Sxokondo - Altered Ego
Chronique CD album (42:20)

- Style
hardcore métallique sombre et chaotique - Label(s)
Division Records - Date de sortie
28 octobre 2022 - Lieu d'enregistrement Glaucal (Courfaivre, Jura Suisse)
- écouter via bandcamp
Je pense que le constat que la Suisse est un terrain fertile et réputé pour ses groupes de grande qualité voguant dans les environs du hardcore et violences assimilées n'est plus à faire. Il suffit d'évoquer Knut, Shora, Nostromo, Kehlvin, Yog.... et une bien longue liste d'autres formations pour savoir que les clichés que l'on colle au petit pays alpin, ou tout du moins à ses habitant-e-s, n'est pas transposable à la musique qu'il exporte.
Alors quand de ces contrées helvètes est arrivé ce premier album de Sxokondo, Altered Ego, il y avait de quoi se réjouir dans les chaumières. D'autant plus que la fiche promo qui l'accompagnait incluait un FFO des plus alléchants pour proposer une sorte d'ABC des influences qu'on y retrouverait. Qui se trouve finalement être plutôt un BBC, car ces noms sont Breach, Botch, Converge. Ce qui, pour continuer dans les acronymes, aurait constitué selon notre cher collègue Moland, chroniqueur en ces pages, un flagrant et classique NDDCDL.
Mais si on m'avait demandé mon avis sans me foutre ça directement sous le pif, voilà quel aurait été mon verdict en termes d'influences probables sur Altered Ego : si la présence de Breach ne fait effectivement aucun doute dans le cortex des musiciens de Sxokondo, je substituerais le 'C' de l'annonce par Cursed, dont l'ombre portée me semble aussi chargée qu'un nuage prêt à éclater en orage d'un moment à l'autre.
Et à cela, j'aurais effectivement ajouté Botch et Converge, indéniablement, même si de façon un peu plus périphérique dans le rendu final des morceaux. Voilà, tout est bien qui finit bien, tout le monde est content, je pars donc sur un B'BC'C (ce qui constitue aussi un NDDCDL, je vous l'accorde volontiers, vu que je n'ai fait que rajouter un nom à la liste), pour un bon album de CHHC (Confédération Helvétique Hard Core) qui ne fait pas trop de concessions et qui s'organise autour d'ambiances plutôt sombres.
Voilà, merci, au revoir. On se voit ASAP.
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Bon, OK, je développe un peu (et j'arrête les acronymes, promis).
Dès le premier morceau « Faded Brides », on retrouve ce qui marquera Altered Ego sur la durée et dont on parlait au-dessus : l'aspect tranchant de Breach mêlé à la noirceur crasse de Cursed, dans la saturation vocale notamment, avant de basculer sur une section hardcore chaotique à la Botch, bien que d-beatisant.
On fera ensuite évoluer le curseur sur une ligne tendue entre ces influences selon les morceaux, mais dont l'ossature reste toujours cohérente, avec un esprit assez old-school appréciable et que je vois comme une belle forme d'hommage vers les illustres aînés.
Côté prod, le son est bien adapté au style, sombre et étouffant tout en restant assez raw, avec les cordes souvent vraiment mises en avant dans le mix, le chant restant bien engoncé dans la saturation d'ensemble, et une batterie qui surgit ici et là hors du brouillard, me rappelant aussi ici et là Cult Leader dans le jeu. Bref, vous avez compris la direction générale que prend cet album : celle du fond noir de la pochette, beaucoup plus nuancé et tout en textures qu'un rapide coup d'oeil ne le laisserait penser, au-delà des noms plaqués par dessus.
Bref, avec quelques morceaux plus directs et bas-du-front, d'autres plus complexes et dans l'esprit du hardcore chaotique, et même parfois du mid-tempo qui vient chatouiller du côté du post-hardcore/metal (appelez ça comme vous voulez), Sxokondo signent sur Altered Ego un fort bon premier long effort, mais qui nécessitera probablement plusieurs écoutes attentives pour déceler et apprécier les originalités que les Suisses apportent pour se démarquer de leurs illustres prédécesseurs. Les musiciens parviennent à suffisamment bien gérer la dynamique et les variations entre les morceaux pour que l'ensemble du disque défile bien, sans vraie redite et sans avoir l'impression de trop plein, bien qu'on puisse néanmoins trouver qu'il s'étire un poil trop dans la longueur, risquant de perdre un peu de force d'impact et d'intensité en fin d'album.
Mais bon, un joli « blouargh » comme au début de « Old Gods New Gods », ça fait toujours plaisir, donc on laisse volontiers passer d'éventuelles petites choses.
Le disque et ses paroles ont été pensés durant les trois dernières années, largement influencés par la période de la pandémie et par les conséquences désastreuses que cela a pu avoir d'un point de vue social. Sa mise en forme a été faite dans un esprit DIY, en travaillant avec des acteurs locaux de La-Chaux-de-Fonds, dont le groupe est originaire, et avec un enregistrement sur une semaine dans le Jura Suisse.
En guise de post-scriptum, si vous avez apprécié cet album, dont je recommande tout à fait l'écoute, ou que vous appréciez ne serait-ce que le style, restez aussi à l'affût de l'album des Italiens de Infall à venir à la mi-novembre, et dont je ferai également la chronique en ces pages.
A écouter pour découvrir le concept de guitare à fragmentation, telle que celle employée dans le clip réalisé pour le morceau éponyme de l'album.
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