Fange - Interview du 17/08/2024
Membre(s) interviewé(s) : Mathias Jungbluth, Benjamin Moreau, Titouan Le Gall, Antoine Perron
Je serais assez étonné que l’on ne vous ait jamais posé cette question, mais en épluchant vos dernières interviews, je n’en ai pas trouvé de trace donc : D’où vient votre obsession pour la lettre P ?
(rire général)
Mathias Jungbluth : C’est la question qu’on a à toutes les interviews ! (rires).
Benjamin Moreau : C’est simplement que le premier on avait décidé de l’appeler Poisse, le deuxième Purge mais sans forcément que ce soit lié et on s’est dit « On reste là dessus ». On garde ça, ça nous fera un gimmick. On sera obligé de rester la dessus. Et puis ça faisait aussi hommage à Morbid Angel avec eux leur obsession pour tout faire par ordre alphabétique. Sauf que nous on reste sur une seule lettre.
Antoine Perron : Ouais, nous on est un peu bête. Analphabètes en fait.
J’ai entendu dire que vous démarchiez des labels plus gros que celui sur lequel vous êtes. Le vôtre. Je vous cache pas que je trouve la démarche assez étrange. On a plutôt l’habitude d’entendre des groupes quitter les majors pour fonder leurs propres labels et retrouver une certaine forme de liberté. Vous faites exactement l’inverse et prenez tout le monde à contre-pieds, comme à votre habitude. Vous pourriez nous en dire un peu plus sur le projet ?
MJ : En fait, c’est davantage dans le sens où tous les disques de Fange sont sortis sur notre propre label et devoir promouvoir son propre travail, c’est pas forcément… En fait, j’ai un peu l’impression de vendre des yaourts, donc c’est pas ce que je préfère non plus. Des fois, on se dit qu’on aimerait bien déléguer, mais si d’un autre côté ça apporte une vraie liberté de pouvoir gérer comme bon nous semble ; de sortir des disques quand on veut, de la manière qu’on veut, sans avoir à attendre… Mais c’est pour ça que les quelques labels qu’on essaye de démarcher à chaque fois sont beaucoup plus gros parce qu’il faudrait qu’il y ait un super super gros… … enfin que ça puisse vraiment nous apporter beaucoup. Après on est dans un statut un peu bâtard : on est pas un groupe amateur non plus, mais on n’est pas professionnels donc on est pas forcément super intéressant pour ces labels non plus. On teste à chaque fois et puis au moins on a cette roue de secours qui est que je les sorte sur mon label.
BM : En fait, c’est comme si on était trop gros pour Throatruiner mais on serait encore un peu trop petit pour des plus gros, tu vois, c’est un peu l’entre-deux bizarre. On avait eu potentiellement des touches avec deux, trois, mais finalement elles n’ont pas pris à ce moment-là. Donc on continue comme ça.
MJ : Je pense qu’on aimerait bien tester, au moins voir ce que ça donne avec un gros label ; comme ça si ça le fait pas on peut se barrer. (Rires)
Mais en tout cas, on a besoin de tester parce que c’est quelque chose qu’on ne connaît pas.
Titouan le Gall : On est aussi conscient que la différence entre ce que Throatruiner peut faire ou ce qu’on peut faire de façon autonome via Throatruiner par rapport à ce qu’on pourrait faire avec un autre label tierce, il faudrait vraiment qu’il y ait quelque chose de significatif pour qu’on fasse le switch. Au-delà du fait de déléguer, il faut aussi que ce soit cohérent avec la progression du groupe.
Vous faites preuve, en tant que groupe, d’une très grande vivacité. C’est assez organique, dans le sens où vous êtes en perpétuelle (voire parfois profonde) évolution. Est-ce que vous savez toujours où vous mettez les pieds ?
(Réflexion)
Est-ce que vous arrivez à vous auto-surprendre ?
