In The Blind - Evolve and Escape

Chronique CD album (44:52)

chronique In The Blind - Evolve and Escape

Début 2021, le Skype du lapin jaune s’était infiltré dans la demeure de Jasan Stepp pour causer avec lui de Dog Fashion Disco, de Polkadot Cadaver, ainsi que de toutes ces choses affriolantes qui se passent du côté de Baltimore en général, et de Razor to Wrist en particulier (pour les ceussent qui auraient raté le coche, rattrapage ici). Lors de cet entretien, le guitariste avait assez vite lâché un nouveau nom, In The Blind, son projet rien qu’à lui (comprendre : sans Todd Smith). Pour décrire son bébé, celui-ci nous avait livré un chapelet comparatif mêlant Mastodon, Iron Maiden, Coheed and Cambria et Refused. Autrement dit tout un tas de groupes dont l’éclat n’est pas évident vu depuis ma galaxie (… hormis Maiden : ‘faut pas déconner quand même). En conséquence, il faut bien l’avouer : l’annonce de la sortie imminente d'Evolve & Escape ne m’avait pas franchement mis le feu aux poudres. Une oreille curieuse jetée sur le premier extrait officiel avait d’ailleurs confirmé des a priori moyennement enthousiastes : « Pô mal, certes. Mais pas vraiment mon segment de marché… »

 

Et puis vous savez comment vont les choses… « T’as écouté le In The Blind ? Pas mal hein ?! », « Dis donc : drôlement bien vu l’aveugle ! », « Qui c’est y qui veut chroniquer Evolve & Escape ? Qu’il parle maintenant ou se taise à jamais ! ». Les nombreux messages plus ou moins subliminaux reçus à ce sujet auront eu raison de mes réticences : après tout, ce scaphandre Interflora pourrait bien révéler d'insoupçonnables plaisirs. D'ailleurs ça ne serait pas la première fois que la première impression ne serait pas la bonne…

 

Eh bien merci d’avoir insisté les copains : ça valait bougrement le coup ! 

 

Evolve & Escape est en effet un sacré bon sang de crénom de premier album ! Drôlement bien gaulé, pêchu et tourmenté, élégant et touchant malgré ses beuglements hystéro. Par contre, en ce qui concerne les références mises en avant par Jasan, comment dire… C’est vrai que je ne les connais que peu. Mais Iron Maiden, vraiment ?? Vu depuis mon bout de lorgnette, on est loin du compte. Je dirais plutôt que ces 10 titres marchent en équilibre parfaitement maîtrisé sur le fil séparant le registre d'un Dillinger mi-taré, mi-radio friendly (schizophrénie qui avait commencé dès Miss Machine), du Metal/Rock prog, moderne et classieux de Moon Tooth. Une putain de bipolarité fructueuse, croyez-moi !

 

Passage obligé et pourtant occulté jusqu’à cette ligne, laissez-moi à présent vous causez du line up : on y retrouve Jasan Stepp aux commandes et à la guitare, of course. Puis John Ensminger (Dog Fashion Disco) à la batterie, Bill Gaal (Knives Out!, Nothingface) à la basse, et derrière le micro un braillard de talent, Josh Matthew, apparemment issu de Megosh. Et l'on sent bien que ce collectif non seulement a de l’expérience, mais qu’en plus il sait parfaitement où il veut aller. Le décor : un univers un peu noisy, un peu grésillant, un peu écorché vif – un peu Mathcore quoi – où la tension est souvent palpable, porté par un chant de Mike Patton à grosse veine menaçant d’exploser et des guitares qui tantôt poncent, tantôt hyperventilent en mode Thrash (cf. les débuts de « K is for Killer » et « Dear Optimistic »). Pour faire contraste et laisser les mauvaises vibes s’évaporer, le groupe ménage des passages beaucoup plus apaisés, ainsi que des refrains de vils coquins qui connaissent parfaitement leur taf (testez donc ceux du morceau-titre et de « Death’s White City »). On navigue donc entre volées de bois vert et intenses confidences, les terminaisons nerveuses sans cesse en émoi.

