Knut - Interview du 18/06/2011

Knut (interview)
 

Alors, vous avez joués au Superbowl of Hardcore en 2003…

Roderic : Euh non, le Superbowl, c’était en 99 (Oups ! On commence bien), 2003 c’était le Fury Fest. On a aussi joué au Hellfest plus tard.

 

Héhé Ok, ça commence bien… Du coup, ça fait quoi de revenir sur le même festival huit ans plus tard ?

Ben même depuis 2006, y a une sacrée évolution ! Deux mainstages, accueil à la cool, toujours ce coté bénévole, programmation quand même destinée au fans de musique… Il y a pas le coté pourri. Quand ils ont voulu faire venir Korn, je crois qu’ils s’en sont mordus les doigts et je pense que là le festivl est redevenu sur des fondamentaux. Même si t’es pas un hardeux à moustache et à patches, tu peux venir… C’est pas Wacken ! Ya du trash, y a du hardcore, y a du black, y’a du rock n’roll. C’est programmé avec conscience, qualité et intégrité. J’ai autant trippé sur les Dwarves que sur Meshuggah par exemple. En plus cette année on commence à entendre pas mal de langues étrangères.

 

Ouais, 20% d’étrangers je crois.

C’est énorme, oui. Ça devient vraiment un label de qualité au fil des années. Je pense pas qu’n Europe tu trouves un label autant orienté extrême avec par exemple Mayhem, Morbid... Y a du mainstream aussi hein. Je peux pas dire que je suis fan de Rob Zombie non plus.

 

Et comment vous gérez de passer dans un gros fest comme celui là ?

Bah, on passe du tout au tout. On peut faire un caf’conc à 60 personnes et enchainer sur des festivals comme ça. On est tout à fait conscient d’être dans une niche qui rapporte pas beaucoup de public… les modes elles évoluent et nous, on est ni dans le stoner à moustache, ni dans le metal régressif… on incarne rien, on véhicule rien. On se met à l’échelle du programmateur… C’est pas nous qui allons rameuter 5000 personnes. Ici, le prog’ a le mérite de programmer stratégique mais aussi de tenir compte qui est là de puis longtemps… Dans la scène ou LES scènes. C’est un bon compromis quoi.

 

ça fait un an que Wonder est sorti. Vous êtes satisfait du disque avec ce recul ? Même question par rapport à l’accueil du disque.

Oui, oui. Pour nous c’était un album charnière. On existe depuis 17 ans, on a été stable pendant 10 mais ces dernières années, on peut dire que c’était un peu la chaos. Et c’est vrai qu’on a récemment eu la chance de remettre sur pied un line up qui est le meilleur qu’on ait eu. Sur l’album en lui même, il allait forcément revenir sur des fondamentaux avant de repartir sur l’inconnu. Du coup, il n’y a pas trop d’expérimentation ou de surpises.

 

… Comme sur Terraformer ?

Oui, par exemple. Terraformer, c’est un peu une tentative de concilier des expérimentations et des choses plus frontales aussi. Mais Wonder est un peu construit comme ça aussi avec une première moitié très rentre dedans et une seconde plus lourde et expérimentale en un sens.

Oui, plus on avance, plus les compos sont aventureuses j’ai l’impression. On a des envies et des tendances hyper variées et c’est difficile de concilier tout ça. Du coup, on fait des compromis… Mais aussi on est content d’avoir fait un album frontal et plaisant à jouer.

 

Donc là, tu viens de nous atomiser 3 questions d’un coup…

Mais concernant cette histoire d’album en deux temps, j’ai l’impression que ça a toujours été un peu le cas aussi.

 

Sur Challenger aussi, c’est vrai.

Oui !

 

Et concernant votre label, Hydrahead, on peut parler d’une histoire d’amour non ? Sachant qu’en plus, Aaron Turner signe aussi vos visuels ?