BM : S’auto-surprendre ? Je suis pas sûr parce qu’on a toujours… pas forcément un coup d’avance mais on sait ce qu’on fera sur le prochain disque à chaque fois parce qu’on cible vite ce qu’on aimerait mettre exergue, faire évoluer, mettre telle ou telle chose en valeur. C’est ce qui fait qu’on a beaucoup de liberté et qu’on a pas trop de limites en soi. On peut se permettre des choses, et il y a des choses qu’on ne veut pas faire. Ça, on l’a su dès le début et on sait qu’on ira jamais dans ces champs-là. Mais… se surprendre ? Je sais pas. Des fois on teste des trucs, ça marche, ça marche pas mais on a toujours une idée de base, un cahier des charges des trucs qu’on veut tester. Mais se surprendre, je sais pas.
TLG : Ce qui peut être le plus surprenant, c’est comme disait Ben, on sait toujours où on veut aller artistiquement et musicalement. Après, je dirais que la surprise vient plutôt de la manière dont on arrive à préserver l’identité de Fange à travers toutes ses mutations aussi. C’est ça qui est stimulant actuellement aussi. On échange beaucoup entre nous et on voit ce qui est pertinent, y compris en termes de sorties, si c’est un album, un EP, une collaboration… On est ouvert un peu à tout. On est maintenant en mesure de tester assez facilement et rapidement les choses. Je pense que l’élément de surprise il est là. De quelle manière on arrive à retordre le prisme qu’on essaye de s’apprivoiser et comment on arrive a s’insuffler ce truc étrange, qui est un peu le sel du groupe depuis le départ.
BM : Ouais, il y a l’étape du live aussi. Des fois, on se dit « ça, ça va pas du tout marcher sur scène », ou parfois on le sait d’avance donc on se prend même pas la tête à essayer de le mettre en place pour les jouer en live. Et à l’inverse, on se dit que certaines vont bien marcher, on les fait deux trois fois et puis certaines ne marchent pas et finalement on les vire. Limite, les surprises elles viennent plutôt quand on se dit « Ah, je pensais pas que ce truc marcherait autant et qu’on prendrait autant de plaisir ». Des fois, ça, ça aide à pointer des choses qu’on veut mettre en avant sur, par exemple de la compo ou l’album suivant.
TLG : C’est vrai ! C’est vrai que l’étape de live est assez déterminante sur la manière d’appréhender la suite. Pas forcément en terme de direction globale mais plus sur des éléments précis, tel ou tel passage ou tel réflexe que l’on peut avoir… C’est vraiment là où ça aura plus d’impact même si en studio peut aussi générer quelque chose.
On est peut être plus attentif à ça aussi parce qu’il y a maintenant plus de lives. Mais c’est vrai que ça alimente pas mal nos pistes, en termes d’arrangements. Je pense.
Benjamin, tu disais tout à l’heure que vous saviez ce que vous ne vouliez pas. Donc, concrètement qu’est ce Fange s’interdit ?
MJ : (sans hésitation aucune) Black metal.
BM : Ouais. Black metal. On a jamais voulu inclure de discours propre au BM dans ce qu’on fait.
MJ : Des blasts !
BM : Ouais. Des blasts… En fait, il y en a… un !
MJ : Ouuuais. Il est pas très rapide (rires)
BM : En fait,on essaye de prendre à contre-pied les moyens utilisés par les autres groupes pour exprimer de la violence.
MJ : Et puis le fait d’avoir la boîte à rythme, on voit bien que ça marche mieux sur des trucs plus lents, des riffs moins chargés
TLG : Du D-Beat sur un boîte à rythme, ça rend pas…
BM : Ouais quand on a switché sur la boîte à rythme, c’était pas prévu au moment de la composition. Sur Pudeur, ça devait être un batteur, finalement on a switché sur la boîte à rythme et là du coup, pour revenir à ta question, on ne savait pas trop où on mettait les pieds. On a eu un peu peur de se tirer une balle dans le pied. C’est vrai que du coup, dans l’écriture des batteries, c’est pas… … Disons que j’aurais fait autrement aujourd’hui. Là, du coup, c’est un peu chargé sur la batterie, je le regrette un peu, mais ça reflète un peu l’urgence de devoir switcher sur une boîte à rythme. Après, on s’interdit aussi de partir sur des trucs un peu « pouet pouet » au niveau des synthés. Dès que ça part un peu New Rock.. (rires)
Perdition est marqué par les contrastes. Personnellement, je pense que vous ne pouviez pas faire plus contrasté en reprenant une chanson de Bernard Lavillier. Comment vous est venue cette idée ?