 

Autre passage obligé de la chronique : les morceaux choisis (… je le fais autant pour vous que pour pouvoir retrouver directement, dans quelques années, les moments forts du périple). « Evolve & Escape », premier titre à se jeter dans nos oreilles, est de ceux-ci, son mélange parfaitement proportionné entre les deux mondes et son refrain aux petits oignons en faisant un incontournable de setlist réussie. « Call of the Void » propose une variation plus dansante et électroïde – bien que sombre – de l’univers du groupe, avec un autre de ces refrains merveilleusement calibrés. Mon petit préféré reste cependant un « The Devil And I » super sexy qui nous interpelle directement, multiplie les accroches, et explose en son plein milieu sur une échappée de basse ouvrant la voie à un beau déferlement de puissance métallique. « Death’s White City » mérite aussi de figurer dans le Top 4, d’où la courte mention présente en cette fin de paragraphe joufflu.

 

Ces trois quarts d’heure s’achèvent sur un « The Confessor » plus plaintif et moins vif, ce qui freine un peu la course à l’endorphine. Le titre est bon hein, ne vous y trompez pas... M’enfin c’est un peu dommage de finir un album la morve au nez. Sauf que rien n’y fait, notre avis ne change pas : Evolve & Escape est un très bon premier album, et une nouvelle recrue de choix pour Razor to Wrist. Sacré Jasan Stepp : il n’arrive décidément pas à nous décevoir !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: encore un nouveau groupe pour Jasan Stepp (Dog Fashion Disco, Polkadot Cadaver & co), mais cette fois sans Todd Smith. Au sein d'In the Blind le guitariste développe un Metal tendu et classieux, à mi-chemin d’un Dillinger ayant avalé des refrains radio-friendly et d’un Moon Tooth voyant rouge. Evolve & Escape n’est pas un album immédiat, plutôt un « grower » plein de petites merveilles qu’on n’attrape qu’au bout de plusieurs tours de manège, comme autant de pompons qui rendent le voyage d’autant plus précieux et excitant.

 

 

photo de Cglaume
le 20/01/2023

7 COMMENTAIRES

Tookie

Tookie le 20/01/2023 à 12:08:55

Un bon premier album sauf qu'ils me perdent dans des passages un peu ennuyeux : les fameux refrains radio-friendly. Pas que le principe me gêne (au contraire, je suis bon public pour ça), mais certaines lignes de chant me laissent de marbre là où elles devraient emballer. Un bon moment, mais je ne suis pas certain que j'y reviendrai souvent et longtemps.

cglaume

cglaume le 20/01/2023 à 12:56:27

Tu lui as laissé le temps de… « grower » 😅 ? Ou bien tu as laissé tomber après 2-3 écoutes ? J’étais pas à donf au début moi non plus…

noideaforid

noideaforid le 20/01/2023 à 14:48:06

je n'ai pas eu la vibe au début aussi, la voix qui sonnait trop Emo,puis ça passe après '' grower'' l'album. Puis quand on écoute un truc et que l'on se dit  ''Pô mal, certes. Mais pas vraiment mon segment de marché…(LE Lapin virerait trader en agriculture ? ) Tu te souviens quand tu disais à tout le monde,il faut écouter Melted Bodies? et bien beaucoup on a dû faire la pareil avec toi avec In The Blind vu le début de la chronique.

 

cglaume

cglaume le 20/01/2023 à 16:27:24

Ouais, le forcing a fonctionné !
Et sinon non : je ne suis pas très deur, même en agricuculture 😁

8oris

8oris le 21/01/2023 à 11:12:50

Autant j'adhère à 100% à la facette mathcore du groupe, autant l'autre facette est plus dommage. J'imagine que ça peut effectivement passer à force d'écoute...
C'est fou ce besoin de mettre absolument des passages pop/clean/gnangnans/poussifs dans une musique a priori volontairement chaotique et dans un certain sens "extrême", je trouve que c'est quelque chose qu'on retrouve de plus en plus, surtout de la part des groupes américains.

cglaume

cglaume le 21/01/2023 à 11:32:01

Perso c’est ce qui me permet d’adhérer au volet mathcore 😅

Pingouins

Pingouins le 21/01/2023 à 17:08:59

Tout pareil que Boris ! Pour mpi c'est presque plus extrême que le côté mathcore, je les soupçonne de faire ça pour rendre l'écoute exigeante pour tout le monde ahah

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