Haken - Virus

Chronique CD album (51:54)

chronique Haken - Virus

Si vous êtes un Haken-addict, vous avez déjà dû parcourir moult chroniques de Virus, lu moult fois « Houlala appeler son album Virus alors que ça covide comme des mouches, c’est gonflé! », sans compter que vous savez parfaitement que ce 6e album est le second volet d’un diptyque démarré avec Vektor afin de développer plus avant le concept initié sur le titre « Cockroach King » (cf. The Mountain). Alors rassurez-vous, le papier ci-dessous n’a pas pour vocation de rabâcher toutes ces infos (… quoique: c’est ce que je viens de faire, non?). Notamment parce que je ne maîtrise que très imparfaitement le back catalogue des Anglais. C’est que leur musique n’avait jusqu'à aujourd'hui pas pénétré bien profond dans mon terrier. La faute à une étiquette « Prog moderne bac avec mention » qui me faisait bailler rien que d’y penser. Mais rebondissement: lors du Hellfest 2015, la prestation du groupe m’a agréablement tiré sur les bretelles. Notamment ce fameux titre, « Cockroach King ». Et depuis, il faut bien avouer que les Leprous, Vola et leurs amis ont su ouvrir une brèche dans ma cuirasse, dans laquelle Virus s’est empressé de se faufiler.

 

Vrillant les pupilles via des excès chromatiques jaune-orangé coincés à mi-chemin des pochettes de Lemonade (Mucky Pup) et The Enemy: Reality (Wolfbrigade) et abritant une bestiole semblant issu de l’univers graphique de Voivod, la pochette de ce 6e album est passablement hostile. Pourtant la vilaine bébête a un cœur d’or. Elle a beau de temps à autres montrer les crocs via de méchantes saccades Spontex réaffirmant l’appartenance du groupe à la scène Modern Prog Djent-friendly, c’est pour désamorcer rapidement les montées d’adrénaline consécutives par de beaux refrains V&V (veloutés et vaporeux) qui mériteraient un endorsement Epeda multispires tellement ils sont moelleux. Le tube introductif « Prosthetic » est caractéristique de cette approche: après vous avoir collé violemment les doigts dans la prise – tout en veillant à agrémenter les décharges d’ornements devintownsendiens – Ross Jennings prend bien soin de vous graver dans le crâne un « IIII don’t want to talk abouuut it any mooooore! » délicieusement irrésistible. On se situe alors dans un cocon Textures / Vola / Devin idéalement rembourré, et l’on sent que le voyage va se dérouler aux petits oignons.

 

Et effectivement, les oignons vont rester petits, et idéalement cuisinés. Du moins sur les 3 premiers titres qui sont vraiment Top-of-the-pop. « Invasion » démarre ainsi comme du Leprous télégraphique transi de froid dans sa dépression, puis ouvre ses ailes vers de superbes sommets, tandis que « Carousel » retourne chez Vola pour une nouvelle preuve d’intelligence et de délicatesse filée sur rien de moins que 10 minutes 30. Par contre à partir de la 4e piste, il devient à nouveau acceptable de sortir le carnet à doléances pour y noter que certains morceaux ont tendance à confire dans leur gelée, perdant au passage un peu de moelle épinière. « The Strain » tire certes encore brillamment son épingle du jeu – notamment grâce à un nouveau refrain plein d’oxygène –, mais le petit matin lumineux de « Canary Yellow » a la beauté plus fragile, plus intangible.

 

Puis, au détour de la 6e piste, l’auditeur se prend en pleine poire la monolithique figure imposée du titre fleuve découpé en multiples chapitres. « Messiah Complex » est le nom de celui-ci. Et il faut reconnaître que la chose est expertement agencée: pas une miette ne tombe à côté. L'édifice s'ouvre sur un premier chapitre ayant la classe BCBG habituelle, avant de se prendre un bon coup de pied au derche sur « A Glutton for Punishment », morceau habilement agité, dans lequel on sent à nouveau l’influence townsendienne. Ne voulant pas tomber dans l’alternance trop facile entre coups de mou et coups de bourre, Haken trompe alors son monde le temps de « Marigold », en cachant une grosse séance de shaker / flipper derrière un début molletonné limite gnangnan. Mais il faut attendre « The Sect » pour voir le groupe faire de l’œil aux nawakophiles en mêlant des polyphonies Leproussiennes à un saxo marteau, puis à un méli-mélo chiptune / beumeuh (ou presque… rhaa ces riffs!) qui rappelle Pryapisme... Les amateurs de « Cockroach King » devraient apprécier! D’ailleurs « Ectobius Rex » consacre l'insecte grouillant sur son trône avec une belle emphase et un savoir faire indéniable. On regrette d’ailleurs que l’album ne finisse pas sur ce flamboiement final, plutôt que de décliner sur un « Only Stars » maigrelet, donc l’unique intérêt est de boucler la boucle avec le titre ouvrant Vektor.

 

Alors, convaincu le lapinou?

 

Oh oui! Malgré quelques morceaux roudoudous pas vraiment transcendants et ce final au bromure, Virus est de ces albums qui marqueront durablement l'année 2020. Et elle en a bien besoin, la bougre, d'albums aussi forts, vu ce qu'elle s'est pris dans le groin côté actualité!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: vous aimez Leprous, Vola, Textures et – allez – Devin Townsend? Vous allez donc pousser de petits gloussements de joie en écoutant et ré-écoutant Virus!

photo de Cglaume
le 12/10/2020

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