(Rires)
MJ : Quand on était sur la tournée Pantocrator. C’était l’époque où on avait pas un catalogue live très étendu avec la boîte à rythme. Et on s’est fait la remarque qu’on avait pas grand-chose à faire en rappel si on nous demandait un truc. Donc c’est de là que nous est venue l’idée d’une reprise. On a écouté plein de trucs dans le van, un peu varièt’, 80’s et puis on est tombé sur ce morceau de Lavillier et on s’est dit : « Putain, il est super fangisable en fait ».
BM : On a tiqué direct ! On avait écouté du Mylène Farmer, du Etienne Daho, du Bashung… On a testé des choses et c’est celle là qui était la plus « Fange » en terme de matériaux de base.
MJ : Ouais. C’est une idée qu’on a eu en 2021 et puis on l'a faite juste là, en 2024.
Vous incluez systématiquement des guests depuis quelques années. On retrouve donc sur Perdition Diane Pielloteri de Pencey Sloe et Olivier Guinot de Lodges. Comment s’effectuent vos choix ?
MJ : Parce que je sais pas chanter, donc je préfère déléguer. (rires).
Au niveau du choix des guests, c'est des gens avec qui ont a déjà une proximité aussi. C’est des gens qui sont français et qui sont prêts à chanter en français, qui ont de belles voix et des voix particulières. Et qui aiment ce qu’on fait aussi. C’est vrai qu’en fait, on a jamais cherché trop longtemps à qui on pouvait s’adresser pour faire des feat.
BM : C’est des voix assez singulières...
MJ : ...qui amènent vraiment autre chose.
BM : Que ce soit Cindy et Cédric sur Privation ou là Olivier et Diane, au-delà du fait qu’on se connaisse et qu’on s’apprécie humainement, qu’on apprécie leur boulot et leur musique, ce sont des esthétiques qu’on apprécie. Des esthétiques avec une singularité vocale. Et puis on aurait jamais démarché quelqu’un qu’on ne connaît pas du tout.
MJ : Et puis surtout,c’est des voix claires. Des guests gueulés, ça nous intéresse pas vraiment.
TLG : Ouais, c’est uniquement des voix singulières qui dénotent tout de suite. Ça renforce tout de suite le contraste.
MJ : Ça apporte réellement quelque chose qu’on est pas capable d’apporter nous-mêmes. Ou du moins pour l’instant
BM : Ou qu’on ferait… Mais en moche. (rires)
Titouan, tu es arrivé en seconde guitare il y a un petit moment maintenant. Comment s’est passée cette arrivée et pour toi, et pour le groupe ?
MJ : C’était quoi… Fin 2021 ?
TLG: Officiellement fin 2021. Juste au moment où le groupe commençait à terminer les pré-prod de Privation, justement.
BM : Il y avait 90 % des musiques de composées, j’avais tout fait et on s’était posé la question à ce moment-là de savoir si on passait à deux grattes parce qu’il y avait plus de mélodies. L’autre solution était de les sampler mais on avait pas de bonne réponse. On connaissait déjà Titouan, on savait qu’il aimait le groupe et que ça pouvait l’intéresser. Donc on s’est dit « on lui fait écouter » et si ça lui plaît, s’il a le temps, s’il est motivé… On verra quoi ! Et ça s’est fait comme ça.
AP : On a dû lui faire boire beaucoup de Suze pour être à notre niveau.
