In Vain - Ænigma

Chronique CD album (57:20)

chronique In Vain - Ænigma

Ça faisait longtemps, et ne mentez pas: ça vous manquait. Le vent dans les cheveux, face à la mer, sous un ciel menaçant, en haut d’un promontoire dominant un fjord majestueux. Ou un genou à terre, le heaume fendu, victorieux mais à quel prix, jetant une dernière poignée de terre sur la tombe d’un frère d’arme, sous le regard respectueux de la brigade toute entière. Ou encore meurtri par Son souvenir, dernier souffle rendu au terme d’un âpre combat contre la maladie, alors que le franchissement du Col des Âmes Perdues semble compromis par un orage apocalyptique. Avouez que vous aimez ça, ces sombres mais néanmoins mâles tourments, le poids écrasant de la fatalité sur les épaules du guerrier éprouvé, le drakkar émergeant de la brume persistante: bref, le metal extrême mélodique scandinave.

 

Et avec Ænigma, 3e album des norvégiens d'In Vain, vous allez être aux anges – ou plutôt: vous allez pouvoir vous abandonner avec délectation à vos charmants démons. Parce que nos gaillards – dont 3 sont musiciens live des Géo Trouvetou du black Solefald – sont de fins orfèvres du genre. D'ailleurs il faudrait écrire "des genres", tant leur musique oscille entre la classe monumentale du death mélodique d’un Disillusion, les riffs glacés du black/death à la Dissection, les folk/vikingueries progressives de Borknagar, les coulées sombrement mélodiques d’Insomnium et les pectoraux saillants du death old-school-mais-pas-rétro des derniers Bloodbath. Il faut dire qu’avec pas moins de 5 jeux de cordes vocales distincts (bref: tout le monde sauf le batteur) brassant growl poilu, shrieks écorchés et chœurs virils, il aurait été dommage de s'imposer des limites. D’autant que même si c’est la quantité et la grande diversité du chant qui interpellent en premier, la qualité n’est pas en reste, notamment celle du chant clair qui nous offre de vrais grands moments, comme sur la seconde partie de « To The Core » par exemple, quand la chorale des fiers soldats s’époumone sur fond de blast déchainé tout autant que quand Andreas (ou Sindre?) s’enflamme en solo. Sur « Against The Grain » – et plus évident encore, lors de la courte partie égypto-mystique, vers la barre des 4:00, sur « Rise Against » – on se prend même à penser à Orphaned Land, le sable en moins.

 

Ænigma est donc une longue bourrasque flamboyante, ambitieuse et glacée, offrant le meilleur des tourments de l’âme septentrionale sur fond de gros riffs mélodiques perçant une brume froide et épaisse. Les voix, le tranchant des guitares et les riches orchestrations au clavier, les chevauchées héroïques et les complaintes poignantes: toutes les composantes du genre s’entremêlent brillamment. Si bien que la magie opère à plein, et que l’on ne voit pas passer cette petite heure, malgré des morceaux dépassant les 6 minutes au moins 2 fois sur 3. Petites variations ponctuelles dans cet océan tumultueux de sucre et de glace, la respiration acoustique qu’est « Southern Shores », le death-poil-aux-pattes de « Times of Yore » ou « To The Core », ainsi que les très bonnes inclusions de saxo (mais qu’est-ce qu’ils ont tous avec le saxo dernièrement?) sur « Floating on The Murmuring Tide » contribuent également à diversifier et embellir plus encore l’album.

 

Bon, maintenant il faudrait quand même trouver du mal à dire d'Ænigma hein, sinon on va croire que je me suis mis au Viking Goth metal – et je ne recevrai plus de promos de Nawak Deglingo-core! On reprochera donc aux chœurs de « Hymne Til Havet » de faire un peu trop « Dimanche après-midi en famille dans la banlieue d’Oslo », la balle n’arrêtant pas de circuler entre Frostbitten-shrieks-from-Haunted-Moutains et refrain familial, papy dans son fauteuil et cousin Grutle affichant son pull en laine rouge sur fond de cheminée crépitante. Et puis tiens, les coupures un peu artificielles qui lardent en leur milieu les longs « Times of Yore » et « To The Core » cassent un brin le rythme. Là, mon manque de virulence aura au moins le mérite de souligner qu’il n’y a pas beaucoup de raisons valables de se plaindre de la qualité de ce bien bel album. Et pour les incrédules, on prescrira une bonne dose de « Against The Grain », « Image Of Time », ou encore du superbe « Rise Against » afin que les dernières barrières tombent.

 

Perso je m’en vais à présent courir tout nu dans le blizzard, vers Niflheim, Ænigma vissé sur les oreilles, en quête de l’edelweiss de lapis-lazuli qui indique l’entrée de la citée secrète des Valkyries. Alors vous comprendrez que je vous laisse vous débrouiller tous seuls comme des grands pour tirer les conclusions de cette chronique… Taïaut!!

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courteÆnigma est l’archétype de l’album qui a tout pour ravir les fans de metal extrême nordique, entre sombres mélodies à la Insomnium, riffs glacés à la Dissection, progueries viking à la Enslaved / Vintersorg, coups de massue de death guerrier, shrieks, growl et chant clair, le tout enveloppé d’une indéniable majesté. Bienvenue dans le Grand Nord!

photo de Cglaume
le 01/07/2013

3 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 01/07/2013 à 21:27:32

A moi, à moi, à moi les Valkyries en string !!!!!
Oups, désolé.

cglaume

cglaume le 01/07/2013 à 22:16:26

Non mais quel obsédé c'ui-là !

* arf, arf... *

Xuaterc

Xuaterc le 11/04/2016 à 10:54:47

Taïaut!!

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