Ministry - Amerikkkant

Chronique CD album (48:01)

chronique Ministry - Amerikkkant

Pour bien comprendre la démarche empruntée par cette chronique, faites un saut au chapitre 1 !

 

À une encablure du soir de la Noël 2012, Mike Scaccia, guitariste-riffeur monomaniaque surdoué et meilleur ami du Pater Severus, meurt sur scène d'une crise cardiaque alors qu'il tient le manche de son groupe de toujours Rigor Mortis... parlez d'un symbole...

En 2013, un From Beer to Eternity, sans grandes inspirations, si j'en crois mes petits camarades, baisse le rideau sur plus de trois décennies d'expérimentations, de grandiloquence, et de compositions parfois ultimes portées par un musicien aussi passionné que cramé. À la fin de la même année, Tonton Al ira perdre le peu d'inspiration qu'il lui reste le temps d'un From Beer to Eternamix, on ne peut plus dispensable.

Dans les interviews qui suivent, on comprend que Scaccia était plus qu'un ami, on comprend aussi qu'annoncer à renforts de déclarations tranchées la fin de Ministry ne fait qu'en éloigner le spectre.

 

Les mois passent et se ressemblent sur les réseaux sociaux, Al Jourgensen ne manque jamais un jour anniversaire-commémoratif, de sortie d'un album de son monstre préféré.

Des dates « ultimes » sont annoncées de salles en festivals où le patron n'est plus que l'ombre de lui-même, accompagné d'un backing band avec un certain savoir-faire, qui ne parvient jamais à faire revivre l'âme noire originelle.

Pour se donner un bon coup de pied au cul, Jourgensen pense à réactiver une de ses marottes favorites, les side-projects. C'est au tour de l'autiste Surgical Meth Machine de sortir de la bile. C'est speed, dégueulasse, maladroit, avec une chouette reprise de Devo et le copain de longue date, Jello Biafra qui fait le job comme toujours.

Le temps nous dira si cet opus a délivré toute sa saveur au moment de sa sortie, en attendant cela permet à Jourgensen de signer avec Nuclear Blast.

 

Et puis le monde change... glisse un peu plus à droite...

Comme tous les suiveurs de longue date, je m'amuse à constater qu'un gars aussi conservateur dans ses inspirations n'est jamais aussi bon que lorsqu'il tacle les républicains de son pays ou les idées nationalistes plus généralement.

 

This is the end of human wishes

This is the end of what we made

Hey ! Stay informed

« Game Over »

 

Amerikkkant, reprend les choses, les thèmes, là où Filth Pig et The Dark side of the spoon les avaient laissées. Pour moitié, l'album est carrément bandant, nostalgique et bandant. Rien que le diptique infernal d'ouverture nous rappelle que Ministry est bien autre chose que ce groupe heavy metal de comptoir, banal qui a sévi ces dernières années.

En conviant l'imagerie propre à l'ultime live In case you didn't feel like showing up, Lord of the Cello et de vieilles connaissances en pleine forme, Burton C Bell de Fear Factory, Arabian Prince de NWA, le DJ de Beck (!), Al parvient à faire revivre la bête comme du temps de sa splendeur... le temps de 5 titres au moins. Parce que voilà où le bât blesse, on entre dans l'ouvrage avec l'agréable sensation de rendre visite à un ami de longue date, perdu de vue depuis des lustres, et il n'y a plus rien à en dire.

 

En quelques titres :

 

« Victims of clown » figure en bonne place sur l'album pour nous rappeller la malice et l'humour décalé, un peu bourrin, que l'on retrouve çà et là dans d'anciens opus. Le travail d'Arabian Prince est remarquable et donne du corps à l'ensemble (les cuivres samplés que l'on retrouve plus tard).

 

« Wargasm » aurait pu figurer sur Absolute Dissent de Killing Joke ou Animositisomina pour les puristes. Il a aussi le mérite de reprendre l'attention de l'auditeur. L'occasion de mettre en avant Tony Campos (ex bassiste chez Static X) un peu moins dans l'ombre de... que d'habitude.

 

«Antifa », prévisible, rappelle qui vous savez... (bon, allez jeter une oreille sur leur cinquième album  ! ndla).

 

« Game Over », vivifiant, rappelle le côté sombre de la cuillère (je vous ai prévenus). Bien agréable quand même, on a affaire à un vrai titre de groupe pour le coup.

 

Et si Amerikkka était le vrai chant du cygne pour le coup... à bientôt 60 piges, dont plus de 40 à se défoncer, le père Al en a encore sous le pied, ça tremble un peu, mais ça frissonne toujours de plaisir malsain par moment.

 

photo de Eric D-Toorop
le 01/05/2018

5 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 01/05/2018 à 08:35:07

Pas trop envie de l'écouter celui-là...

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 01/05/2018 à 09:19:38

Je peux comprendre, j'ai mis le temps... sans surprises et passéiste. Il a le bon goût de redonner envie d'écouter les anciens ^^

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 01/05/2018 à 10:45:24

Bon ben, je vais directement réécouter les anciens alors.

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 09/06/2020 à 22:22:08

Y'a tout de même de très bons trucs.

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 20/06/2023 à 17:43:39

Et cette chronique défonce.

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