MJ : Et puis on a tous 35 piges ! Il nous fallait un millenial dans le groupe ! (rires)
TLG : Je suis responsable TikTok aussi !
Du coup, l’arrivée de Titiouan et donc d’une deuxième guitare, marque-t-elle un virage (ou du moins une direction) plus riffée, peut-être même un poil plus « death » ? C’est en tout cas l’impression que j’ai depuis quelques sorties, ne serait-ce que sur la durée de vos pistes !
BM : Ah c’est marrant ! A l’inverse, je dirais justement. L’aspect vraiment plus death on l’avait sur Punir, sur Pudeur, dans lesquels il y a vraiment une ambiance « suffo ». C’est justement parce qu’on a plus de lignes mélodiques qu’on a besoin d’une seconde guitare. Le côté « death » il était déjà là, mais finalement, c’est l’empilement de mélodies qui fait que c’était nécessaire d’ajouter une deuxième guitare.
TLG : Oui, tout à fait. Par exemple, ce que j’ai pu apporter sur Perdition, c’était bien plus de la mélodie que du riff. Et puis c’est bien plus mon rôle sur scène, en terme de partie et de répartition. C’est vrai que même en terme de répartition en terme de guitare, en fait il fallait tout repenser. Même si c’était assez intuitif dans les compos, ce sont quand même des compos qui sont assez riches, en tout cas quand il y a une boîte à rythme, il y a beaucoup de choses qui se passent en même temps.
Ouais… Plus riffé… C’est peut-être l’impression que ça donne parce qu’il y a plus d’impact et plus de puissance. En tout cas sur Perdition, c’est plus des couches de distorsion plus que du riff. Après, c’est vrai que faire quelque chose de plus riffé, c’est une piste qui est intéressante. Justement, c’est quelque chose qu’on a pas encore exploité, ce côté vraiment très riffé avec deux lignes de guitare.
AP : En fait, Titouan est la caution sexy de Fange… (rires)
Mathias, j’avais une question particulièrement pour toi. Tu as une fois de plus fait un travail d’écriture en alexandrin rime plate. J’ai lu, à plusieurs reprises, que tu trouves ce travail assez pénible et difficile. C’est, avec Perdition, le troisième album que tu écris de cette manière. Est-ce que tu ne prendrais pas quand même un peu de plaisir à l’exercice ?
MJ : Ouais, parce que écrire avec des contraintes comme ça, ça me force à écrire différemment. Et puis ça m'a fait des placements naturels pour le chant parce que vu que je les place plus ou moins dans ma tête en sachant quel nombre de syllabes il va y avoir sur cette partie ou autre. En fait, avoir des alexandrins, ça me permet de savoir comment va se découper le chant. A l’avenir, je compte garder les rimes mais pas forcément les alexandrins parce que je sens quand même les limites du trucs. Ça peut surcharger les éléments, parfois créer des répétitions… J’aimerais faire quelque chose de plus intuitif, seulement avec des rimes sans la contrainte des syllabes.
Personnellement, je trouve qu’écrire de cette manière rend le texte plus violent, parce que peut-être plus réfléchi et plus construit.. Etait-ce là l’idée de base ?
MJ : Merci. Bah, le fait d’avoir un texte assez riche au niveau rime, ça aide à avoir un aspect accrocheur, c’est sûr. On fait une musique un peu opaque et le fait d’avoir des répétitions tout ça, ça apporte une accroche supplémentaire et c’est ce qu’on voulait aussi.
Sur un autre sujet, vous avez sorti, là encore, un clip pour l’un de vos titres. Après "Sang-Vinaigre" pour Privation, c’est « Mauvais Vivant » que vous choisissez pour Perdition, avec une fois de plus Corentin Schieb à la réalisation.
Tous en chœur : Avec Maureen Piercy !
Et pourtant, l’esthétique n’est vraiment pas la même. Quelles ont été vos consignes ?
