Muscadeath XVI (Grave + Benighted + Carcariass + Mercyless + Atlantis Chronicles + South Of Hell + Red Dawn) le 23/09/2017, Champilambart, VALLET (44)

Grave + Benighted + Carcariass + Mercyless + Atlantis Chronicles + South Of Hell + Red Dawn (report)

Deux mois après le Hellfest, nous revoilà au milieu des vignes de Loire-Atlantique, à moins de dix kilomètres des terres clissonnaises. Destination du weekend : Vallet, territoire du muscadet et autres biscuits régionaux prenant carrément des airs d'anus dilaté lorsque cette gourmandise locale est fièrement dressée au centre d'un rond-point sous forme de statue. Point d'envie de pèlerinage sur le site vide de scène du plus gros festoch' metal français en vue, surtout l'envie de se prendre une bonne dose de death metal qui va bien. En effet, le Muscadeath nous livre cette année sa seizième édition et il faut reconnaître que la prog' envoyait du lourd par rapport au prix d'entrée proposé. Vingt petits euros pour du Grave, du Carcariass, du Benighted et du Mercyless en plus d'une petite poignée d'autres groupes nationaux à la stature plus modeste, c'est quand même donné. C'est après une petite excursion routière fort pénible car jonchée de travaux de toute part que l'on finit par arriver sur le lieu des hostilités : une petite salle aux allures de grande salle des fêtes certainement plus habituée à accueillir les tombolas de l'école primaire du coin, le mariage de Chloé et Kévin ou les 50 ans de mariage de Raymond et Yvette alors que les jeunes mariés précédents signeront les papiers de divorce. Ce qui n'empêche pas le lieu de parfaitement convenir vu qu'il y a une scène à la taille pas dégueu, une acoustique pas merdique non plus, une rampe afin de permettre aux handicapés présents d'en profiter pleinement – et c'est ce qu'ils ont fait – et surtout, death jusqu'au bout dans sa localisation vu que les pompes funèbres veillent au grain pile en face. Death à la vie et, surtout, à la mort comme on dit !

 

Début des hostilités dès 17h avec Whisper Night. Certainement le groupe s'éloignant le plus de l'affiche car appartenant pleinement à la mouvance core du death. Et d'ailleurs, ayant croisé le chanteur de la formation, celle-ci appréhendait elle-même cette date tant elle n'était pas sûre d'être bien accueillie, tant le public death traditionnel et deathcore/metalcore est différent. Même si l'assistance est encore fort réduite et se montre plutôt timide à son encontre, elle ne semble pas pour autant passer un mauvais moment et profite même respectueusement de la découverte, que le style soit sa tasse de thé ou non. Ou peut-être se sent-elle un brin attendrie de ces petits loups encore tout jeunes. En tout cas, têtes de lycéens ou non, Whisper Night ne se laisse pas démonter et nous livre un show plutôt carré vis-à-vis de leur jeune existence et le fait qu'ils n'aient qu'un seul et unique EP à leur actif. Certes, votre serviteur n'est pas forcément une grande adepte de la mouvance coreuse et ne s'en ira certainement pas s'investir dans l'écoute sur galette tant la lassitude la guettera rapidement mais reconnaît toutefois que le combo nous venant de Laval passe bien le cap du live. Le son est correct, le groupe est en place avec une bonne cohésion et leur répertoire n'est pas désagréable à découvrir et à écouter en condition live. Car voir des jeunes loups livrer un truc aussi carré, que ce soit sur la prestation que sur les compos répondant bien au cahier de charge du genre, preuve que les Mayennais sont de bons élèves assidus, on ne voit pas forcément ça tous les jours. Ce qui passe plutôt bien pour « commencer » la journée du bon pied.

 

Les Rennais de Red Dawn prennent la suite. Bien plus à propos dans l'affiche, les Bretons n'y vont pas par le dos de la cuillère en nous assénant d'un bon death aussi technique que brutal. Malheureusement, le cochon au micro englobant un peu trop le reste des instruments au terme de son, on ne pourra malheureusement pas se focaliser sur la technique de mise – même si elle ne semble pas dégueulasse – et l'on devra surtout se contenter de la prestation en elle-même ainsi que sa dynamique/brutalité. Et à ce niveau, Red Dawn ne se ménage pas et n'hésite pas à haranguer la foule à de multiples reprises afin qu'elle se rapproche – après tout, vu le registre du chanteur, c'est lui le jambon et non l'inverse – et se bouge un peu les fesses. Une assistance d'ailleurs plus nombreuse par rapport à précédemment, toujours un peu timide, qui semble apprécier le spectacle. Car de brutalité, ça se pose là et nul doute que les amateurs de Decapitated, Aborted, Necrophagist ou encore Gorod y ont trouvé leur compte. Dommage malgré tout que le son n'ait pas été aux petits oignons mais la sympathie et la prestance de Red Dawn a par ailleurs été bien suffisante afin d'éveiller la curiosité d'aller jeter une oreille sur Algorithm Of Destruction, leur premier bébé sorti l'année dernière.

