Main Square Festival (Gojira + Queens Of The Stone Age) le 06/07/2018, La Citadelle, ARRAS (62)

Gojira + Queens Of The Stone Age (report)

Afin d'éviter de claquer 120 balles que je n'avais pas et afin de ne pas louper pour la première fois depuis 2004 (date du concert de Placebo qui posera les bases du fest actuel), j'ai pour la première fois couvert le Main Square Festival qui a lieu à Arras.
Et si je suis un habitué de ce festival, c'est pour un tas de raisons. La première étant que j'ai longtemps vécu à 200m de la magnifique Citadelle où se déroulent une flopée de concerts...que l'on n'a peut-être pas l'habitude d'aborder sur ce zine...

La seconde, c'est que le Main Square est un fest que j'adore détester (parce que je voudrais un Hellfest 2 à côté de chez moi) mais dont je n'imagine pas me lasser.
Je vais passer sur le discours digne d'un dépliant de l'Office du Tourisme que j'ai envie de te faire sur la beauté de ma ville natale, tout comme je vais passer sur les précédentes éditions du "MSF" qui ont rythmé les premiers jours de juillet dans la cité atrébate.

 

Mais le MSF est un festival un peu particulier...
La première raison qui me pousse à dire ça est qu'on y voit très peu de drapeau breton. 
La seconde est qu'on peut y voir Damian Marley, Gojira et Nekfeu sur la même scène à quatre heures d'intervalle.
Certes, plusieurs fests peuvent se targuer de faire la même chose (ex : Dour), mais le MSF ne comprend que deux scènes (là où le fest belge en comprend 7) : La Main Stage (je ne te ferai pas l'affront d'une traduction) et la Green Room (parce qu'il y a de l'herbe et qu'elle est sponsorisée par une célèbre marque de bière) pour le groupes moins "populaires".
Voici l'affiche qui était proposée.

 

 


Tu le vois le lourd ? Tu la vois aussi la variété ? 
Et bien voilà ce qui fait la beauté et un peu la laideur du Main Square.
Je t'explique tout ça en te contant ce qui fut un festival tronqué et morcelé. (parce que raconter ses concerts sur COREandCO ne nourrit pas une famille).

Après une dure journée de labeur (et un quart de finale face à l'Uruguay), je retirais mes claquettes de beauf footeux pour enfiler mes baskets pourries de festivalier.
Il fait beau, il fait chaud et j'ai déjà raté The breeders ainsi que Pvris. Par contre, je suis dans les temps pour prendre une bière et voir Gojira. Il me suffit de passer la sécurité et prendre mon pass.

J'arrive devant l'agent de sécu : 
-Bonjour, votre sac.
*présentation dudit sac, vide.
-Billet ?
-Je n'en ai pas, je dois retirer un pass presse.
-Vous avez une carte de presse ?
-Et toi, à poser autant de questions, t'es de la Police, connard ? (En vérité, n'ayant ni couilles ni répartie, j'ai répondu "Beeeennnnn euuuuhhhh non")
-Ok allez-y.
-?


Circonspect, je passe en ayant répondu par la négative à toutes les questions qui attendaient du positif, retire mon pass (en étant agréablement accueilli) et arrive dans un timing parfait pour profiter de Gojira pour la dixième fois de ma courte vie.
Succédant au fiston de Bob Marley, l'écart musical entre les deux artistes a de quoi péter quelques coutures de Levi's 501.
Les T-shirt "Hellfest 2018" défilent sous mes yeux (un peu jaloux) : les metalleux sont nombreux et même pas bourrés.
Ils sont d'ailleurs extrêmement sages : le site n'est pas plein à craquer comme il l'est parfois à cette heure-ci, on circule, on respire, au point que les pogos se font extrêmement rares dans les premiers rangs.
On se prend par contre de bonnes vagues de chaleur lorsque jaillissent les flammes sur certaines explosions sonores : le groupe a investi dans des effets pyrotechniques, des confettis argentés et 4 putains de baleines gonflables que le public s'amusera à faire voler (sur "Flying whales" évidemment).
Tout ceci donne un petit air "kermesse" (ou ker-death ou ker-messe noire pour la faire "evil") mais sous cette présentation un peu pouet-pouet, il y a un groupe hyper-présent sur scène, comme à son habitude.
Le charisme de chacun s'exprime dans tous les coins de la grande scène et on ressent toujours le même plaisir à jouer.
La setlist s'étale sur toute la discographie du groupe mais est aussi parfaitement équilibrée pour rythmer cette heure de concert.
Impeccablement interprétés, les titres s'enchaînent alors que le public est un peu amorphe pour un concert de ce type et de ce niveau. Après avoir joués 12 titres, quelque part entre best-of et exploration discographique (cf. setlist ci-dessous / "Liquid fire" est rarement joué), les landais saluent une assistance avec laquelle ils ont échangé mots et regards : c'est aussi à cela que l'on reconnaît les grands groupes.


