The Resistance - Torture Tactics

Vous aviez été mis dans la confidence, vous, de l’existence de The Resistance (…quoiqu’on en pense la haute fréquence de ces rimes en « -ence » pèse lourd sur la panse…)? Moi non. « On nous cache tout, on ‘nous dit rien! ». Ou peut-être n’avais-je pas lu les bonnes news, allez savoir… The Resistance, donc, a déjà un EP et un album dans la liste des charges qui pèsent à son encontre. Ce qui fait de Torture Tactics – au format court, et à la date de sortie récente – son… 2^e EP, bravo Roger! « Bon alors pourquoi aurait-il aimé connaître plus tôt les gaillards, le lapin? Alors que ça fait un bail que quiconque a abandonné l’idée saugrenue de couvrir de manière exhaustive les sorties suédoises…? » Eh bien parce qu’il y a du beau linge aux commandes du lavomatique Torture Tactics: ce sont en effet de célèbres papys qui font ici de la résistance. Aux postes clés de la chose on trouve donc Jesper Strömblad et Glenn Ljungström (dont les guitares ont l’une comme l’autre raflé les médailles au sein d’In Flames, Dimension Zero, voire HammerFall), Christofer Barkensjö (Repugnant, Carnal Forge, Construcdead…), Robert Hakemo (Gardenian, Relevant Few…) et Marco Aro (The Haunted, Face Down).

...Ah ouais, quand même!

Et ce nouvel EP – en fait 6 titres nouveaux + 2 titres de l’album précédent + 2 titres du 1^er EP – est sans surprise le fruit logique de l’environnement où ces musiciens ont grandi et évolué… Sauf que – attendez voir: moins mélodique que ce que l’on aurait été en droit d’attendre d’ex-In Flames. Bon, certes, à la fin de « Cowards » on trouve des traces de twins melodeath au milieu des décombres. « Face To Face » aurait pu trouver sa place au milieu des titres les plus abrasifs de Slaughter of the Soul (le refrain est assez typique). Quant à l’instrumental poignant « Dying Words », c'est tout simplement le retour de la revanche de « The Scar » (une petite merveille qui illuminait le 1^er album d’At The Gates). Mais en dehors de ces quelques touches sucrées et de bon goût, Torture Tactics s'avère teigneux comme un pou, sa conception d'un monde musicalement meilleur impliquant guitares tectoniques à la mode Stockholmoises, attitude bagarreuse du hardcore et concision sauvagement punk. Et dès les premières mesures de « For War », en effet: c’est la guerre! La scie circulaire Dismembero-Gravienne attaque béton et fémurs tandis que les tartes nous atterrissent dans la tronche en rafale, comme délivrées par une version hardcore et énervée de The Haunted. Puis, sur « Dead », on se rend compte que la grosse artillerie va également passer par les mains des disciples du gras à la Wolverine Blues, ceux-ci étant quand même munis d’un stock de grenades plus volumineux que celui de leur aîné encercueillisé. Le fuyard n’aura dès lors que peu de chances d’échapper à la puissance de feu déployée au cours de cette petite demi-heure, d’autant que ces salves de 1 à 3 minutes ne laissent pas le temps de souffler. C’est qu’ici on fait dans le court et efficace, dans le Take-No-Prisonner, dans le crasseux-sans pitié qui piétine les restes de l’ennemi à coup de D-beat (« Cowards », et le vaguement « Serpent Speech »-ien « Slugger ») et fusionne les énergies de Dismember et Disfear pour obtenir des armes aussi fatales que létales (« Deception »). A noter d’ailleurs que toutes ces références à The Haunted, At The Gates et Disfear convergent logiquement vers ce constat: on a l’impression que c’est l’esprit de Tomas "Tompa" Lindberg qui anime ici le père Marco…

Par contre, si l’on kiffe clairement le trip à bord de cette Jeep depuis la tourelle de laquelle les douilles pleuvent en un épais essaim (Miam – donc – « For War », « Deception », « Slugger », « Face To Face »), on regrette quand même un peu que le groupe nous laisse sur un « I Bend You Back » très hardcore (tu le crois: ils ont même sorti les chœurs de babouins à bandana pour coller un peu de Brooklyn dans leurs marécages suédois!), et sans vraiment de relief… Pourtant, avec tant d’expérience réunie en une seule rondelle, on aurait attendu un peu plus de jugeote de nos lascars – et, en conséquence, un final un peu plus reviens-y-esque.

Quelles que soient les menues réserves émises quelques pixels plus haut, on apprécie franchement ce mélange ultime de death fangeux, de violence punk-core et d’un poil de mélodie suédoise, d’autant que le résultat est étonnamment virulent pour un groupe constitué de musiciens ayant suffisamment de bouteille pour se faire caviste! Que les metalheads écartelés entre leur amour pour les productions des Sunlight Studios, leur passion pour les crusteries suédoises et leur penchant pour les séances de danse de la pluie en moshpit coreux se réjouissent: avec The Resistance, ils ont enfin trouvé leur Ohm Sweet Ohm! (… je devais la faire celle-là!)

La chronique, version courte: coulées de guitares basaltiques entre Dismember et le Entombed de Hollow Man + hargne belliqueuse à la croisée de The Haunted et du hardcore le plus crasse + attaques-éclairs menées avec la violence aveugle du punk + saupoudrage de sucre glace mélodique suédois = Torture Tactics, 2^e EP d’un groupe constitué de membres d’In Flames, Carnal Forge, The Haunted & co. 

Cglaume

le 02/07/2015