Faudrait leur demander. En tout cas on a la chance d’voir un label qui continue à sortir nos disques alors qu’on tourne pas vraiment aux états Unis… On l’a fait il y a 10 ans mais bon. Après c’est pas facile pour eux non plus. Surtout qu’ils ont un peu galéré quand Botch s’est séparé, que Cave In se sont barrés sur des majors. J’ai pas leur recette de fabrication mais faut bien dire qu’ils ont brouillés les cartes aussi. Ils ont une direction artistique assez floue et floue maintenant. Des fois je me demande qui achète ça. D’autant plus que l’on vend surtout quand on fait du live. On est très téléchargé aussi. On a vu ça en Russie quand on se faisait dévaliser le merch à chaque date alors qu’on avait jamais rien vendu là bas. C’est aussi le seul pays où on nous demande pas ce que ça veut dire (rires). Pour revenir sur Hydrahead, je sais pas s’ils rentre vraiment dans leur frais sur les States, on reste dans nos frais en Europe. En plus, ils font le tour aussi et on en a bien profité avec Keelhaul dernièrement.

 

Comment vous conciliez votre vie de groupe avec vos vies personnelles au bout de 17 ans ?

C’est pas 17 années pleines hein. Il ya eu des grand creux et des grandes périodes de vide. Mais c’est vrai que c’est pas toujours facile de tenir. C’est une vraie putain d’aventure. Sur la longueur, c’est vrai que Didier et moi on a un peu tiré le bateau mais les autres nous ont aussi permis de renouveler complètement le groupe alors qu’il aurait pu mourir de sa belle mort. Ça n’aurait pas été déshonorant : Challenger est encore un disque dont on nous parle souvent mais bon, on en a fait deux autres depuis et il nous tarde de voir jusqu’où on peut aller encore. Je crois qu’on a pas vraiment changé et on aime toujours énormément ce qu’on fait… mais j’ai aucune idée de ce que ça peut produire (rires).

 

Sinon, je me souviens de Snuff Records, du Fanzine Evil…

… Ah mais t’es vieux alors !

 

Héhé ! Oui. Bon, alors, comment tu perçois cette boulimie créative de l’époque.

Elle est loin derrière, on a plus le temps mais ça a été une ascension. Je pense que les années 98-2002 on été décisives pour ça. Il y avait une effervescence, il y avait pas encore le net… il y avait des distribs, on rencontrait d’autres groupes, on organisait des concerts,  on était fan des structures qui véhiculaient une éthique et une image comme Alternative tentacle. Pour nous, faire un label et sortir des disques, c’était beau. Après il nous a fallu mettre ça au placard mais ça a pas mal servi au niveau de la scène genevoise, française, voire européenne.

 

- surpris par la pluie, nous courront tous les trois nous réfugier dans l’espace presse pour terminer l’interview… On échappe ainsi aussi aux infrabasses backstages de Thin Lizzy.-

 

Par rapport à ce nouveau line up, je remarque que les deux nouveaux jouent respectivement dans Impure Whilhelmina et Commodor

Plus dans Impure, il a arrêté là…

 

Ok ! Je voulais quand même te demander quel regard tu portes sur ces deux formations.

Ben Impure Wilhelmina, on les connaît depuis longtemps. On joue avec eux dans les squats à Genève depuis les années 90. Un groupe qu’on adore. Commodor, c’est un groupe plus récent qu’on aime beaucoup aussi mais qui ont pas encore tourné beaucoup. Après c’est ça qui est intéressant, les autres ont des intérêts à coté et ça nourrit le groupe.

 

J’ai toujours cette vision super foisonnante de la scène suisse.

Pas tant que ça, de l’extérieur, ça vient peut être du fait que la suisse est un petit pays.

 

Oui, certes, mais dans le microcosme punk hardcore, il y a quand même quelque chose d’extrêmement qualitatif. Je m’en suis pris des claques qui venaient de chez vous hein.

Oui, à une époque, on avait cette impression dans les chroniques françaises. Maintenant, avec le net, ça se mélange un peu, il y a plein de groupes un peu partout. les influences se diluent. Il y a d’excellents groupes en France aussi, ça s’est réveillé. Mais j’ai toujours aimé les groupes français de la scène noise des années 90 avec Tantrum, Condense… Je me suis pris ma claque avec Gojira. Après c’est peut être plus difficile d’exister en tant que groupe de rock ou de hardcore en France car c’est un pays plus normatif alors qu’en Suisse, il n’y a pas de culture suisse, c’est plus composite. Même la nationalité suisse est une notion plurielle.

