Vision Of Disorder - Imprint

Chronique CD album (43:39)

chronique Vision Of Disorder - Imprint

Remettons un peu les choses dans leur contexte : back to 1998 baby.

 

Le 12 juillet 1998, c'est la finale de la Coupe du Monde de foute que l'Hexagone remporte pour la première fois de son histoire et moi, presque ado que je suis, je saute dans une piscine pour fêter ça.

Deux jours plus tard, le 14, alors que les hordes défilent sur les Champs-Elysées, Vision of Disorder délivre Imprint, un album qui rentrera dans la légende du hardcore et qui, pas loin de 25 ans plus tard, n'a pas pris beaucoup de rides. C'était un mardi, si ça vous intéresse. Bon. Passons.

 

A ce moment là, le néo-metal est en pleine expansion, Jospin est premier ministre depuis un an, la scène hardcore ricaine se détache petit à petit de la prévalence du NYHC (même si VOD en proviennent) : American Nervoso de Botch est sorti depuis deux mois à peine (We are the Romans ne faisant son apparition que l'année suivante), Converge vient de dévoiler son Forever Comes Crashing, The Shape of Punk to Come de Refused doit attendre encore plusieurs mois avant d'émerger en Suède, où It's me God de Breach est sorti l'année précédente, Passion de Catharsis se fera encore attendre deux bonnes années tandis qu'Hatebreed a sorti son premier album depuis peu et que Deadguy, eux, viennent de se séparer...

 

Bref, les bases du hardcore du tournant des années 2000 sont en train d'être posées, intégrant souvent (même si ce n'est pas vrai pour tous les groupes ci-dessus, notamment les Suédois) des composantes plus metal à leurs compositions, établissant ce qu'on pourrait appeler un « metalcore des origines », et que l'on dénominera souvent hardcore métallique, chaotique ou hardcore/metal par la suite pour le différencier de ce que deviendra plus tard le terme fourre-tout de metalcore.

 

Parce que oui, bien que le fond de Imprint soit résolument ancré dans la sphère hardcore, pas mal d'éléments venant du monde du metal sont intégrés dans les compositions, dans l'usage de la double-pédale, un certain nombre de riffs (où l'on sent parfois d'ailleurs l'influence neo de l'époque et l'aspect crossover qu'il y a pu avoir entre ce dernier style et le hip-hop, comme cela a aussi été le cas dans le hardcore, jusque dans le style vestimentaire). Et même s'il semble désormais que ce disque se soit un peu évanoui des radars, cette chronique a deux objectifs : faire en sorte que celle et ceux qui le connaissaient déjà et ne l'avaient plus écouté depuis un bail se disent « ah ouais, tiens, c'est vrai qu'il défonce quand même », et que les autres le découvrent, à la fois pour sa place dans l'histoire des musiques extrêmes et aussi, tout simplement, parce que c'est un énorme disque. Stabylotons-nous donc sur la main qu'il est sorti en 1998, et lançons-nous de nouveau dans l'aventure, parce que ça fait un bon bout de temps que Tim Williams ne nous avait plus gueulé dessus, finalement.

 

Tim Williams, c'est le chanteur de Vision of Disorder, et il est là pour vous engueuler (faut dire que vous avez un paquet de choses à vous reprocher). Ca se sent dès le début de « What You Are », le morceau d'entrée, et ça ne lâche pas la jugulaire jusqu'à la fin du disque. Quand il dit « You ! I said You ! » (« Imprint »), et ben j'aime autant vous dire qu'on le prend personnellement. S'il se laisse parfois aller à des voix claires (pas trop mal) tout au long de ces 11 pistes, on sent tout de même bien que lui et ses comparses ne sont pas là pour coudre des napperons à des guirlandes en dentelle.

 

Si vous avez vaguement traîné de ce côté là des musiques un poil énervées, et au cas où vous ne connaitriez pas encore cet album, certains noms cités plus haut devraient déjà vous donner une bonne idée du registre dans lequel le groupe opère.

 

Et si vous arrivez comme des fleurs (ça peut arriver, et j'en serais ravi), vous pourrez vous laisser porter par ce navire à 11 voiles d'un hardcore aux riffs changeants, à l'agressivité certaine et à la longue histoire : la tension d'entrée de « Twelve Steps To Nothing », la fausse nonchalance de « Landslide » qui ne sert qu'à ouvrir sur un gros break 90's qui fait encore mal à ces vieilles cicatrices qu'on se traîne depuis l'époque, l'intro de « By The River » qui sert de pierre milliaire pour ce qui pourrait se faire encore aujourd'hui (avec par ailleurs un feat de Phil Anselmo), le groove d' « Up in You » et d'un bon paquet de passages sur tous les morceaux... et quelques choeurs ici et là. Et vous aurez même droit à « Jada Bloom » pour vous bercer un peu et finir plus ou moins en douceur.

