Festival de Dour 2011 - Dimanche 17 juillet

Festival de Dour 2011 Dimanche 17 juillet (dossier)
 

 

 

Déjà le dernier jour de cette folle aventure. Les organismes commencent à être mis a rude épreuve. Pour gagner du temps, nous évitons de prendre des douches : il faut jusqu’à 1 heure et demie d’attente pour avoir enfin droit à 10 minutes de douche tiède dans un box souillé de restes de shampooing bon marché, de bouchons de cheveux et autres joyeusetés. Autant se faire une toilette de chat. J’arrête là, je sens que je vous vends du rêve !

 

Les moins courageux des festivaliers commencent à plier bagage. Ou peut-être ont-ils tout simplement besoin de rentrer au calme parce qu’ils travaillent le lendemain. Ahaha, les loosers, ils ne sont pas en vacances, ou n’ont pas pris un jour de congé ! Ils ne savent pas ce qu’ils vont rater en rentrant chez maman. Car, pour finir en beauté, pas mal de bons concerts restent encore à voir en ce dimanche. Vite il faut se dépêcher, réveiller les dernières épaves qui me servent de potes. Mais bon, l’important c’est de tenir sur la longueur, ne l’oublions pas. Du coup, malgré le programme encore démentiel de la journée, nous décidons de calmer le rythme. « On n’est pas des animals ! ».

C’est donc pour la fin de Russian Circles que nous nous rendons sur le festival. Leur post hardcore inspiré par Pelican fait très, mais alors très mal. Enter, un de leurs albums m’avait carrément bluffé et leur set n’a fait que confirmer tout le bien que je pensais d’eux. Intense, maîtrisé de bout en bout, ce groupe est clairement une valeur sûre de la scène. J’en suis encore hypnotisé. Leur seul défaut n’a été que de jouer devant un public parsemé en plein après-midi. Dommage, ça me donne en tout cas la forte envie de les revoir en salle sitôt qu’ils se remettent à pointer le bout de leur nez en Europe.

 

À cause d’une fringale malvenue, je ne pourrai pas vous parler ici de First Blood. Ou peut-être était-ce un acte manqué par peur d’avoir encore à envoyer un mec au stand Croix-Rouge (cf. Jour 3) ! Je passe alors direct par la case Boris. Les japonais sont une de mes grosses attentes de la journée. On m’a tellement bien vendu leur musique, que j’attends avec impatience leur gig. Et cela valu effectivement le coup ! Leur stoner sauce soja est carrément carré. Ils donnent l’impression de venir d’une autre planète avec leur gong monumental, leurs tenues de cuir noir et leurs guitares à plusieurs manches. Même si, au premier abord, j’ai eu l’impression de voir un Magma du soleil levant quand ils sont montés sur scène, leur musique m’a littéralement tapé dans l’oreille. Le mur du son qu’ils fabriquent avec leurs petites mains impressionne, envoûte. Même en faisant la tronche, Boris dégage une véritable envie de faire partager son univers bien à lui, loin des formats préétablis. Dépaysement assuré !

 

Pour ne pas rater ce qui, à n’en pas douter, sera l’événement de la journée (la venue de Public Enemy !), nous décidons donc de nous rapprocher de la Last Arena. Le temps d’attente, nous le passerons à écouter la pop électronique de Metronomy. Bien que n’évoluant pas dans un style que j’affectionne, le groupe m’a tout simplement collé au sol. Mélodies imparables, instrumentations classieuses, light show excellent. Peut-être à cause de la fatigue et de la gueule de bois, mais Metronomy m’a scotché du début à la fin. Aucune faute de goût, ce groupe a vraiment une touche qui les fait sortir du lot. Un moment de fraîcheur qui fait du bien. Metronomy, ça vaut toutes les douches du monde…

C’est alors qu’enchaîne ce qui sera l’une des plus grosses baffes de ces quatre jours. On ne la sentait pas venir en plus. Comme dans une embrouille avec un pote qui tourne au vinaigre. Public Enemy ! Le petit coreux qui vous écrit en est encore tout bouleversifié. Bien qu’accumulant de la fatigue depuis presque une semaine, leur concert a donné du pep’s à tout le monde, du hipster au père de famille en passant par le gros chevelu, ni plus ni moins. Leur concert de hip hop instrumental a été un modèle du genre. Après la déception House Of Pain, point de comparaison possible avec celui-ci. Chuck D et Flavor Fav ont fait un show à l’énergie qui mériterait d’être enseigné dans tous les halls d’immeubles et toutes les écoles de rap. « Don’t believe the hype », « Fight the power », « Bring the noise », autant de tubes réarrangés de main de maître par des patrons du rap U.S. Si visuellement Public Enemy s’est modernisé, leurs titres n’ont pas pris une seule ride. Le public ne s’y est pas trompé. Entourés de quatre gardes du corps choristes, les deux new yorkais ont mis un coup de pied dans la fourmilière du festival. Respect ! J’en oublierais presque que je viens de rater les rois du riff que sont les Karma To Burn