MJ : C’est pas la même esthétique parce qu’il y avait cinq fois moins de moyens. (rires)
Vu que c’était un EP, on payait ça de notre poche et on pouvait pas mettre autant que précédemment. Donc on est arrivés, déjà avec cette contrainte : « On a cette somme-là, et le disque doit sortir assez vite, donc qu’est-ce que vous pouvez nous proposer». Ils ont réussi à prendre ces paramètres et faire un truc vraiment cool et on est très très contents du résultat. Mais c’est sûr qu’il y a une esthétique différente du coup.
BM : Rien que l’écart entre des choses en plein-air et le huit-clos, déjà en terme de contraintes logistiques, c’était pas la même.
AP : Même la performance de l’actrice, qui est quand même assez ouf.
BM : Ludivine, oui.
AP : Elle perce vraiment bien l’écran. Il y a effectivement un petit écart entre les deux, mais pour autant, ça fait pas cheap, tu vois. Je ne suis pas en train de dire que les précédents étaient mauvais, mais vraiment la prestation de Ludivine est bluffante.
MJ : Pour le coup, c’est un clip qui a littéralement été tourné en une journée dans une maison de campagne, avec pas mal de préparation en amont, mais oui, on a vraiment tout resserré, niveau temps, niveau budget.
TLG : Après, musicalement, c’est pas le même discours non plus. Sur Privation, c’était quand même plus ouvert, ça appelait quand même à quelque chose de plus grandiose. C’était peut-être la seule fois où on a eu un écart de plus d’un an entre deux sorties. Donc il y avait peut-être aussi une volonté de marquer le coup, asseoir quelque chose d’un peu plus (hésitations) enfin qui impose vraiment visuellement et donc du coup de vraiment mettre les moyens. Perdition, c’est un disque qui a été pas mal composé, pas dans l’urgence, mais rapidement et qui du coup a été enregistré dans l’urgence. Niveau planning, on avait une deadline assez proche, avant de partir en tournée à l’automne et donc du coup, en terme de vibe, musicalement, on avait quelque chose de plus fermé. Donc au niveau de l’expression, de l’imagerie, c’est pas si déconnant que ça, parce que musicalement, c’est plus claustrophobe aussi.
Et donc, vous de votre côté, vous ne donniez pas de consignes particulières ? C’est quand même l’adaptation visuelle de votre musique, non ?
TLG :Si, on leur a dit ce qu’on aimait, ce qu’on aimait pas et puis toute l’équipe des FURTIFS est composée de personnes de Nantes, ce sont des potes, on se côtoie régulièrement et on connaît nos goûts respectifs. Ils arrivent à très bien nous cerner et nous aussi. Une fois qu’on avait établi les paramètres, on leur faisait vraiment confiance. Ils nous proposent leur script et puis ils savant déjà à peu près dans quelle direction aller, ça se fait assez naturellement. Il n’y a pas beaucoup de recadrage à faire
AP : De la même manière que pour la musique, on sait ce qu’on ne veut pas.
MJ : Ouais, mais la différence avec la musique c’est que dans la musique, on sait ce qu’on ne veut pas et on sait ce qu’on veut et en terme de clip, par contre, on est des quiches.
BM : On sait ce qu’on veut pas, mais on sait pas ce qu’on veut.
MJ : Ouais, c’est ça. C’est pas notre domaine d’expertise.
C’est vrai ? Parce que c’est vraiment pas ce que vous dégagez. Vu les références que vous pouvez sortir dans vos interviews vous avez quand même l’air bien calés.
BM : Oui, dans les goûts…
MJ le coupe : Moi par exemple, les derniers films que j’ai vus, c’est les sept Fast&Furious (rires)
BM : Oui, donc en terme de références, de goûts, ça oui. Mais dans ce qu’on voudrait montrer, en terme d’image, de mouvement, d’articulations de narration. ça c’est pas notre métier.
MJ : C’est pas un truc qu’on pourrait faire nous-mêmes. On peut vraiment bosser dans notre coin en autonomie, faire nos enregistrements nous-mêmes mais du clip, on pourrait pas.