 

On fait encore moins dans la dentelle en restant sur les sphères brutales mais moins techniques avec les Savoyards de South Of Hell. Quoique c'est selon car voir un trio où le chant se voit reléguer au batteur, ce n'est ni courant et pas forcément évident à gérer. Que ce soit pour le batteur qui se doit de vomir ses tripes au micro tout en blastant comme un taré, ni pour la prestation en elle-même tant le fait de voir le frontman en arrière-plan comporte le risque d'amener une curieuse sensation de mollesse, voire de statisme. C'est d'ailleurs une de mes plus fortes craintes lors des premiers morceaux tant cette désagréable sensation se faisait ressentir. Peut-être était-ce vraiment le cas ou une simple illusion liée au fait de bousculer les normes. En tout cas, cela a quand même fini par s'estomper étant donné que le guitariste et bassiste ont réussi à combler les lacunes de ce type de formation en investissant la scène sur toute sa largeur. Même si je ne peux garantir avoir raison sur ce coup-là mais il est probable que le véritable chanteur/guitariste manquait malheureusement à l'appel aujourd'hui, d'où le fait que South Of Hell ait été contraint de s'adapter. L'appel de la raclette étant ce qu'elle est, on lui pardonnera car il s'avère que la prestation des Savoyards était fort sympathique et ce, même si sa musique reste plutôt classique dans le registre death plutôt vénère et sans concession à l'américaine. Tellement que le public qui ne semblait pas connaître le combo, encore plus nombreux qu'auparavant – et pas forcément très loin d'afficher son nombre maximal, à savoir presque 600 personnes – finit par enfin se réveiller et batifoler joyeusement à la moitié du set, signe qu'il ne lui a pas fallu beaucoup de temps pour appréhender le répertoire dont la violence monte crescendo et par conséquent, l'efficacité qui va avec. Là encore, une très bonne découverte.

 

On passe à un registre plus moderne avec les Parisiens d'Atlantis Chronicles qui clôt le bal des groupes inconnus au bataillon pour moi. Dernière découverte donc et certainement ma meilleure surprise ! Prenez une base de death mélodique, rajoutez lui un mini-soupçon de deathcore et un doigt de djent et vous obtenez le registre du combo autrefois appelé Abyss. Même si le combo ne joue pas avec son véritable line-up – le chanteur de Gorod jouant les intérimaires de luxe – il ne se laisse pas démonter pour autant. Technique, hyper carré, Atlantis Chronicles pourrait facilement se faire passer pour un vieux briscard des routes. Compositions efficaces, bien équilibrées dans leur formule et bien achalandées afin de proposer une setlist variée et tout sauf chiante, on jurerait que les Parisiens en ont dans la bouteille alors qu'ils n'ont que deux albums à leur besace. Dont le dernier en date, Barton's Odyssey (2016), se présente comme conceptuel, sans qu'il n'en soit prisonnier tant cela passe très bien le cap du live. Ajoutez à cela la jovialité de la part du groupe, un public qui lui rend la pareille et on arrive à un excellent set et un nouveau combo à mettre dans son viseur dans le futur !

 

Après cette découverte du cœur, les choses sérieuses commencent avec Mercyless. Vieux briscards du death français officiant depuis les années 80, il ne fait aucun doute que sa longévité joue en sa faveur en terme de maîtrise scénique. Parce que Mercyless en live, ça déboîte sévère comme il faut. Distillant un death old-school tout en puissance et en énergie, les Français en imposent plein les oreilles. Et plein les mirettes tant on sent l'expérience en terme de présence scénique. Et ça, le public s'en rend pleinement compte vu qu'il commence enfin à jouer les foufous sans même en avoir été sollicités. En même temps, pourquoi jouer les polis lorsque tout est réuni pour foutre le bordel dans le pit ? Visiblement très heureux d'être là, Mercyless donne beaucoup et sait jouer les sympathiques entre deux musiques méchantes : le bassiste n'en finit plus de serrer les poignes entre chaque morceau – dont la mienne, la légende dira que je prends ma douche avec un gant depuis – et le chanteur/guitariste ne se fait pas prier pour partir dans des discours sympathiques, pas cons sur l'état de la scène underground, avec tout plein de sincérité sans langue de bois. Bref, un concert tout bonnement excellent qui montre réellement que « c'est dans les vieux pots que l'on fait les meilleures soupes » !

