Gorod - Interview du 08/10/2018

Gorod (interview)
 

Question apéritive, pour se chauffer: officiellement c’est la protoplanète Æthra qui donne son nom à votre sixième album. Mais à nous, vous pouvez le dire: ce titre n’est-il pas plutôt un hommage discret à Aretha Franklin – qui s’est éteinte cet été, et dont vous êtes secrètement fans ? Si à la place c’était Tina Turner qui nous avait quittés, l’album se serait-il appelé Inat, ou Return ?

Julien : Que de digressions et d’interprétations farfelues dis-moi ** rires ** ! Mais justement, « Æthra » fait référence à la complexité de l’attribution des noms, notamment quand ceux-ci désignent des entités lointaines, autant dans l’espace que dans le temps. En effet, même parmi les historiens le nom d’Æthra fait débat. Certains la voient comme la mère de Thésée, d’autres comme la conjointe d’Hypérion, mère d’Hélios, Séléné et Eos… Bref, le sujet qui a retenu mon attention pour cet album est celui d’une Æthra (plus fréquemment appelée Théia) qui serait la mère de la lune : un astéroïde rentré en collision avec la Terre duquel se serait détaché ce caillou qui tourne toujours autour de nous et qui disparaît et apparaît entièrement tous les 28 jours. Æthra est donc la parente disparue nous ayant laissé le cadavre de sa progéniture en orbite comme un souvenir de la tragédie...

 

Æthra s’avère également être l’album du nouveau départ, puisque vous avez conjointement abandonné le label Listenable Records et votre manager historique Pascal Bironneau. A quoi tous ces changements sont-ils liés ? A la gestion de la promotion de A Maze of Recycled Creeds – qui, je crois, n’a pas été à la hauteur de vos attentes ?

Julien : Sujet épineux que celui-ci… Pour faire simple, en effet nous n’avons pas été satisfaits du travail promotionnel effectué par nos instances dirigeantes pour A Maze... Il nous a donc semblé judicieux de travailler autrement, et pour cela nous avons fait le choix de changer d’écurie.

 

Sur « And The Moon Turned Black », on peut entendre « Wish you were here ». On a du mal à croire à une coïncidence: s’agit-il bien là d’un petit clin d’œil au successeur de The Dark Side of the Moon de Pink Floyd ? Y a-t-il d’autres références aussi bien cachées sur l’album ?

Julien : Alors pour le coup, c’est peut-être mon inconscient qui m’a joué un tour, car je n’ai jamais été amateur de Pink Floyd, et je connais assez mal leur musique. Le clin d’œil n’est donc pas réellement volontaire. Mais il est vrai qu’il y a toujours eu des références plus ou moins cachées dans la musique de Gorod : Chick Corea, Dave Brubeck, The Persuaders… Mais Æthra est l’exception qui confirme la règle, car cette fois aucun emprunt conscient n’a été apporté aux morceaux.

 

Cette année, les amateurs de broderies métalliques confectionnées dans l’Hexagone auront pu remarquer une certaine communauté d’esprit entre les forces vives de la scène française. En effet Voight Kampff a proposé une superbe pochette réalisée par Caza, tandis que vous-mêmes arborez une œuvre mystico-futuriste semblant faire la synthèse des travaux de Druillet et Moebius. Avez-vous été directif sur ce point vis-à-vis de votre illustrateur ? Aviez-vous ce genre de références en tête au moment de passer commande ?

Julien : Absolument ! J’ai été plutôt directif concernant la réalisation de la pochette. Le thème abordé donnait déjà un cadre relativement précis, mais j’ai voulu avoir Jeff Grimal pour cette illustration, son style de dessin correspondant parfaitement aux représentations que j’avais en tête en amont. Je lui ai donné une description à la fois thématique et formelle en prenant en compte les goûts picturaux des musiciens ainsi que de l’équipe technique de Gorod. Cela a été un travail de synthèse assez difficile pour Jeff car il a dû se plier aux exigences de chacun, mais je trouve qu’il a vraiment réussi son coup malgré la complexité d’un tel exercice.

 

Il semblerait que Mick Thomson de Slipknot ait une haute opinion de votre travail: comment avez-vous eu vent des doux mots qu’il a tenus à votre égard ? Êtes-vous en contact avec lui, ou avec le groupe ?

Mathieu : Il se trouve qu’il nous a cités plusieurs fois sur les réseaux sociaux comme l’un de ses groupes préférés, à notre grand étonnement. Puis Pascal l'a rencontré en personne, au Hellfest 2013 je crois. Apparemment Mick lui aurait carrément dit qu'on est l’une de ses influences et que notre musique l'inspirait beaucoup... Wouawh, tu imagines ? Cela fait extrêmement plaisir d'être reconnu par une méga rockstar du metal, et cela va sans dire qu'on serait totalement partant pour partager une affiche ou un tour avec Slipknot ! Mick a eu la gentillesse de nous passer tous les contacts qu'il a, tourneurs, producteurs, etc, en plus de son appui personnel. Mais cela n'a rien donné pour le moment. Il faut croire que les artistes eux-mêmes n'ont pas un grand poids dans le business.

photo de Cglaume
le 10/12/2018

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