Setlist Gojira :
Only Pain
The Heaviest Matter of the Universe
Love
Stranded
Flying Whales
The Cell
Backbone
Terra Incognita
Silvera
Liquid Fire
The Shooting Star
Vacuity

Il est temps de courir sur la Green Room pour profiter d'un trip regressif avec un bon vieux shoot de Pleymo qui a rythmé mon adolescence avec Medecine Cake.
Mais, voyez-vous, quand un festival se joue dans votre ville natale et que vous avez à traverser une paire de bars, vous ne décidez pas de votre emploi du temps. J'ai donc raté Pleymo...Mais suis déjà sur place pour Queens of the stone age

Après un passage en 2011 dont la bande ne se souvient plus, tant ils étaient complètement torchés sur scène (l'accumulation de l'alcool sur une longue tournée qui touchait à sa fin), j'étais content de retrouver les américains en dépit d'un Villains, que je trouvais "sympa mais pas top".
Pourtant, les quatre titres du petit dernier joués ce soir là m'ont réconcilié avec ce disque qui s'est bien fondu dans une setlist (ci-dessous, piquée à Setlist.com) qui avait une belle gueule.

Regular John (with " If I Had a Tail" intro/outro)
If I Had a Tail
Monsters in the Parasol
My God Is the Sun
Feet Don't Fail Me
The Way You Used to Do
You Think I Ain't Worth a Dollar, but I Feel Like a Millionaire
No One Knows
The Evil Has Landed
Smooth Sailing
Domesticated Animals
Play Video
Make It Wit Chu
Little Sister
Go With the Flow
A Song for the Dead

Demeure tout de même l'impression, assez désagréable, de voir le groupe conscient de l'accueil tiédasse de son petit dernier et qui profite surtout de la tournée pour jouer les vieux morceaux qui marcheront encore dans 20 ans. Bientôt la bande d'Homme ne sortira plus que des albums "prétextes" à tournée "Best of". C'est moche mais c'est ce que je vois dans ma boule de cristal.
En attendant, QOTSA a offert un concert du tonnerre. Sur scène, le job était plus que correct, les mecs commencent peut-être à avoir des courbatures le lendemain et se ménagent physiquement. En revanche, musicalement, c'était parfait...mais c'était aussi foutrement bien mis en valeur. Au delà du son plus que correct, il y a avait un show de lumières qui, sans extravagances, ni originalité a gonflé la présence scénique de chacun, a ajouté au rythme de chaque titre. C'était beau, c'était bien, et suis allé me coucher dans la foulée pour trois raisons.
La première est que je travaillais le lendemain.
La seconde est que la suite, ne me bottait pas trop et que cela aurait été ton cas, toi habitué de ces pages.
La troisième est que j'étais passablement agacé par une partie du public.

La cohabitation avec d'autres fans d'autres genres se traduit le plus souvent par une ignorance ou au pire, un mépris silencieux. Sauf que les fans de Nekfeu, jeunes blanc-becs à casquette qui n'ont pas encore vu un rasoir ou un Tampax, ont exprimé bruyamment ce mépris pour le groupe de Josh Homme. Et ça, déjà, ça n'est pas passé pour le rouquin au micro (qui a envoyé bouler un fan avec une série de "Motherfucker" coincés entre sourire et agacement) mais encore moins dans la fosse géante où certains huaient, applaudissaient de manière cynique avec des remarques désobligeantes pour le groupe ET pour ses fans. Dur d'apprécier l'instant dans ces cas là...
NB : Ce sentiment a hélas été partagé (avec des faits qui joignaient les gestes à la parole avec un peu plus de violence).

Bref, du point de vue sociétal,  c'était moyen mais du point de vue musical, c'était génial. On ne retiendra donc que ça...en attendant avec empressement le samedi.

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Dodo
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Nous sommes le samedi 7 Juillet et cette journée de MSF débute avec une impression de déjà-vu perturbante face à l'agent de sécurité pour qui le sésame d'entrée semble être la réponse : "Ben non".
C'est aussi le public qui a changé et pris 30 ans dans la gueule en 24h. Faut dire qu'il y a beaucoup de monde pour voir...Depeche Mode.
Beaucoup beaucoup de monde. En fin d'après-midi, la Citadelle est déjà pleine à craquer et l'on circule déjà moins bien que la veille sous un soleil de plomb.
Je me perds en salutations diverses sur les points de ravitaillement houblonnés au point de rater une bonne partie de Black Foxxes. Ce sera là mon plus grand regret, puisque j'arriverai avec la sensation de prendre quelque chose de génial en cours et d'en être constamment étranger.
Un peu comme prendre Inception sur son dernier quart d'heure : on sait qu'on a loupé un truc et on s'en mord les doigts jusqu'au poignet.