 

Carcariass a beau être un chouïa plus jeune que Mercyless, le trio de Besançon a quand même de la bouteille avec ses plus de vingt ans de carrière. Présents il y a deux mois chez les voisins clissonnais, je n'avais malheureusement pas eu l'occasion de les voir. Une erreur que je rattrape aujourd'hui, d'autant plus qu'ils ne sont pas particulièrement avares de l'exercice scénique. A mille lieux du classicisme aussi old-school que brutal des compatriotes précédents, il ne fait aucun doute que le changement abrupt d'ambiance a dû en décontenancer plus d'un. Et à en inciter pas mal à se faire une petite pause à l'extérieur de la salle. Car Carcariass, c'est avant tout de la technique. Et en cela, ils en ont à en revendre les bougres. C'est donc dans une ambiance bien moins folle et énergique que se passe cette prestation : c'est plutôt avec les yeux qui brillent de voir toute cette débauche instrumentale hyper technique brillamment retransmise en direct qu'il faut aborder une prestation de Carcariass. Il ne faudra pas non plus en demander trop en terme de communication tant le trio se montre aussi peu avare en discours qu'en concerts tout au long de sa carrière. On rentrerait d'ailleurs presque dans le cliché quasi-autiste : des génies de leurs instruments dans leur domaine mais socialement hyper réservés. Un peu comme s'il s'agissait au final d'un long discours mené par les instruments eux-mêmes. Alors bien sûr, on ne cachera pas que ce parti-pris ne plaira pas à tout le monde mais il faut toutefois admettre que c'est foutrement impressionnant et donne une superbe leçon à tous les musiciens en herbe présents dans la salle. Le genre de prestation toute particulière où le maître mot reste avant tout de la démonstration dans les règles de l'art, même si l'on sent au-delà du côté réservé de ses interprètes que ces derniers semblent heureux d'être là, et non une invitation à de la boucherie de fosse.

 

Pour la boucherie, il faudra attendre la prestation suivante puisqu'on arrive au tour des Stéphanois de Benighted. Et là, niveau barbaque, ça tape très fort ! A peine le groupe commence-t-il à investir la scène que l'on comprend à tel point le choix de ce placement d'affiche se révélait particulièrement judicieux : Carcariass, c'était un peu ce moment de calme entre deux rouleaux compresseurs. Bien que Benighted écarte sans peine Mercyless en terme de sauvagerie et de folie. En même temps, ce n'est pas une nouveauté que les Stéphanois excellent sur les planches et placent leur brutal death, déjà trippant sur galette, à un niveau bien supérieur en live. Et ce n'est pas aujourd'hui qu'ils démériteront. Toujours sympathique, le groupe ne tarde pas à nous communiquer son enthousiasme sur sa présence au Muscadeath auquel il avait déjà été convié il y a dix ans et font brillamment l'éloge des organisateurs toujours aussi passionnés. Une belle attention en soi pour une formation avec tant de bouteille sur le plan scénique qui pourrait tout aussi bien tomber dans les travers de l'automatisme. Et ce n'est clairement pas le cas ici tant la brutalité et l'intensité atteignent leur paroxysme, tant en musique que dans la fosse. Car le public se donne sans compter et n'hésite pas à donner de sa personne – moi-même, j'en aurais presque perdu mon œil au détour d'un circle-pit – mais toujours dans le respect et la bonne humeur. Une prestation incroyable qui, pour moi, représente la véritable tête d'affiche du jour. A revoir très vite lors d'un show complet, histoire de respecter cet adage bien connu de « jamais deux sans trois » !