 

Rien qu’avec ce que nous venons de voir aujourd’hui, tout mes petits malheurs du week-end sont vite oubliés : la boue, le froid, la pluie, la malbouffe, les hollandais bourrés qui crient tout le temps, ma tente qui s’est fait défoncer, etc…

Il n’empêche que nous, mes petits camarades et moi, décidons de faire un break dans le festival, histoire de profiter un peu d’être ensemble et de reposer nos oreilles, mises à dure épreuve ces derniers jours. Exit donc Cocorosie et ses jouets, exit The Drums et Born From Pain. C’est comme ça, il faut faire des choix.

 

Nous reprenons donc notre marche en avant vers ce qui sera pour nous le bouquet final de ce festival (et oui, déjà !) : Le Bal Des Enragés. Un bon moment en perspective. La formule du all star band à la française a évolué un peu avec la participation de Stéphane de Loudblast et de deux échappés de l’Esprit Du Clan. Leurs covers mettent le feu à ce qu’il reste de vaillants. C’est festif et bondissant. On en prend plein la figure, sans se prendre la tête. Juste ce qu’il fallait pour finir en beauté. C’est quand même un tour de force de réussir à faire jouer ensemble autant de gens différents et surtout au niveau organisation, de réussir à rassembler la plupart des groupes qui ont fait l’underground frenchy. Imaginez une vingtaine de frappés qui enchaînent date sur date avec pour formule de reprendre les plus grand tubes du rock’n’roll. « Ça ne marchera jamais ! » Et bien non, ça court ! Poun de Black Bomb A nous fait même le plaisir de venir trinquer avec nous à la fin du show, comme pour prolonger un peu la fête.

 

Finalement, ne voulant pas terminer sur cette dose d’énergie trop enivrante, nous assistons au concert de Bonaparte. Je ne connaissais ni d’Eve ni d’Adam ce groupe complètement déjanté. Et grand mal m’en a pris… Leur power pop sauce post punk est d’une efficacité qui fait plaisir à entendre. Tous maquillés et déguisés façon Rocky Horror Picture Show, leur gig fait feu de tout bois. Autant vous dire que ça réagit du tac au tac dans la fosse. Deux performeuses topless haranguent, si besoin est, le public à retourner ce qu’il reste à retourner. Les gobelets volent, ça danse, ça bouge, ça rigole, comme pour oublier que dans quelques heures tout sera fini.

 

Car oui, les meilleures choses ont une fin et ce festival marathon se termine en queue de poisson, dans la confusion la plus déroutante. Entre ceux qui veulent continuer, ceux qui veulent se coucher parce que demain c’est école et ceux qui sont trop attaqués par les excès pour tenir debout, le spectacle de cette fin de festival donne une impression de chaos. La patinoire de boue que l’on doit franchir pour rentrer nous impose de rester quelques instants de plus pour finir nos verres. Mais il va falloir se faire à l’idée que Dour 2011, c’est bel et bien fini. Quelle sacrée édition !

Dans ces quatre jours de musique, qui ont rassemblé plus de 180 000 personnes, peu de choses à redire. Malgré des conditions difficiles, l’ampleur du festival n’a d’égal que sa bonne ambiance. Pas d’embrouille, pas de stress, pas de gros pépin technique, il n’y a pas à dire, l’équipe du festival a mis les petits plats dans les grands pour que la version 2011 reste gravée dans les mémoires. Encore chapeau à l’équipe, de la barmaid au steward en passant par le service d’ordre ou l’équipe technique qui reste essentiellement bénévole !

 

Si vous cherchiez dans ce live report des preuves ou des anecdotes (du genre qui a vomi, qui a uriné n’importe où, qui n’a pas dormi dans sa tente, qui a cassé des trucs, qui a checké avec des chanteurs complètement ivres) et autres choses croustillantes du type, sachez que :

1-      Je ne suis pas une balance

2-      Je suis venu à Dour avant tout pour en faire partager les concerts avec COREandCO

3-      Je suis un gentleman, tout du moins j’essaie

4-      Surtout ce qui se passe à Dour reste à Dour !

 

En tout cas, comptez sur moi, Dour 2012 se fera avec Geoffrey Fatbastard ! Merci à tous ceux qui ont eu le courage de lire ce report de bout en bout. J’espère que vous vous êtes retrouvés, que vous avez revécu quelques grands moments ou à défaut, que je vous ai donné quelque peu envie d’en être l’année prochaine. Je finirai par une phrase d’un flamand bien crédible avec sa cagoule en forme de crête de poule : DOUREEEEEEEEEEE !

 

« C'est comme la guerre nucléaire, il n'y a pas de vainqueur, juste des survivants. »

Frank Gilford


 

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