 

On interviewait les Young Gods hier, et ils nous disaient justement que, concernant la Suisse, il n’y avait pas d’intermittence et de statut particulier pour les musiciens.

C’est vrai que pour eux ça doit être un soucis car ils ont mis tous leur œufs dans ce panier là. Nous on a tous un boulot à coté. Moi, je me verrai pas intermittent. Je suis assez ambivalent sur ce sujet. Tellement de français qui m’en on parlé, les musiciens en particulier, comme une fonctionnarisation. Pour les techniciens, c’est peut être plus confortable mais pour les musiciens, c’est vrai que le fait de crever la faim et d’avoir envie qui a donné des grands groupes… C’est très ambigu. Est ce qu’en étant tous intermittents, on ferait des groupes tout aussi urgents et critiques, qui auraient envie de foutre le système à bas ? Je sais pas. Je suis convaincu que les artistes ont le droit à la subsistance mais, en même temps, l’artiste est celui qui a envie de proposer des alternatives. Si le système te choie, comment tu le critiques ?

 

Dernière question : as tu un regard sur la scène internationale actuelle… Genre t’as des coups de cœurs en général ?

Difficile ça parce qu’en plus je suis journaliste dans un canard à Genève dans la rubrique musique. Donc je reçois beaucoup de disques, j ‘écoute beaucoup de choses et j’ai de la peine à m’enthousiasmer. Y a un phénomène qui est terrible quand, l’âge venant, tu commences à comprendre les trucs et tu vois arriver les disques et les modes. Les années 2000, si t’analyses, la mode dominante c’est le rock retro. Les Strokes, White Stripes, ça va pas laisser une trace indélébile dans l’histoire du rock, on est d’accord. Après, y a des choses hors du rock qui m’ont intéressé, comme le mix entre le dub londonien et d’autres trucs plus électro. Le dubstep, c’est un son vraiment super intéressant, urbain, industriel ? Après, j’ai totalement trippé sur black déviant comme Blut Aus Nord ou Deathspell Omega. Là, la France tient un truc qui est reconnu. Tu vois les groupes américain qui se revendique de ces influences. Moi qui suis un fan de Godflesh, voir un groupe issu de la scène black qui se revendique ces influences froides, mécaniques, dissonantes et déshumanisées, ça m’a parlé. Toute l’évolution d’Enslaved qui est parti vers un truc plus prog à la Pink Floyd, ça m’a bien plu.

 

Ulver aussi ?

Ah ouais, énormément. Ça c’est des choses super intéressantes aussi ! Il s’est quand même passé des choses intéressantes mais c’est pas pour autant des années inoubliables. Pour moi, mes racines, c’est la période 88/92… Quasi tout ce qui m’a influencé est sorti de là… Melvins, Fudge tunnel, Today is the day, Godflesh, les grands albums de Neurosis, la scène de Seattle, Helmet, Eye hate God, Crowbar, et j’en passe. Ces années sont mythiques et on a pas vécu un truc aussi fort depuis. Il y a aussi ce truc entre 97/98… Kiss It Goodbye, Coalesce, Converge, Deadguy. Ça a été très significatif dans la niche dans laquelle on est. Les gens connaissent pas, pour nous, ça a été au moins aussi important. Même maintenant, tu prends bien ta baffe.

photo de Swarm
le 25/10/2011

3 COMMENTAIRES

Sam

Sam le 10/11/2011 à 19:56:11

Le fanzine, c'était pas plutôt Evil qu'Evol? Et je doute que Roderic fasse autant de fautes d’autographe en parlant :)

Sinon, super interview!

Pidji

Pidji le 10/11/2011 à 21:01:42

Corrigé héhé ! Et pour les fautes : bah alors Swarm, c'est quoi cette retranscription ? Haha !
En tout cas, le sieur Roderic est très sympa et cette interview a été bien cool à faire.

cglaume

cglaume le 10/11/2011 à 22:33:12

Désolé je ne corrige que les chroniques (c'est du boulot déjà !!) :)))))

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