 

La fin de soirée s'approche dangereusement et le comportement du public en est la preuve : beaucoup de départs commencent à s'opérer. Signe que je n'étais sans doute pas la seule à considérer Benighted comme la véritable tête d'affiche. Et pourtant, il n'en est rien puisque le gros du morceau est sur le point de pointer le bout de son nez. Seul groupe non-français au programme mais pas des moindres puisqu'il s'agit des Suédois de Grave. Autrefois et ce, durant longtemps dans sa carrière, second couteau de la scène death, le combo scandinave voit depuis quelques années son statut devenir plus prestigieux et référentiel. Malheureusement, il faut admettre que même si de meilleure stature est sa réputation, passer après la boucherie précédente sera tout sauf facile. D'autant plus que les Suédois savent se faire désirer puisqu'ils commencent leur show avec un petit quart d'heure de retard. Première constatation : ce n'est nullement à cause de caprices de rock stars qu'ils ont dû se faire attendre mais bel et bien à cause de soucis techniques. Et cela s'entend sans peine dès les premières secondes. Si durant toute la journée, le son oscillait entre correct et très bon, les choses se gâtent pas mal ici. A se demander si les ingénieurs du son ne se sont pas dits qu'ils pouvaient pallier au change avec un registre moins corsé que Benighted en boostant le volume, au point d'en arriver pratiquement à du deaf metal (sans mauvais jeu de mots). Dommage car à côté de cela, ça ronronnait bien, le mixage était pas mal, ça ne sature pas mais bon dieu que c'est fort et que ça a tôt fait d'être véritablement abrutissant ! Ce que la fatigue d'avoir enchaîner sept autres concerts n'arrange sans doute pas. Sans surprise, le registre de Grave s'avère bien mou du genou par rapport à ses prédécesseurs. Ce qui n'est pas de leur faute bien entendu, peut-être aurait-il mieux valu inverser les deux prestations afin que celle-ci soit mieux mise en valeur. Si une certaine part du public semble y trouver son compte, on notera toutefois que ce n'est pas le cas de tous tant la fosse est bien plus calme que précédemment, ça papote dehors ou ça joue les polis dans les rangs arrières se contentant du minimum syndical d'applaudissements entre deux titres. Surtout que Grave n'arrange pas forcément son cas puisque la communication est inexistante, ce qui ne rend ce show si carré et rôdé que plus mécanique. Heureusement que le combo garde le sourire et bouge bien pour ajouter une conviction certaine à leur prestation. Malgré tout, ceci additionné à ces problèmes de volume fait que je finis par osciller par présence et fuite à l'extérieur (où l'on avait d'ailleurs l'impression d'avoir le volume basique de tous les autres groupes de la journée, pour vous donner une idée du tapage), histoire de reposer mes oreilles peut-être trop délicate. Et vraiment, tout ceci est dommage car même si le set ne brillait pas par sa spontanéité, ça ne change en rien au fait que le répertoire des Suédois est bon et passe bien le cap du live. Il se retrouve surtout victime d'une addition de conjectures gênantes et handicapantes, voilà tout.

 

Une soirée qui se finit un peu en eau de boudin. Un peu dommage car jusque là, toute la journée s'est très bien passée. La programmation était de qualité, l'ambiance très bonne, la bière également soit dit en passant. Juste ce petit point noir à coller au tableau. Mais ce qui ne change en rien le fait d'applaudir l'organisation aussi bonne que passionnée. Carnage Asso, merci à vous, et espérons que vous fassiez encore mieux l'année prochaine !

photo de Margoth
le 18/10/2017

4 COMMENTAIRES

Tookie

Tookie le 18/10/2017 à 11:33:06

C'est amusant, je repensais justement ce matin à mon concert Benighted / Carcariass (https://www.coreandco.fr/reports/gohelle-fest-warmup-metaphone-oignies-62-le-17-12-2016-272.html) je vois qu'on a passé les même soirées. Dommage pour Grave, je n'ai jamais eu la chance de les croiser...

cglaume

cglaume le 18/10/2017 à 12:35:00

Ton biscuit ça serait pas le Mouzillon par zazard ? Je me rappelle d'une photo avec le Cobra Commander sur ce rond point :D

Margoth

Margoth le 27/10/2017 à 22:35:39

C'est cela même Lapinou. Tu ne passes jamais devant quand tu vas au Hellfest ? Toukene, en même temps, tu as eu la chance de voir Leng T'che, ça vaut sans doute tous les Grave du monde ;)

cglaume

cglaume le 28/10/2017 à 00:01:40

Si si: c'est d'ailleurs à cette occase qu'on a fait la photo susmentionnée... :)

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