 

La suite sera plus heureuse avec Wolf Alice, bien qu'elle n'ait pas répondu directement à mes attentes. Il y avait, dans mon souvenir, une rage punk contenue chez Wolf Alice. Un truc rock, plus rugueux que ce que le groupe a offert cet après-midi.
Cela n'a pas empêché les anglais d'offrir un set assez planant et élégant sans manquer d'énergie...pour ce genre d'interprétation. Il y avait un parfum cold-wave qui peinait tout de même à prendre dans cet atmosphère estival : mauvaise heure. Ce n'était pas un mauvais concert pour autant : la présence scénique de chacun offrait une valeur ajoutée à ce live sans extravagance. Juste du charisme et un désir un peu trop fort peut-être de "bien faire". Une application qui a tout de même permis à W.A de trouver son public.

 

Le coup de coeur de la journée se fera lui attendre un peu.
Après un concert de Kid Francescoli et l'entame de BB Brunes, il fallait absolument que je me remonte le moral.
Il était temps qu'arrive Basement.

 

Mes prises de notes pour ce concert se sont résumées ainsi : <3
Derrière ces deux petits caractères se cachent une rencontre : celle d'un groupe dont on se demande ce qu'il fout là avec un public qui n'attend que le concert de ce soir. Mais le Main Square a toujours cette faculté à nous surprendre. C'est ainsi que j'y ai vu Jimmy eat World, The Mars Volta : par un bel après-midi de Juillet devant une scène sur laquelle peu de public s'est amassé mais quelques fans acharnés se sont empressés.
Basement c'était ça. Se coller à la barrière sans difficultés, voir le groupe faire lui-même ses balances, venir avec des gueules et des vêtements de festivaliers. Comme toi, comme moi.
Cette simplicité avait déjà quelque chose de charmant.

 

La suite fut carrément enivrante.
En raison de la qualité des titres joués ("Covet", "Promise everything", "Aquasun", "Oversized" etc.) avec un agréable balayage des trois albums de la bande...Il y avait un bout de temps que je n'avais pas eu l'heureux ressenti de reconnaître une joie réelle, sincère de jouer, de partager ça avec les personnes présentes face à la scène.
Le public était peut-être parsemé mais il était attentif, envoûté par une bande d'anglais (qui, décidément, étaient nombreux à l'affiche ce samedi).
Basement (UK) fut époustouflant, une pastille de 45 minutes hors du temps, hors des grosses pointures populaires qui se sont succédées pendant 3 jours...me rappelant ainsi pourquoi j'aimais aussi venir au Main Square.

Le retour à la réalité fut brutal.
J'étais très pressé de voir la moitié d'Oasis. Celle qui s'appelle Liam Gallagher et dont l'album solo m'avait plutôt bien emballé après les sympathiques albums de Beady Eye.
L'unique large couloir de circulation entre les deux scènes est hyper engorgé...mais suis motivé pour...ce qui fut la plus grosse déception du fest.
Liam Gallagher a bien ses postures habituelles devant le micro, sa veste de jogging / coupe-vent ridicule sous 30°C, mais il n'a pas envie de faire d'effort.
Et puis on dira ce qu'on voudra de son frère Noel, mais Liam a un melon énorme : on n'entend que lui, on ne voit quasiment que lui à la réalisation sur les écrans géants, le reste du groupe étant effacé pour jouer ses partitions. 

5 chansons de son album solo trouvent péniblement leur public et 9 reprises d'Oasis excitent les foules (moi le premier)...mais Liam n'y est pas.
Difficile d'attendre de lui un sourire, mais un poil d'entrain n'aurait pas fait de mal...


Et c'est là que s'arrêtera mon Main Square Festival 2018.
J'avais beau le savoir court et tronqué d'avance, c'est avec un peu d'amertume que je quitte sur cette fausse note une citadelle bondée...mais l'effet Basement faisait encore son effet lorsque je retrouvais ma routine. J'apprendrai plus tard et sans surprise que Depeche Mode a mis à genoux son public (faut dire aussi qu'après cette journée les quinquas étaient surement fatigués).
Sans surprise également, je sais que j'y retournerai l'an prochain (en essayant de mettre 120 balles de côté pour vous éviter de me lire).

 

photo de Tookie
le 17/07/2018

5 COMMENTAIRES

sepulturastaman

sepulturastaman le 17/07/2018 à 18:02:58

Même si t'as 120 ba

sepulturastaman

sepulturastaman le 17/07/2018 à 18:05:30

lle de côté c'est toujours agréable de te lire (par contre déjà Pleymo quoi mais si en plus tu rajoute Medcine cake, mouarf quoi)
Oui un bref instant mes doigts ont fait sécession, mais tout est rentré dans l'ordre.

Tookie

Tookie le 17/07/2018 à 19:59:39

J'avoue n'avoir été que moyennement motivé pour Pleymo, mais je ne peux pas renier le plaisir que j'avais eu avec Médecine cake quand j'étais puceau.

Xuaterc

Xuaterc le 18/07/2018 à 12:59:46

C'est toujours un réel plaisir de te lire!

el gep

el gep le 18/07/2018 à 21:07:32

Eheh... je n'ose imaginer ce qui pourrait arriver aux petites blanchettes à casquettes seules avec Josh Homme dans une ruelle sombre!
Sympa ton ri-paurte!

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