AP : Ouais, aucun de nous ne serait capable de faire ne serait-ce qu’un cadre intéressant ou joli.
TLG : Oui, et puis les FURTIFS c’est un collectif aussi. Ils ont eux-mêmes cette habileté de pouvoir rebondir sur leurs idées respectives, peu importe qui est à la réal’, que ce soit Corentin, Maureen ou Mathias. Il y a une sorte de jeu de chaise musicale au sein de leur équipe. Ils sont vraiment ancrés dans une dynamique collective. Ils ont des références communes et ça colle bien avec ce que nous on fait et notre vision des choses.
BM : Nan, il n’y a eu aucune mauvaise surprise.
Vous avez un rythme de sorties assez élevé et régulier, ce qui me laisse penser que vous êtes déjà sur le prochain EP ou album. Vous pourriez-nous en dire un peu plus ?
BM : Il est pas totalement fini en terme de compo/structure. Il y a encore un peu à faire, mais en gros, il sera enregistré d’ici la fin de l’année.
AP : Le titre de l’album commencera par un P. Sans surprise.
BM : On a situé assez vite ce qu’on voulait faire, ce qu’on voulait mettre en avant. C’est venu assez vite. Ca a été un peu pénible sur le début de l’écriture, comme d’habitude.
TLG : Personnellement, je trouve, pour rebondir sur ta question précédente sur l’auto-surprise qu’à ce stade d’avancement, il y a quand même des bons éléments de surprise. Les compos, les arrangements sont faits et à partir du cadre qu’on s’était fixé, on arrive quand même à dégager autre chose et à pousser la musique de Fange vers autre chose encore. Ça ouvre d’autres perspective sur la suite. Mais, là pour le coup, je trouve que sur le prochain, il y a un élément de surprise qui est vraiment intéressant.
MJ : Du biniou (rire)
Justement tiens, j’avais une question à ce propos. Vous disséminez souvent des références à la Bretagne. Que ce soit sur certaines pochettes d’album ou même plus récemment encore sur un print que vous avez fait en collab avec Emgalaï pour cette édition du Motocultor. Je trouve ça assez étonnant pour un groupe qui tourne beaucoup autour de l’indus/experimental d’avoir un certain attachement à un territoire. Quel rapport vous avez à ça ?
MJ : Parce qu’on essaye d’inclure le groupe dans une géographie. C’est ce que j’aime chez beaucoup de groupes, tu vois ? Dans le NYHxC par exemple, tu vois tel élément visuel, tu sais d’où ils viennent, ça les incorpore dans un territoire. On trouvait ça cool de dire là d’où on vient et qu’on puisse dire qu’on est qu’un groupe breton et pas…
BM : de Birmingham.
MJ : Ouais, c’était plus une question d’identification à un territoire.
BM : Ouais, c’est notre région, elle nous tient à coeur, on habite là. Et puis, il y a plein d’imagerie bretonne qu’on peut détourner ou s’approprier en les mettant à la sauce Fange. Je pense que la Bretagne, en tant que telle, ça peut évoquer plein de choses, dont des trucs qui sont très Fange, en fait. Le temps de merde, les tempêtes…
MJ : La vase.
BM : La vase ouais. Le granit. Finalement, il y a plein d’éléments qui peuvent être très durs...
AP : LES CAILLOUX !
BM : … et qui peuvent réfléchir cette identité.
TLG : On est provinciaux et on le crie haut et fort !
BM : Ah bah non, si tu dis « provinciaux » déjà… C’est un terme parigot.
Merci beaucoup d’avoir pris de votre temps.
En choeurs : Merci à toi
3 COMMENTAIRES
8oris le 11/10/2024 à 13:14:38
Hyper intéressant, merci !!!
Vincent Bouvier le 12/10/2024 à 18:37:11
Mais de rien! C'est avec plaisir. 😄
Moland le 13/10/2024 à 19:12:00
Superbe interview d'un super groupe.
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