant brûlant d’un feu vif, claquant comme le fouet d’une maîtresse SM, et sentant le cuir comme certains des titres les plus Rock’n’Roll de The Crown.

 

Alors forcément, on a parfois cette impression persistante d’entendre une réincarnation du Overkill des 80s boosté au gros son. Tout comme on croit reconnaître de-ci de-là des traces de Metallica (des faux airs de « The Call of Ktulu » au début de « Don’t Do It », l’intro de « Post-Truth Era » qui semble fortement inspirée de « Blackened », et puis le démarrage de « Ritual of The Mind » qui est lui aussi très typé). Mais cela ne diminue en rien l'énergie déployée par le groupe, ni ne calme sa soif de bagarre: on sent les gars convaincus, ce qui les rend d'autant plus convaincants. En même temps, avec la collection de missiles qu’ils proposent ici, on serait difficiles. Dur, par exemple, d’imaginer rester impassible à l’écoute de la rixe « Fear Campaign » qui sent les blousons noirs et les gros cubes pétaradant. Dur de résister à l’appel de la guitare ouvrant « Interface With The Infinite », ou au refrain de « Cosmetic Surgery » qui nous rappelle que « The longer you wait, the lies – get – biggeeeeeeeeeer!!! ».

 

Des riffs secs et nerveux, un grand bain d’acide en guise de chant, une basse sur ressorts barbelés, une écriture plus affûtée que jamais, des tubes, du kérosène dans le V6: la définition du Gros-Metal-Qui-Bute réside aussi bien dans cette courte liste que dans les trois quarts d’heure de V. Alors on se sort les boules Quiès et on va vérifier illico à quel point le Thrash est loin d‘être mort!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: aussi bon que Conformicide si ce n’est meilleur, V est un nouveau concentré de Thrash bagarreur, overkillien dans l’âme mais pas que, et contenant une bonne poignée de vraies grosses tueries nouvelles. Un album qui finira en bonne place dans le Top Thrash 2020, c’est sûr!  

photo de Cglaume
le 15/04/2020

4 COMMENTAIRES

Seisachtheion

Seisachtheion le 15/04/2020 à 16:40:34

J'ai laissé passer ce concert de folie (Havok-Warbringer-Gorod), alors ces groupes passaient à Bordeaux au BT-59 ! Impardonnable ! Inconsolable ^^...

cglaume

cglaume le 16/04/2020 à 08:03:30

En effet c'est dommage (même si tu auras l'occasion de revoir Gorod jouer à domicile ;) )

Seisachtheion

Seisachtheion le 18/04/2020 à 12:07:16

Et les aut'es! Copieurs ! 
''Fear Campaign'', c'est un titre de Fear Factory ! 
https://youtu.be/cFa2vlET-oY

paul0

paul0 le 19/04/2020 à 21:21:17

ah ces groupes de modern thrash à la noix. clean et boring. next

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