Body Count - Manslaughter

Chronique CD album (50:14)

chronique Body Count - Manslaughter

B.C. is back in da house muthafuckaz!

 

Rappelez-vous, c’était au début des années 90s. On s’était limite mis à porter la casquette. On s’époumonait sur des « Fuck You I Won’t Do What You Tell Me! » (RATM), sur des « The Truth, Tell Me The Truth Motherfucker! » (Clawfinger) ou sur le « Whooo…oh.ohhhhhhhh » de Faith No More et Boo-Yaa T.R.I.B.E.. On était de « … la même couleur Bro’ » (No One Is Innocent), on sautillait sur le « Punk It Up » de Infectious Grooves et on arpentait les ruelles de South Central en beuglant « Bici, Bici, Bi-Ci! ».

 

Bon, si vous avez connu vos premiers émois de jeune rebelle en écoutant du grunge, du néo ou Cradle of Filth, tout ça ne vous parlera peut-être pas des masses. ‘scusez le vieux croûton, mais quand on voit approcher la quarantaine de près, c’est pas tous les jours qu’on a l’occasion d’enfiler à nouveau le cartable!

 

Bref, l’annonce de la sortie d’un nouvel album d’Ice Mothafuckin’ T et d'Ernie C sous la bannière Body Count, ça a été une sacrée bonne surprise. Et ce malgré la petite voix sarcastique – là, sur l'épaule – qui demandait en ricanant « Ça va pas être un peu ridicule tout ça, 8 ans après Murder 4 Hire et 22 ans après Body Count »? En vérité je vous le dis niggaz & bitchaz: non, Body Count n’a pas tourné au cirque gériatrique. Nos rappeurs à guitare ont gardé la niaque et n’ont pas bougé d’un iota stylistiquement parlant. Tout juste nos gaillards ont-ils adopté un ton un peu plus sage au niveau de leurs textes, ceux-ci nous rappelant qu’entrer dans un gang (« Wanna Ba A Gangsta »), ne rien glander de toute la journée (« Get A Job ») ou mépriser les vétérans qui rentrent du front (« I Will Always Love You »), c’est pas forcément malin. Bref, on n’en est plus vraiment au tir au poulet à même le panier à salades.

 

Mais laissons à présent parler le ghetto blaster. Constat immédiat: le BC 2014 est toujours viscéralement hiphop, et les morceaux oscillent cette fois encore entre mid tempos menaçants, rythmiques appuyées et rondement groovy, et petits coups de sang thrashy. Le 1er single, « Talk Shit, Get Shot », est un bon mètre étalon de ce bon gros rap metal de bad boyz, teigneux et revanchard, qui nous avait tant parlé à l’époque où on collait encore des œillets sur nos feuilles de classeur afin qu’elles ne se fassent pas la malle. « Pray For Death » fait lui aussi dans la fusion pas super évoluée mais carrément bonnarde. Même topo avec « Back To Rehab », « Get A Job » ou la grosse tuerie thrashcore intitulée « Bitch In The Pit ». Et si la reprise de « Institutionalized » (Suicidal Tendencies) n’apporte pas forcément grand-chose, elle passe très bien, colle parfaitement au répertoire de nos loustics et nous fiche sous le nez une évidence sur laquelle on n'avait pas forcément tilté: les BiCi, BiCi, Bi-Ci du gang de L.A. ne sont finalement rien d’autre que des échos du Esse-Ti, Esse-Ti, Esse-Ti des bandanas boys de Venice.

 

Mais le problème avec Manslaughter, c’est que les mid-tempos grassouillets et simples-du-riff, ça ne fonctionne pas forcément bien sur la durée. Du coup la 2nde moitié de l’opus commence à peser un peu sur l’estomac, et les « Pop Bubble » (avec Jamey Jasta de Hatebreed), « Enter The Darkside » ou « Wanna Be A Gangsta » nous laissent sur un vieux goût de bof. L’espèce de resucée mélangeant « Evil Dick » et « Voodoo » qu’est « Black Voodoo Sex » n’est pas non plus hyper folichonne, sans parler de « I Will Always Love You », ballade sombre et pesante qui passe franchement moins bien qu'un « The Winner Loses » déjà pas hyper sexy. Du coup heureusement que l’album se termine sur une version fortement remétallisée de « 99 Problems BC » qui, il est vrai, était presque purement rap dans sa version brute.

 

C’est donc avec un certain enthousiasme, mais sans non plus être pris de fièvre prédicatrice, que l’on accueille ce 5e album sympathique, fidèle à ses racines, joufflu, mais pas aussi démentiel qu’on l’avait secrètement espéré. Si vous n’avez jamais abusé de l’Ice T, commencez donc par boire le 1er album Body Count, ainsi que son petit frère Born Dead. Si par contre vous connaissez déjà ces 2 opus et que vous êtes un peu en manque, vous pouvez sans crainte dégainer Manslaughter pour vous la re-jouer "gangsta à l’ancienne".

Got that bitch?

 

PS: mais qu’est-ce que Body Count fout chez Sumerian Records au fait?

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Body Count is back, avec le même rap metal, les mêmes « muthafuckin’ niggaz » et le même gun qu’à la grande époque. Par contre, bien que globalement assez bandant, il s’essouffle un brin sur la durée. On continue donc de préférer le premier opus à ce 5e méfait.

photo de Cglaume
le 28/08/2014

10 COMMENTAIRES

Jull

Jull le 28/08/2014 à 10:21:56

Euh Glaume, c'est pas "la meme couleur pourpre" pour No One Is Innocent???

cglaume

cglaume le 28/08/2014 à 10:42:08

? Euh, a priori non. Je n'ai pas le livret pour vérifier, mais si tu vas voir sur des sites de paroles de chansons, tu verras qu'on y trouve "bro'", pas "pourpre" :)

sepulturastaman

sepulturastaman le 28/08/2014 à 10:55:22

Après vérification je confirme que c'est bro'

Jull

Jull le 28/08/2014 à 12:19:01

pardon autant pour moi, "la meme couleur peau" je voulais ecrire

Jull

Jull le 28/08/2014 à 12:20:35

putain des annees de croyance extreme sur ces paroles!!!!! je suis deception

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 28/08/2014 à 13:29:32

Anecdotique pour moi cet album.
Après ne pas connaître par cœur les paroles de La Peau (et aussi de KKK Bitch d'ailleurs) est un blasphème, du Grand Canyon au Yemen même (rime pourave).

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 28/08/2014 à 15:04:48

manque un feat Bang-Porn avec Casey Novak quand même (Diane Neal)

gabalgabow

gabalgabow le 11/10/2014 à 19:32:54

L'édition Die hard contient une cannette de thé glacé? (Ice tea)

pidji

pidji le 20/06/2015 à 22:02:44

Ce concert au Hellfest 2015... Monstrueux !

cglaume

cglaume le 21/06/2015 à 18:44:25

Le meilleur du fest' pour l'instant !!

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