Skinlab - Venomous

Chronique CD album (43:57)

chronique Skinlab - Venomous

« Debout les campeurs, et haut les cœurs! N’oubliez pas vos bottes, parce que ça caille aujourd'hui! »

 

 

Il y a des fois où, face à mon écran, le dernier promo tout-beau-tout-chaud du moment sur les oreilles, je me sens comme Bill Murray dans Un Jour Sans Fin: je l’ai déjà vécu 1000 fois cette sale histoire, j’en jurerais! Sacred Reich, Konkhra, et à présent Skinlab… Ze Retour of Ze cultissimes légendes, épisode N+1. Et allez, une fois de plus on se refait ce grand écart peu confortable entre les 90s et 2019, entre révérence nostalgique envers une époque révolue et respect des standards sonores actuels. Avec toujours cette désagréable tension dans les adducteurs qui signale que ce pont magnifique entre passé et présent risque de bientôt lâcher, faute de fondations solides…

 

Ah merde, je viens de vous spoiler la fin de la chronique… En même temps cette note là-haut: c’est pas le pire des spoils déjà?

 

Mais commençons par un brin d’histoire, car le lecteur n’est pas forcément aussi vieux que le chroniqueur. A une époque où Burn My Eyes, Far Beyond Driven et Chaos A.D. étaient érigés comme les nouveaux standards du Metal ultra badass, les Kevin et les Brandon d’alors se mirent les uns après les autres à sauter dans le proverbial train en marche. D’où toute une tripotée de seconds couteaux qui sont venus se ranger à la queue leu leu derrière la bannière « Groove Metal » (Une appellation pas des plus parlantes, mais l’alternative « Power Metal » utilisée pendant un temps en France n’était guère plus heureuse, vu qu’elle renvoie surtout aux Rhapsody et autres Helloween. « Power Thrash » est plus juste, mais pas unanimement utilisé. Mais refermons là cette foutue parenthèse). Parmi eux Skinlab, propulsé grosse sensation du moment par leur poto Robb Flynn qui leur amènera tout cuit dans le bec un deal avec Century Media ainsi qu’Andy Sneap et son studio. Mais le gros son ne suffit pas à masquer un manque certain de génie, et le groupe finit par moisir sur pied, le phénomène étant accéléré par l’inclusion d’éléments plus nettement Néo dans sa soupe à la patate. Deux splits, des changements de zicos et des retrouvailles plus tard, les Américains reviennent cogner à nos portes pour nous proposer non pas le calendrier des éboueurs (quoique…) ni la bonne parole de Jésus-ton-Sauveur-qui-t’aime-sache-le, mais leur 5e album, Venomous – comme le petit bonhomme de Patrick Sébastien, voilà c’est ça.

 

Alors pas besoin de beaucoup se casser, l’album se résume très facilement (… du coup, je sais: j’abuse avec ma chro longue comme un ténia de mangeur de steak tartare): Sepultura, Machine Head, Pantera, Sepultura, Korn, Machine Head, Sepultura. Je vous laisse touiller, vous allez voir: le mélange reste compact malgré vos louables efforts, et plein de grumeaux. C’est un brin frustrant. Tiens, prenez donc le premier titre, « The Fury within the Fire ». Puis allez écouter « Hatred inside » sur Against. Maintenant jouez au jeu des 7 différences. Alors, pas facile d'en trouver autant, pas vrai? Pour faire oublier ce mini-copier-coller, le groupe enchaîne sur « Amerikill (The Trigger) », version dark et peu motivante d’un mélange seputurheadien. Puis sur un morceau-titre bien trop long, qui démarre sur un plan à cheval entre « Roots » et « Territory » avant d’aller tartiner sa neurasthénie sur des passages que l’on ne tolère que grâce à une grosse rythmique tribalo-cavalerienne.

 

Et le flot tiède des clichés et autres déjà-entendus de couler sans passion durant trois quarts d’heure bien longs. Quelques punkeries plus fougueuses nous permettent de respirer un peu (« The Fury within the Fire », « Eyes of Your Enemy »). Le mariage des trémolos korniens avec la rage coreuse du Sep’ accouchent d’un « End of Silence » pas bien complexe mais assez tripant. Et puis le cocktail Bourbon & Bourdon de « Demons » nous change un temps les idées, comme Phil Anselmo savait le faire parfois, en mode Stoner’n’Blues – je n’ai guère de meilleure comparaison là tout-de-suite que « Good Friends And a Bottle Of Pills », mais je sais que je pourrais faire mieux, peut-être en tapant du côté de Down, le morceau de Pantera étant bien plus tendu que le titre de Skinlab. Mais en dehors de ces quelques exceptions, l’électro-encéphalogramme reste relativement plat: testez la coquille vide « Far from Grace », le simple et pas funky single « Overcoming » ou « For the Fallen » – une bonne idée diluée sur plus de 3 minutes – pour vous en convaincre. Et comme pour enfoncer le clou, l’album finit sur « The Family », morceau qui nous achève au fond du caniveau, le moral au fond de la bouteille, les batteries complètement à plat, avec l’entrain et la force de conviction du bizuth forcé de répondre à la devinette « Pincemi et MetsMoiUneBéquilleDansLesRoustons sont sur un bateau. Pincemi tombe à l’eau. Qui reste-t-il sur le bateau? » posée par ses bourreaux de dernière année.

 

3-4 titres sympas mais assez basiques, plus beaucoup d’eau tiède et quelques plantages mollassons, le tout baignant dans le déjà-vu le plus crasse… Ça vaut un peu plus que la moyenne parce que la nuque approuve par moment, mais guère plus.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: le nouveau Skinlab se résume en une formule relativement simple: Sepultura + Machine Head + Pantera + Sepultura + Korn + Machine Head + Sepultura. C’est – forcément – assez efficace, mais fait sans éclat ni originalité. De la grosse soupe tiède bien épaisse et pleine de grumeaux nostalgiques. On vous laisse, vous et votre appétit, juger de l’utilité de ce « grand » retour.

 

 

 

photo de Cglaume
le 07/01/2020

3 COMMENTAIRES

Xuaterc

Xuaterc le 07/01/2020 à 13:09:56

C'est quand même plus power que thrash

pidji

pidji le 07/01/2020 à 13:17:52

Très bon film. :D

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 07/01/2020 à 15:51:26

C'était déjà pourri y'a 20 ans Skinlab...

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