 

Avec Imprint, VoD réalisent un tour de force dont peu sont capables à l'époque (même si Biohazard le faisaient déjà en partie quelques années plus tôt) : mettre d'accord les scènes hardcore (dont ils sont issus) et metal (dans laquelle ils officient pour un bon paquet de concerts). Alors peut-être que vous aurez l'impression d'avoir déjà entendu ça chez d'autres groupes, et pas qu'un peu. Mais regardez votre main et rappelez-vous : la coupe du monde, Jospin, tout ça. Rien que pour cet album, ils méritent leur place au firmament des groupes de hardcore qui ont retourné la fin des années 1990.

 

A mon humble avis, Vision of Disorder n'ont jamais plus atteint le niveau qu'ils ont touché avec Imprint. Si vous le n'avez jamais écouté, faites-le. Si vous le connaissez déjà, je suis sûr que vous ne l'avez plus écouté depuis un bon paquet de temps, alors ce sera l'occase d'y regoûter

 

A écouter histoire de s'en reprendre une de la part de Tim.

photo de Pingouins
le 05/12/2021

8 COMMENTAIRES

pidji

pidji le 05/12/2021 à 11:56:07

Je me souviens l'avoir acheté à sa sortie à l'époque sans savoir à quoi m'attendre...
Et quelle claque monumentale ! ❤️

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 05/12/2021 à 16:41:55

Un classique du HxC

FEDAYKYN

FEDAYKYN le 08/12/2021 à 09:57:54

Je l'écoute toujours. Un de mes albums préférés tous genres confondus. Si je dois écouter un truc vénère, paf imprint. Quelle grosse, grosse baffe ! Mais j'aime beaucoup également from bliss to devastation.

j

j le 09/12/2021 à 09:04:16

rah oui excellent album. ça me rappelle le peu de HxC que j'écoutais et qui me plaisait ( H-tray,Botch,Candiria...)

Nicoscope

Nicoscope le 09/12/2021 à 13:10:07

Pour moi, c'est typiquement un album "passerelle" : Il a permis d'amener une cohorte de jeunes qui s'intéressaient à la première vague néo-métal mais qui sentaient que le mouvement commençait à moisir à peine éclos (Coucou le deuxième Limp Bizkit, le troisième Korn et tout le reste...) vers des choses bien plus brutales (On remercie Rock Sound qui avait mis un titre sur un sampler). D'ailleurs, Roadrunner avait mis un sticker bien putassier sur le CD qui présentait VOD comme la réponse east-coast à Korn !

Si je n'avais pas écouté Imprint à 17 ans, je n'aurai jamais accroché aussi facilement à Nostromo, Botch ou Converge  (à l'époque, je n'avais pas (encore) l'habitude de me faire hurler dessus pendant 3/4 d'heure....).

Quant au chant clair, perso, je le trouve excellent et hype bien intégré avec son coté grunge (bien inspiré d'Alice in Chains, faut pas se leurrer). Ce chant apportait un peu de respiration dans un album hyper dense (pour l'époque), et permettait aussi au néo(métal)phyte de se raccrocher   aux branches et de voir un peu de le jour au milieu de toute cette brutalité (Je me souviens avoir l'impression quasi physique d'être happé par cet album quand je l'écoutais au casque et de ressortir de ma torpeur grâce à ce "Jada Bloom" à la fin lumineuse).

Il revient régulièrement sur la platine depuis, et je trouve qu'il a super bien vieilli  notamment au niveau de la production compacte mais au rendu assez naturel.

Pour moi, il mérite son 9,99/10 bien tassé (je sais les notes, c'est subjectif...) et sa place au panthéon du hardcore/métal au sens large.

Pingouins

Pingouins le 09/12/2021 à 16:12:48

Ah bah pour une fois j'ai l'impression d'avoir été un peu conservateur sur la note. Je ne m'en sortirai jamais de ce truc ahah :D

Du coup, au-delà de la note : ce disque est juste une tuerie, et on est bien d'accord là-dessus. merci à tou-te-s pour ces quelques retours :)

@Nicoscope : ah tiens, c'est marrant, je n'y vois pas du tout d'AiC dans le chant (et pourtant j'adore ce groupe). Par contre je vois pourquoi ça peut faire penser au côté grunge, effectivement.

zaaab

zaaab le 10/12/2021 à 06:47:41

bon ben voila, c'est malin, il est 7h du mat et je suis en train d'écouter cet album alors que ça doit faire 10 piges que je n'y ai pas jeté une oreille......

Pingouins

Pingouins le 10/12/2021 à 11:16:50

A ton service ahah


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